Dordogne : le projet d'installation d'une centrale à bitume à Thenon continue de faire polémique
La préfecture a donné son feu vert, début juin, au projet d'installation d'une centrale à bitume à Thenon, mené par l'entreprise Lagarde et Laronze. Deux associations, Périgord noir mais pas noir bitume, et l'ACAPEC, ont décidé d'aller en justice contre le projet.
La polémique ne faiblit pas autour de l'installation d'une centrale à bitume à Thenon. L'entreprise Lagarde et Laronze, jusque-là installée à Terrasson, a annoncé en début d'année qu'elle souhaitait déménager sa nouvelle centrale d'enrobage à chaud sur la zone d'activité du Rousset, à Thenon. Un projet que la préfecture de Dordogne a autorisé début juin, mais que de nombreux habitants de Thenon contestent.
La maison de famille d'Annie est installée depuis cinq générations à quelques centaines de mètres seulement du site où pourrait être construite la centrale à bitume. "On a très peur de la pollution, de la fumée, des odeurs...", souffle Annie. "Si le projet a bien lieu, la valeur immobilière de notre maison sera réduite à zéro, et on devra subir le bruit du va-et-vient des camions toute la journée. On aura tout perdu."
Les associations dénoncent des risques environnementaux
Pour soutenir les habitants, deux associations luttent depuis plusieurs mois contre le projet : Périgord noir mais pas noir bitume, et l'ACAPEC (Association contre la carrière d'Ajat et pour la protection de l'environnement du Causse). Cette dernière pointe du doigt plusieurs risques environnementaux considérables si la centrale à bitume venait à être construite. "Le premier risque, c'est celui de la pollution de l'eau", explique Claudine Pialat, trésorière de l'association et habitante de Thenon. "Le forage d'eau potable de Thenon est juste à côté, il est à 750 mètres seulement. Et on est sur des sols où l'eau s'infiltre très vite, et où la pollution peut être très rapide". Le deuxième risque, selon Claudine Pialat, ce sont les émanations qui pourraient provenir de la centrale, et polluer les habitations et les cultures voisines.
Si le projet voit le jour, l'arrêté préfectoral indique que l'entreprise s'engage à mettre en place des mesures, comme la surveillance des rejets dans l'air et dans l'eau, et des contrôles devraient être mis en place régulièrement. Des mesures qui ont su rassurer Jean-Luc Blanchard, le maire de Thenon, qui n'était pourtant pas favorable au projet avant d'être élu en mars dernier. "On s'assurera que les contrôles soient bien effectués, et qu'il n'y ait aucun souci avec cette installation", affirme le maire de Thenon. Si la centrale s'installe bien à Thenon, un comité de suivi devrait également se réunir une fois par an. Il rassemblerait l'entreprise, les collectivités territoriales, mais aussi les associations.
L'association d'habitants Périgord noir mais pas noir bitume a déposé deux recours au tribunal administratif, dont un qui vise le permis de construire. La procédure judiciaire est menée par l'avocat bordelais Jean-Philippe Maginot, qui est également intervenu dans le dossier Beynac.