33 victimes, 18 prévenus : le procès dit de "la mendicité bulgare" s'ouvre à Toulouse
Le procès dit de la « mendicité forcée bulgare » s’ouvre ce lundi 18 janvier devant le tribunal correctionnel de Toulouse. 18 personnes sont poursuivies pour traite d'êtres humains, blanchiment aggravé et exploitation de la mendicité. Les victimes ont été rapatriées en Bulgarie.
Le procès dit de la « mendicité forcée bulgare » s’ouvre ce lundi 18 janvier et pour dix jours devant le tribunal correctionnel de Toulouse. 18 personnes, 11 hommes et sept femmes âgés de 20 à 60 ans, sont poursuivies pour traite d'êtres humains, blanchiment aggravé et exploitation de la mendicité. Les 33 victimes ont été rapatriées en Bulgarie et ne seront pas présentes à l’audience.
Mendicité organisée
Les faits s’étalent sur au moins deux ans, avril 2016 - juin 2018. Sept mois d’enquête, 160 fonctionnaires de police mobilisés. Un réseau de mendicité démantelé, une histoire d’esclavage moderne en plein Toulouse.
Onze lieux de mendicité aux carrefours et aux feux tricolores
La brigade criminelle et de répression des atteintes aux personnes identifie cinq réseaux d'exploitation pilotés par cinq familles, toutes originaires de Pleven en Bulgarie. Elles se partagent le territoire de la ville rose. Six à dix mendiants chacune. Aux carrefours, aux feux tricolores en onze points différents : route de Castres, d’Agde, d’Albi, sur la RN20 à la sortie de la rocade Toulouse Lasbordes... Leurs concitoyens à qui elles faisaient miroiter une vie meilleure en venant en France se voyaient confisquer leurs papiers dès leur arrivée. L’enquête révèle des coups, des intimidations et du harcèlement téléphonique pour s’assurer d'un bon rendement.
Une victime décrit une organisation bien rodée, avec une tête de réseau, un intendant, une personne chargée de collecter l'argent et une autre en charge de la surveillance des mendiants.
La défense réfute l'idée de riches d'un côté et de mendiants de l'autre
Contrainte par la force de mendier, chaque victime rapportait entre 60 et 150 euros par jour. Un tableau sombre que tempère maître Alexandre Martin. Avec son associé il représente une famille de six personnes, soit un tiers des prévenus :
Il n’y’a pas d’un côté les riches mafieux et de l’autre les mendiants. Peut-être que certains en ont profité. Mais la présentation binaire qui en est faite est fallacieuse"
Ses clients vivaient dans le même camp que les victimes : en caravane, derrière le magasin Kiabi de Gramont à Balma. L’argent collecté, une fois blanchi, était envoyé en Bulgarie.
"On est à des années-lumière de la mafia"
Un autre avocat de la défense, maître Christian Etelin rappelle que l'on ne connaît pas assez l'histoire de la Bulgarie :
Il y a des zones en Bulgarie où c'est le père qui domine, qui est la loi. Ceux qui sont venus en France pour vivre en exploitant la mendicité ont eux-mêmes en Bulgarie vécu cette situation. Ils ont mendié pour porter l'argent à leur père et à ceux qui dominaient dans la famille"
L'avocat écarte toute idée d'organisation mafieuse :
Ce n'est pas la mafia italienne dont on fait le procès. On est à des années-lumière de la mafia"
Les prévenus encourent jusqu’à 10 ans de prison.