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Présence de l'ours dans les Pyrénées : une sur-représentation en Ariège
Bien que les lâchers aient été opérés depuis 25 ans entre Béarn et Pyrénées catalanes espagnoles, une très large partie de la soixantaine d'ours adultes recensés vit dans une zone restreinte, entre le sud Haute-Garonne, le Couserans en Ariège surtout, et le Val d'Aran/Pallars en Espagne.

Ils sont 60 sur 6.000 kilomètres carrés. Soit une densité d'un individu pour 100 kilomètres carrés. C'est dix fois moins qu'en Slovénie, trois fois moins que dans les Cantabriques espagnoles (autour de Santander dans le nord), l'autre zone à ours de l'Europe. Et c'est déjà trop pour les anti-ours ariégeois, luchonnais et catalans.
Sur 64 adultes décomptés en 2020 dans les Pyrénées françaises et espagnoles, 60 vivent dans ces Pyrénées centrales, avec un attrait très prononcé pour le Couserans, en Ariège. Deux poches d'habitat dense sont identifiables : le centre du Couserans (Couflens, Seix où a eu lieu l'accident du 20 novembre dernier ) et l'ouest de l'Ariège proche de la Haute-Garonne (Melles, Vallée du Biros). Explications.
La vallée des montreurs d'ours
Il y a d'abord l'Histoire. En Ariège, avant que les ours ne soient exterminés au XXe siècle, les plantigrades étaient nombreux en Couserans. Tant et si bien qu'on avait surnommé la vallée d'Ercé, près de Seix, la "vallée des montreurs d'ours". Au XIXe siècle en particulier, à Ustou, Seix, Aulus, les hommes en avaient fait leur métier, se servant dans les portées pyrénéennes, et allant jusqu'aux États-Unis montrer leurs oursons du Couserans. Depuis, la population a été décimée et aucune réintroduction n'a été opérée directement en Ariège, territoire historiquement farouche opposant.
En revanche, les animaux lâchés autour de Melles (Haute-Garonne) et dans les Hautes-Pyrénées se sont progressivement rapatriés vers l'Ariège. "En Haute-Garonne, vous avez finalement assez peu de montagne. Et puis il y a une question d'habitat, de quiétude", résume Jérôme Ouillon, animateur au FIEP, le Fond d'intervention éco-pastoral, une association pro-ours.
"En Ariège, ils sont tranquilles, ils ont de l'espace, et de la nourriture." - Jérôme Ouillon, animateur au FIEP
Dans le camp adverse, Sophie Alzieu acquiesce. Elle est éleveuse de brebis et de chevaux, et secrétaire adjointe de la FDSEA 09. "On parle souvent de l'ours comme un animal de montagne, en fait, c'est un animal de forêt. Le Couserans est très boisé, il y a plus d'abri qu'en Haute-Ariège par exemple, c'est l'écosystème idéal", résume t-elle.
Des femelles ariégeoises casanières
Une autre explication, plus scientifique, étaye l'idée que certains individus ne sont pas allés vivre bien loin après leur réintroduction. Le Couserans est une zone de présence des femelles qui sont moins mobiles que les mâles, et possèdent des domaines vitaux relativement réduits (de l’ordre de 100 à 200 kilomètres carrés). "Les femelles sont philopatriques, elles s’installent sur un territoire proche de leur lieu de naissance. C’est donc la localisation des zones où se sont installées les premières femelles lâchées dans les années 90 et 2000, doublée d’un comportement relativement peu mobile des femelles d’ours, qui explique cette concentration de la population dans les Pyrénées centrales", détaille Julien Steinmetz, chef de l’unité grands prédateurs à l'Office français de la Biodiversité.
De fait, la question de la présence des femelles est aussi primordiale. En Béarn, si la population s'est peu à peu éteinte, c'est faute d'ourse vivante et féconde. "Il n'y a pas eu de femelle pendant 14 ans dans les Pyrénées occidentales", rappelle Jérôme Ouillon du FIEP. Depuis l'arrivée de Sorita et Claverina, en 2018, les derniers ours introduits, la donne a changé et la population augmente à nouveau en Béarn. La question de la localisation des lâchers est elle aussi centrale.
L'histoire des réintroductions, 11 lâchers en 22 ans
Entre 1996 et 2018, 11 ours slovènes ont été réintroduits dans les Pyrénées, alors qu'il ne restait qu'une poignée d'individus de souche pyrénéenne, une majorité de mâles installés en Béarn.
La plupart des ours ont été libérés en Haute-Garonne de 1996 à 2006 : trois à Melles aux confins du Val d'Aran et du Couserans ouest, trois à Arbas un peu plus au nord à la limite avec les portes du Couserans et un plus à l'ouest à Burgalays tout près de Cier-Gaud.
Il y a eu aussi un lâcher dans les Hautes-Pyrénées près de Bagnères-de-Bigorre, un dans les Pyrénées catalanes espagnoles, et les deux derniers en Béarn .
Sur ces 11 ours slovènes réintroduits, il n'en reste que trois vivants, les derniers arrivés Goiat, Sorita et Claverina. Tous les autres sont des animaux nés dans les Pyrénées. Il y a une dizaine de naissances chaque année, la moitié des oursons ne survit pas en général. En 2020, il y a eu neuf portées, un record. La grande majorité des petits ont été observés entre Melles (Haute-Garonne) et Auzat (Ariège).
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