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Sécheresse en Isère : "On a des plantes qui périssent, notamment des blés", alerte la Chambre d'agriculture

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La sécheresse s'aggrave en Isère, comme dans le reste du pays. Le gouvernement déploie dès ce lundi 30 mai des aides aux agriculteurs à hauteur de 400 millions d'euros.

Sécheresse - image d'illustration Sécheresse - image d'illustration
Sécheresse - image d'illustration © Radio France

En Isère, la sécheresse frappe déjà le département, placé en vigilance sécheresse depuis le 19 mai dernier, et des restrictions sont en place, notamment pour les agriculteurs. "On arrive un peu au bout de ce que l'on peut faire en termes d'économie d'eau", explique ce lundi 30 mai sur France Bleu Isère Jean-Claude Darlet, le président de la Chambre d'agriculture de l'Isère.

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France Bleu Isère : D'abord, quel est l'état des lieux ce matin ? Certains agriculteurs en Isère sont-ils déjà contraints par la sécheresse ?

Jean-Claude Darlet : C'est vrai que cette sécheresse précoce commence à avoir des impacts sur nos exploitations, notamment sur les cultures d'hiver (blés, orge, triticale, colza). Ceux qui ne peuvent pas apporter d'eau sur ces cultures-là verront sûrement des productions vraiment très impactées. Aujourd'hui, on a même déjà des plantes qui périssent, notamment des blés qui meurent.  

Vous êtes inquiets pour cet été, j'imagine ?

On ne peut pas tout de suite crier catastrophe. Mais si jamais on n'a pas d'eau sur le mois de juin, réellement, l'année s'annonce plus que critique. Parce qu'aujourd'hui, les cultures de printemps ont été mises en place difficilement. C'est compliqué pour les maïs, soja, tournesol, etc... si on n'a pas d'eau rapidement, je ne sais pas où l'on va...

Comment vous essayez d'anticiper ? Qu'est-ce que vous conseillez au quotidien aux agriculteurs ?

Aujourd'hui, il ne faut pas trop s'alarmer non plus. On a la chance d'être dans un département où il y a des ressources en eau. Ce qui est important, c'est que l'on puisse laisser des prélèvements aux agriculteurs afin qu'ils puissent au moins mettre en place et conduire leur culture. Mais en même temps, on apporte des conseils pour limiter la quantité d'eau, nous menons tout un travail technique là-dessus et de conseil, afin d'éviter de gaspiller l'eau. C'est ce que tous les acteurs font depuis déjà de nombreuses années. Mais il est vrai que produire une denrée alimentaire vivante, que ce soit du végétal, voire nourrir des animaux, c'est impossible sans eau...

Le gouvernement annonce 400 millions d'euros d'aides aux agriculteurs. Ils peuvent les demander dès aujourd'hui. Êtes-vous satisfait de ces aides ?

On ne peut pas être contre des aides qui arrivent du gouvernement. Mais moi, je suis comme Saint-Thomas, tant que je ne vois pas arriver les aides dans les comptes de nos agriculteurs, je reste toujours méfiant. Sachant qu'il y a certaines aides qui ont été allouées dans le cadre du plan de résilience qui sont encore en attente. Le problème aujourd'hui, c'est qu'on a des coûts de production qui augmentent de façon énorme et notamment le coût de l'énergie.

Du fait de la guerre en Ukraine ?

Voilà. Il y a aussi le problème des matières premières, notamment toutes les protéines d'alimentation des troupeaux, qui là aussi flambent.

Donc vous avez peur que les aides soient vite absorbées ?

Ou alors qu'elles soient à des niveaux tellement faibles qu'elles n'apportent pas grand chose sur les exploitations.

À plus long terme, qu'est-ce que vous, la chambre d'agriculture, prônez comme évolution des pratiques des agriculteurs pour faire face à ce manque d'eau, qui ne va faire que s'accroître forcément dans les années à venir ?

On travaille sur la succession de cultures vers une économie d'eau, mais on travaille aussi et surtout sur l'aspect ressource en eau, sur la possibilité de stocker de l'eau durant l'hiver, pendant les pluies, pour qu'au printemps et en été, quand on en a besoin, on puisse l'utiliser de façon raisonnée. Mais ça veut dire aussi qu'on essaie de travailler sur des techniques différentes pour essayer d'économiser le besoin d'eau des plantes.

On a déjà fait des efforts conséquents ces 20 dernières années, on a économisé pratiquement sur les mêmes surfaces irriguées plus de 20 % de ce que l'on consommait auparavant. Désormais, on arrive un peu au bout de ce que l'on peut faire en termes d'économie d'eau. C'est un problème de société, le défi est de réellement répartir les ressources en eau pour les besoins vitaux pour notre pays, notamment l'autonomie alimentaire.

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