- Accueil
- Normandie
- Infos
- Environnement
- Dans les forêts de Normandie, "les frênes dépérissent par l'introduction accidentelle d'un champignon"
Dans les forêts de Normandie, "les frênes dépérissent par l'introduction accidentelle d'un champignon"
Dans les forêts de Normandie, les frênes sont menacés par l'apparition d'un champignon venu d'Asie. Pour la journée spéciale forêts sur France Bleu, Cristel Joseph, technicienne forestière du Centre régional de la propriété forestière de Normandie, était l'invitée de la rédaction.

Journée spéciale forêts sur France Bleu en ce mercredi 24 novembre : l'invitée de la rédaction de France Bleu Normandie était Cristel Joseph, technicienne forestière du Centre régional de la propriété forestière de Normandie.
France Bleu Normandie : Aujourd'hui dans les forêts de Normandie, les frênes dépérissent de plus en plus, pourquoi ?
Cristel Joseph : Les frênes dépérissent par l'introduction accidentelle d'un champignon originaire d'Asie. Donc ça n'a rien à voir avec les questions du changement climatique, puisque là, c'est plus lié aux échanges commerciaux. C'est en fait l'importation de plants de frênes dans l'est de la France qui a introduit ce champignon en 2008 et il a progressé assez rapidement vers l'ouest. Et donc, depuis une dizaine d'années à peu près, on a ce champignon qui est présent dans nos frênaies normandes. Les propriétaires forestiers qui ont beaucoup de frênes dans leurs forêts sont très embêtés puisque les frênes meurent peu à peu, lentement mais sûrement. On est donc confronté maintenant à la question de quoi replanter après ces frênes. On essaie d'intégrer les risques liés au changement climatique pour donner les meilleurs conseils aux propriétaires sur les choix d'essences à replanter derrière ces frênes.
FBN : Il y a un autre constat que vous faites dans le rapport 2020 de l'état de santé de la forêt en Normandie, publié par le Centre régional de la propriété forestière, c'est le problème des chenilles processionnaires ?
CJ : Tout à fait. La chenille processionnaire est naturelle, mais depuis 2017, elle pullule de plus en plus , de manière assez locale dans l'Orne et le Calvados, sur les secteurs de Mézidon-Canon, Saint-Pierre-sur-Dives, et dans l'Orne près d'Argentan. Pour les chênes, le problème, c'est que la chenille dévore les feuilles au tout début du printemps. Les chênes ont donc besoin de re-fabriquer des feuilles, et donc ils puisent dans leurs réserves. Si ça se reproduit plusieurs années de suite, ça peut commencer à être embêtant pour la santé des chênes. En fait, le dépérissement est toujours causé par plusieurs facteurs qui s'additionnent : c'est vraiment l'effet de cumul avec cette chenille processionnaire et éventuellement un temps très sec d'une année sur l'autre. Enfin, la chenille est également embêtante pour les humains et les animaux, notamment les chiens qui peuvent s'amuser à les manger : les chenilles qui circulent parfois au sol sont très urticantes.
FBN : Vous prenez donc régulièrement le pouls de la forêt en Normandie : dans quel état est-elle aujourd'hui, globalement ?
CJ : Globalement, l'état de santé global de la forêt est plutôt bon, surtout quand on le compare aux autres régions de France. On a quand même la chance en Normandie, d'avoir des épisodes de sécheresse qui sont beaucoup moins marqués qu'ailleurs. Mais les hêtres sont tout de même touchés chez nous, ça se caractérise par des feuillages qui sont beaucoup plus clairs. Normalement, la forêt est très, très dense mais là, on a des dégâts et on voit le ciel au travers des arbres. Mais pour l'instant, on n'est pas trop inquiet.
FBN : Vous faites des remontées au ministère avec des observateurs-correspondants : comment cela fonctionne ?
CJ : Les correspondants-observateurs, ce sont des techniciens forestiers ou ingénieurs, qui sont répartis dans différents organismes de la forêt et qui donc observent la santé des forêts avec différents protocoles qui sont suivis. Nous faisons remonter toutes nos observations au ministère auprès du Service départemental des forêts, ce qui nous permet ensuite d'avoir une vision à l'échelle du territoire français des différents pathogènes ravageurs. Et nous assurons également une surveillance au niveau de certains ravageurs émergeants qui pourraient nous menacer, car ils sont présents dans des pays voisins européens et donc nous surveillons pour qu'ils ne rentrent pas sur notre territoire.
Normandie : l'info en continu
Normandie : les plus consultés
Viol à Cherbourg : la victime est sortie du coma, son père prend publiquement la parole pour la première fois
France Bleu CotentinLes terrains de golf de Vire et Biéville-Beuville vandalisés en pleine nuit à coups de bêches
France Bleu Normandie (Calvados - Orne)La famille de Gabin Villière a du mal à réaliser qu'il va participer à la Coupe du Monde de Rugby en France
France Bleu Normandie (Calvados - Orne)