Tempête de 1999, 20 ans après : la forêt de Haye à Nancy se reconstruit lentement
Deux décennies après la tempête Lothar, qui avait anéanti un tiers de la forêt de Haye à Nancy, les agents de l’Office national des forêts (ONF) préparent la forêt de 2100.

Des troncs d’arbres abandonnés jonchent encore le sol. Depuis le passage de la tempête Lothar, le 26 décembre 1999 au matin, le paysage n’a pas changé dans cette parcelle de la forêt de Haye près de Nancy. Aucune intervention humaine n’est venue perturber l’évolution naturelle de ces quatre-vingt hectares de forêt.
"Nous avons choisi de créer cette réserve biologique pour permettre d’évaluer comment une forêt se reconstruit librement", explique tout sourire Philippe Pernodet, responsable de l’unité territoriale du Grand Nancy pour l’ONF. "Les scientifiques étudient les cortèges d’insectes, font des prélèvements sur la mousse et les champignons, et analysent dans quel sens la forêt est en train de pousser."
En une nuit, l’équivalent de ce que l’on abat en vingt ans a été anéanti
Mais l’œil du scientifique n’est pas celui du forestier. "Je vois des vieux arbres, qui parviennent à survivre, et c’est formidable. Mais ça ne nous donnera pas le bois dont nous avons besoin", constate dans un souffle le responsable de l’ONF." Notre métier c’est de préparer une forêt qui réponde aux besoins de la nation."
Trois missions animent les forestiers : produire du bois de qualité à exploiter, assurer la sécurité des promeneurs en forêts et protéger la biodiversité.

Dès le lendemain de la tempête, il y a vingt ans, les agents de l’ONF se sont donc attelés à reconstruire la forêt de Haye. En une nuit, l’équivalent de ce que l’on abat en vingt ans a été anéanti. Un million de mètres cube de bois s’est retrouvé à terre.
"Il y avait quatre mètres de bois sur les routes", se souvient Philippe Pernodet, encore impressionné. "Toute l’équipe s’est mobilisé, des bûcherons de Suède sont venus nous aider. C’était une période difficile, mais je garde le souvenir d’une grande solidarité, j’ai noué de belles amitiés."
Sept années seront nécessaires pour valoriser les tonnes de bois dévastés par la tempête.
Nous préparons la forêt de demain, explique un responsable ONF
Aujourd’hui, les agents forestiers accompagnent le renouvellement de la forêt. Aux abords des routes cabossées, des parcelles de reconstitution se multiplient. Les arbres abattus ont laissé place à de jeunes pousses encore frêles.
"Nous accompagnons ces jeunes peuplements dans leur régénération naturelle. Un diagnostic a permis de savoir quelle essence privilégier et comment les mélanger pour obtenir une forêt résiliente", s’enthousiasme le responsable de l’ONF. "Nous préparons la forêt de demain, qui sera utile économiquement, et écologiquement. Le développement durable ! »
Il faudra soixante ans à ces jeunes arbres pour rattraper leurs aînés, hauts de trente mètres. Et reconstituer définitivement la forêt.