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Hausse de la consommation, nucléaire, énergies renouvelables : quelle électricité pour la France de 2050 ?

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Le gestionnaire du réseau électrique RTE publie ce lundi une étude qui présente "six scénarios de systèmes électriques" et mix énergétiques "garantissant la sécurité d'approvisionnement" et permettant à la France de "disposer d'une électricité bas-carbone en 2050", comme elle s'y est engagée.

Pylônes de ligne à haute tension du réseau électrique RTE (Réseau de transport d'électricité), ici près de la centrale électrique à charbon EDF de Cordemais (illustration). Pylônes de ligne à haute tension du réseau électrique RTE (Réseau de transport d'électricité), ici près de la centrale électrique à charbon EDF de Cordemais (illustration).
Pylônes de ligne à haute tension du réseau électrique RTE (Réseau de transport d'électricité), ici près de la centrale électrique à charbon EDF de Cordemais (illustration). © Maxppp - Franck Dubray

C’est l'un des principaux enjeux contemporains : l’énergie. Comment la produire ? Comment limiter la hausse des tarifs ?... Le gestionnaire du réseau électrique (RTE) a publié ce lundi ses principales conclusions sur l'avenir du réseau français à l'horizon 2050. Dans cette étude, lancée en 2019 sur demande du gouvernement, RTE propose six scénarios d'évolution de la production et de la consommation. Le gestionnaire estime qu'"une électricité bas-carbone" d'ici 30 ans "peut être atteinte à un coût maîtrisable pour la France", à condition de s'appuyer sur le nucléaire, qui reste une voie moins chère. Il serait "pertinent" économiquement de construire de nouveaux réacteurs plaide le rapport, tout en insistant sur la nécessité de développer les énergies renouvelables.

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Une consommation en hausse, trois scenarii

L'objectif de neutralité carbone en 2050 que la France s'est engagée à respecter va se traduire par une électrification massive des usages - transport, chauffage ou industrie - au détriment du pétrole et du gaz naturel. La France consommera donc plus d'électricité dans 30 ans qu'aujourd'hui, y compris dans le scénario le plus "sobre".

Selon le gestionnaire du réseau, la consommation d'électricité devrait ainsi augmenter de 35%, pour atteindre 645 térawattheures (TWh) à l'horizon 2050. Ce scénario suppose une électrification "progressive" des usages et une ambition forte sur l'efficacité énergétique.

Toutefois RTE a également imaginé une trajectoire axée sur la "sobriété", impliquant davantage de télétravail, une moindre consommation de biens et moins de déplacements individuels. C'est le scénario privilégié par exemple par le candidat écologiste à la présidentielle Yannick Jadot. Dans ce contexte, la consommation d'électricité n'atteindrait "que" 554 TWh.

À l'inverse, une forte réindustrialisation de la France et un développement accéléré de la production d'hydrogène pourraient se traduire par une consommation électrique encore plus importante : 754 TWh selon RTE.

Parcs photovoltaïques et éoliens

Sur les six scénarios qui imaginent le futur de la production électrique, trois écartent l'hypothèse de nouveaux réacteurs nucléaires

Le premier scénario - 100% d'énergies renouvelables en 2050 - suppose une sortie totale du nucléaire avec un rythme de développement du photovoltaïque, de l'éolien et des énergies marines "poussés à leur maximum". Dans un rapport publié fin janvier avec l'Agence internationale de l'énergie (AIE), RTE avait déjà conclu à sa faisabilité technique, à condition de remplir une série de conditions techniques strictes et cumulatives. La ministre de la Transition écologique Barbara Pompili, opposante au nucléaire de longue date, avait alors salué un "moment copernicien". RTE souligne cependant que ces scénarios à très hautes parts de renouvelables "impliquent des paris technologiques lourds pour être au rendez-vous de la neutralité carbone en 2050".

Deux autres scénarios sans nouveaux EPR conservent une part de nucléaire provenant des réacteurs existants. L'un s'appuie sur le développement de grands parcs notamment éoliens, l'autre sur une répartition "diffuse" avec beaucoup de solaire, notamment sur les toitures. Ce dernier est le scénario le plus coûteux pour la France.

Quoi qu'il en soit, atteindre la neutralité carbone sera "impossible sans un développement significatif des énergies renouvelables", notamment, à moyen terme, d'ici 2030, des "énergies matures" et "compétitives", tels que les "grands parcs solaires et éoliens à terre et en mer", juge RTE. D'autres investissements, "lourds", seront nécessaires, tels que des centrales à hydrogène.

Trois scenarios avec de nouveaux EPR

Trois autres scénarios de production imaginent le lancement de nouveaux réacteurs de nouvelle génération (EPR2), associés dans tous les cas à une progression des renouvelables. Le parc nucléaire français, construit dans les années 1970 à 90 et vieillissant, sera en effet obsolète à l'horizon 2060.

Deux d'entre eux imaginent une part minoritaire mais significative du nucléaire dans le bouquet français en 2050, avec respectivement 8 EPR ou 14 nouveaux EPR lancés. "Un scénario conservant une capacité de production nucléaire importante associé à un développement conséquent des renouvelables est de nature à limiter le risque de non-atteinte des objectifs climatiques", d'après RTE. Autre avantage de la construction de nouveaux réacteurs : c'est un choix "pertinent" du point de vue économique. Même si les coûts des énergies renouvelables ont fortement baissé, le solaire ou l'éolien nécessitent toujours des investissements plus importants pour les réseaux électriques (car ils sont plus éparpillés) et pour la flexibilité (car ils ne produisent pas en permanence).

Se passer de nouveaux réacteurs nucléaires "impliquerait" en outre "des rythmes de développement des énergies renouvelables plus rapides que ceux des pays européens les plus dynamiques", estime RTE. Le scénario de la sortie complète du nucléaire en 2050 est donc difficilement envisageable, à moins d'investissements très coûteux.

Un dernier scénario imagine enfin 14 EPR, plus des petits réacteurs et la prolongation d'une partie du parc existant au-delà de 60 ans. Dans ce contexte, le nucléaire représenterait la moitié de la production électrique en 2050, soit le maximum autorisé par la loi énergie-climat adoptée en novembre 2019. RTE souligne le défi technique que poserait ce dernier choix, soulignant qu'il implique, en parallèle, un essor important des renouvelables avec une capacité solaire multipliée par 7 et l'éolien terrestre multiplié par 2,5.

Investissements dans "l'efficacité énergétique"

Le gestionnaire du réseau électrique a chiffré ces différents scénarios. L'écart est de l'ordre de 10 milliards d'euros par an entre ceux qui impliquent de nouveaux réacteurs nucléaires (14 EPR) et ceux qui écartent cette option. Le fossé se creuse même à quelque 20 milliards par an si l'on compare cette option nucléaire à une autre faisant le pari d'un développement "diffus" des renouvelables, avec notamment un fort recours au solaire installé sur les toitures.

Changer de mix énergétique ne suffira pas à atteindre les objectifs climatiques, alerte encore RTE, qui insiste sur les investissements nécessaires dans "l'efficacité énergétique".

Enfin, selon RTE, "le système électrique de la neutralité carbone peut être atteint à un coût maîtrisable". Il se traduirait en effet par une augmentation des coûts de l'électricité (de l'ordre de 15%) mais avec en contrepartie la fin des dépenses en énergies fossiles pour faire le plein de la voiture ou remplir la cuve à fioul.

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