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Chasse à l'herbe de la pampa dans les Landes

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Après la jussie, l'herbe de la pampa... Le conservatoire d'espaces naturels de Nouvelle-Aquitaine alerte sur la présence de cette plante exotique, reconnaissable à ses plumeaux. Elle est en train de coloniser une partie des Landes et du Pays Basque. Il faut agir dès maintenant.

Photo d'illustration Photo d'illustration
Photo d'illustration © Maxppp - Sigrid Olsson

La chasse à l'herbe de la pampa est déclarée dans les Landes ! L'herbe de la pampa, originaire d'Amérique du Sud, notamment d'Argentine et du Chili, a été introduite en France à la fin du 19e siècle. Après une phase d'adaptation, elle est devenue une plante d'ornement dans les jardins dans les années 50, très à la mode il y a une trentaine d'années. 

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L'herbe de la pampa peut atteindre trois mètres de haut et autant de large, elle est reconnaissable chaque été par ces grandes tiges avec un plumeau de couleur crème. Une plante esthétique pour certains, mais qui pose plusieurs problèmes là où elle s'installe. 

L'herbe de la pampa a une colonisation ultra rapide, "chaque pied disperse des milliers de graines avec le vent", explique Florent Beck, chargé de mission à l'antenne Landes et Pays Basque du Conservatoire d'espaces naturels de Nouvelle-Aquitaine. Les terrains en friches, le long des infrastructures de transport : autoroutes, chemin de fer, et les milieux humides sont ses zones de prédilection. La Chalosse et la côte sud des Landes en sont déjà victimes. 

Conséquences sur la biodiversité

Cette plante exotique, dont les pieds adultes sont très grands, colonise de plus en plus rapidement de nouveaux milieux en créant des peuplements où elle est toute seule, créant des fourrés d'herbe de la pampa. 

Le problème, "c'est qu'on n'a plus aucune espèce végétale et comme les espèces végétales sont à la base de toute chaîne alimentaire, ça veut dire que toutes les espèces d'insectes, d'amphibiens ou de rongeurs, qui sont les premiers consommateurs herbivores ne peuvent plus consommer les herbes indigènes auxquelles ils étaient habitués. L'herbe de la pampa est particulièrement indigeste, elle est pleine de silice et elle est coupante. Elle n'a pas vraiment d'ennemi naturel. Donc, elle exclut toutes les autres espèces végétales et fait disparaître toutes les espèces animales et le reste de la chaîne alimentaire", poursuit Florent Beck. 

Conséquences sur les terrains en friche 

L'herbe de la pampa aime proliférer également dans les terrains en friche, où la terre a été retournée comme les zones d'activités. Mais, une fois en place difficile de s'en débarrasser, "elle ne se gère pas comme une simple pelouse !" Si une entreprise ou une collectivité a besoin d'un terrain colonisé par l'herbe de la pampa, il lui faudra parfois employer les grands moyens, des outils mécaniques, synonymes de coûts de gestion et de nettoyage importants. 

Au Pays Basque et dans les Landes, c'est un tiers des sites gérés par le conservatoire qui sont concernés par ce problème. Le CEN a par exemple accompagné la société d'autoroutes VINCI-ASF sur des mesures de gestion de l'espèce le long de l'A63.

L'herbe de la pampa, c'est la prochaine jussie 

Pour éviter le même scénario que la jussie, qui a aujourd'hui envahi les Barthes de l'Adour et rendu certains agricoles impraticables, il faut agir avant qu'il ne soit trop tard. Le stade est critique, la colonisation en cours, mais avec des zones de peuplement très dense et d'autres où l'herbe est encore relativement isolée. La difficulté de cette plante c'est la prolifération : "Au début ce n'est pas problématique, petit à petit elle s'installe dans le paysage et puis d'un coup on est submergé. Là on est sur une espèce qui a un très gros potentiel de devenir très très très problématique, on n'a pas parlé des conséquences allergènes pour tous ceux qui sont allergiques aux graminés."

La stratégie d'éradication 

Le programme de collaboration européenne "Life Stop Cortaderia" (nom latin de l'herbe de la pampa) a été initié en Espagne et au Portugal, où l'invasion est beaucoup plus avancée. L'objectif est de mettre en place une stratégie de lutte à grande échelle sur tout l'arc atlantique.

L'arrachage est aujourd'hui la seule méthode d'éradication. L'arrachage manuel, quand le plant est encore jeune, mais en général les pieds sont déjà devenus très imposants, et il faut intervenir avec des engins mécaniques, comme un treuil en chaînant la plante au pied pour la tirer. Autre solution : déterrer la plante avec une pelle mécanique. 

Pour les particuliers, qui ne souhaitent pas se débarrasser de leur plante, le CEN conseille à minima de couper "les inflorescences", quand elles sortent, avant qu'elles ne répandent leurs graines. Ce qui permet au moins d'éviter sa dispersion. 

"Actuellement en France, il n'y a pas de politique publique qui cible cette espèce, donc les mesures de lutte reposent sur le volontariat. Mais, il faut bien comprendre que nous sommes dans une phase où l'on peut encore faire quelque chose. Il faut encourager chacun à prendre ses responsabilités et à voir à long terme. Si on n'essaie pas d'éradiquer les plantes maintenant, on sera complètement dépassé plus tard. Un peu comme ce qu'il se passe déjà avec la jussie", prévient Florent Beck. 

Le CEN invite également chacun à faire remonter la présence de pieds isolés d'herbe de la pampa complète encore Florent Beck : "Auprès de votre mairie, pour les sensibiliser à la situation, et à faire remonter soit aux associations de protection de la nature comme le conservatoire d'espaces naturels, Landes Nature, les CPIE, etc... soit auprès du Conservatoire botanique national ou du réseau Tela Botanica, pour prendre des mesures rapidement." 

Important d'agir partout

Dans les Landes, la côte sud est la Chalosse sont les deux secteurs les plus envahis par l'herbe de la pampa. "Mais, c'est important d'agir partout et surtout là où l'espèce est encore peu présente, _des endroits où il est encore facile d'intervenir__, où il y a moins d'efforts à fournir s'il y a un, deux ou trois pieds isolés, plutôt qu'un champs entier. Ça évitera aussi que les zones autour, qui ne sont pas impactées, le soient à court terme"_, selon Florent Beck.

Eviter d'acheter l'herbe de la pampa

Le Conservatoire d'espaces naturels de Nouvelle Aquitaine déconseille aux particuliers aujourd'hui d'acheter un pied d'herbe de la pampa, et encourage les professionnels à retirer la plante de leurs rayons de vente. "Le monde végétal est immensément riche, il y a beaucoup d'autres espèces exotiques commercialisées et qui ne posent aucun problème".

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