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Les scieurs de chênes normands manquent de bois : "Trop de grumes partent en Asie, l'État doit réagir !"
Alors même que la France est un gros producteur de chênes, les scieurs de Normandie et de tout le pays sont en manque de grumes à travailler. La Chine achète massivement et à des prix élevés, des arbres non transformés. Les scieries s'inquiètent et réclament une réaction de l'État français.

A Champsecret (Orne), la scierie "Corbière et Fils" est située en lisière de la Forêt des Andaines. Pourtant paradoxalement, pour Vincent Corbière, gérant de la scierie, il est devenu très difficile d'acheter des chênes, lors des ventes de lots d'arbres sur pied.
En Normandie comme ailleurs en France, des intermédiaires, font une razzia sur les arbres français en vue d'une exportation, vers l'Asie et la Chine en particulier. La fuite du chêne français en Chine , date de plusieurs mois et s'explique par le contexte international : la Chine souhaite préserver ses forêts, la Russie a décidé de ne plus exporter, et la tension est extrême sur les bois de Scandinavie.
La conséquence pour la scierie Corbière et les autres scieurs de France, ce sont des stocks de bois qui fondent, des prix qui s'envolent et à terme des craintes sur la disparition d'entreprises de scieurs en France.
France Bleu Normandie : Votre inquiétude en ce moment, c'est l'approvisionnement en chênes, comment vous la quantifiez ?
Vincent Corbière : C'est à peu près un chêne sur trois qui part en Asie non transformé. Donc juste abattu et chargé en conteneurs. Nous, on voit surtout nos stocks de matières premières qui diminuent, là où nous étions à six mois de stock il y a quelques mois, on est arrivé à trois mois de stock en moyenne sur les scieries françaises.
Est-ce que cela signifie que vous ne pouvez plus vous projeter, et être certain de répondre favorablement à des commandes de clients, qui souhaitent du bois de parquet ou de construction ? C'est le problème ?
Oui, c'est cela : c'est comment assurer les commandes de nos clients. Nos clients sont là. On a une belle activité, une bonne activité. Nos clients sont demandeurs. Le souci, c'est de trouver de la matière première à un prix raisonnable et en correspondance avec ce qu'on peut en faire.
Et dans les achats que vous faites, vous constatez toujours la même chose : peu importe le prix, les grumes partent direction l'Asie ?
On a l'impression que le prix n'est même plus un élément pour acheter. Les prix paraissent quasiment sans limite maintenant sur le chêne. La matière première pour nous les scieurs a augmenté de 50 à 70 % depuis le début de l'année. C'est difficile de répercuter en conséquence cette augmentation des prix tout de suite. Augmenter trop fortement nos prix de vente, cela peut mettre à mal nos marchés qui sont des marchés de niche, qui sont des marchés un peu différents. Et donc, on ne peut pas faire n'importe quoi.
Alors qu'on parle de relocalisation, en ne ne faisant rien, l'État favorise les délocalisations ! — Vincent Corbière, scieur dans l'Orne
Pour vous l'une des solutions à ce problème, c'est une réponse politique. Vous demandez à ce que le gouvernement empêche les exportations de bois non transformés ?
Oui, là, on attend vraiment que l'État nous soutienne, montre qu'il cherche à faire en sorte que les bois soient transformés en France au moins la première transformation. Sans quoi les scieries vont disparaître. On voit déjà que depuis des années, le nombre de scieries diminue. Si ce maillon là disparaît, ça va être important, pour l'emploi direct, indirect et même pour nos clients. Les 50 scieries de Normandie , ce sont 700 emplois directs.
Surtout que l'État soutient financièrement la forêt...
Si la forêt française va bien, c'est aussi parce que l'État la soutient avec des aides pour les propriétaires forestiers, avec l'ONF qui soutient la transformation française avec un système de labellisation. Cette labellisation pourrait être étendue aux propriétaires privés par exemple. Pourquoi ne pas conditionner des aides au soutien de la première transformation du bois dans les scieries françaises. On entend dire qu'on relocalise. Là, on a un peu l'impression que l'état ne fait rien pour empêcher les délocalisations. Si on ne soutient pas notre activité, elle va disparaître et à terme, on n'aura plus de scierie en France.
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