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Forêts et filière bois en Isère : les tensions mondiales sur le bois profitent aux producteurs locaux
En Isère, la filière bois c'est 2700 entreprises dont la moitié travaille dans la construction. Une filière qui profite des tensions sur les matières premières explique Guénaëlle Scolan, directrice de Fibois 38, l'interprofession forêt-bois en Isère, invitée de notre journée spéciale Forêts.

Invitée de France Bleu Isère pour notre journée spéciale "France Bleu se mobilise pour nos forêts", Guénaëlle Scolan, directrice de Fibois 38, l'interprofession forêt-bois de l'Isère.
Tout d'abord, un état des lieux. Est-ce que la forêt progresse ou régresse en Isère?
Elle progresse ! Contrairement aux idées reçues, en France depuis deux siècles, la forêt ne cesse de progresser. Et donc on a une surface qui augmente, mais aussi un "capital sur pied" qui augmente en volume de bois.
On rappelle le rôle essentiel de la forêt dans la lutte contre le réchauffement. Elle absorbe les émanations de carbone.
Oui, tout à fait. C'est la photosynthèse. Donc les arbres, effectivement, utilisent le CO2 pour fabriquer de l'oxygène.
Côté économique, à quoi sert le bois de nos forêts iséroises? À la construction?
Alors, à peu près 50 pour cent sert à ce qu'on appelle le bois d'œuvre, la construction, essentiellement. La charpente, par exemple. Une quarantaine de % en bois énergie. Et puis le reste. Un usage en bois d'industries diverses et variées.
On a construit beaucoup de maisons individuelles en bois. On construit maintenant des immeubles en bois. On va d'ailleurs livrer un immeuble à ossature bois de neuf étages dans la ZAC Flaubert, à Grenoble. C'est du bois isérois qui est utilisé ?
C'est un projet qui est porté par ACTIS, le bailleur social métropolitain et qui verra le jour effectivement en 2022. Il est en cours encore de chantier. Alors, c'est pour partie du bois local, surtout pour le volet ossature. Mais il a fallu utiliser également une technique un peu particulière, donc l'usage de grands panneaux contrecollés, qui s'appelle le CLT pour des raisons sismiques. Puisqu'on est sur un projet un peu hors norme, avec une certaine hauteur, neuf étages. Donc, il a fallu utiliser également ces panneaux qui, aujourd'hui, ne se font pas encore localement ou régionalement.
Vous parlez des risques sismiques. Est ce qu'il reste aussi des craintes sur la résistance au feu du bois, surtout quand il s'agit d'un immeuble?
Effectivement, il y a des craintes. C'est logique. Le bois, c'est aussi un combustible. On a fait une journée justement, il y a peu de temps, avec les pompiers de l'Isère sur le sujet. Mais effectivement, le bois a un comportement qui est plutôt intéressant au feu, c'est à dire qu'il va se consumer très lentement. On n'a pas ce phénomène qu'on voit sur l'acier avec des bâtiments qui peuvent s'effondrer, arrivé à une certaine température.
On parle beaucoup des tensions sur le marché des matières premières actuellement. C'est aussi le cas du bois. Est-ce qu'on a, en Isère, des difficultés à trouver du bois pour les chantiers ?
La situation actuelle est assez particulière. On a beau avoir une ressource locale et une filière bien implantées localement, on est quand même malgré tout soumis aux aléas mondiaux. Et on l'a constaté sur l'ensemble des matériaux, composants, etc.. Donc, on a eu des conséquences effectivement, localement aussi, avec des hausses de prix et puis une certaine difficulté à s'approvisionner. Il n'y a pas de pénurie en forêt, pas d'inquiétude. La forêt est là, mais il y a des retards. Mais globalement, on s'en sort mieux que dans d'autres régions qui sont moins producteurs de bois. Localement, nos scieries travaillent à fond et essayent de faire face à la demande autant que faire se peut.
Et ça peut favoriser les filières courtes parce qu'on a plus plus recours au bois local ?
Effectivement, sans rentrer trop dans les détails. Mais ça vient surtout des Etats-Unis, qui ont un petit peu explosé après le Covid-19 en terme de consommation. Et ils sont fâchés avec les Canadiens. Et les Scandinaves et les Allemands qui sont des grands producteurs en Europe sont allés exporter aux Etats-Unis. Et finalement, ça profite à nos producteurs locaux qui sont de plus petite taille, et qui du coup, peuvent reprendre une place importante sur nos propres marchés locaux. Donc, c'est plutôt heureux pour nous et pour la filière locale.
Une dernière question, si vous voulez bien répondre rapidement parce qu'on arrive au bout. Il y a surtout des sapins et des épicéas dans nos forêts iséroises. Est-ce qu'on va voir apparaître de nouvelles essences avec le réchauffement ?
Oui, bien sûr, on est obligé de tester aujourd'hui de nouvelles essences. Alors ce ne sera pas de la monoculture, bien évidemment. Aujourd'hui, on a une stratégie d'essences de forêts diversifiées pour faire face au changement climatique, mais avec des essences plus du Sud.
Mais pas d'essence exotique ?
Pas d'essence exotique ! On essaye de faire remonter les essences du Sud de la France et de l'Europe.
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