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Accusée de "protéger les violeurs", l'université de Tours visée par une inspection générale
Une inspection générale est diligentée par les ministères de la Santé et de l'Enseignement supérieur visant l'université de Tours. Franceinfo révèle ce vendredi matin que l'université est suspectée de manquements suite à des accusations de violences sexuelles visant un étudiant en médecine.

Les ministères de la Santé et de l'Enseignement supérieur diligentent une inspection générale visant l'université de Tours. C'est ce que révèle franceinfo ce vendredi matin. Elle vise à faire la lumière sur la façon dont cette affaire a été gérée au niveau universitaire à la suite des faits graves mis au jour le 15 avril dernier avec des collages dans les locaux de la fac de médecine. La responsabilité de l'université est alors mise en cause, accusée de "protéger les violeurs" par le collectif féministe Action féministe Tours et notamment un étudiant visé par cinq plaintes et mis en examen.
Cinq jeunes femmes l'accusent, l'une de viol, les autres d'agressions sexuelles entre 2013 et 2020. Plusieurs racontent avoir été agressées pendant leur sommeil après des soirées privées. Trois étaient étudiantes en médecine, une autre avait été rencontrée lors d'une soirée, et la dernière était lycéenne au moment des faits et n'avait que 15 ans.
Alertée le 8 septembre, le président de l'université choisit de ne rien faire
Le 8 septembre 2020, une étudiante de la faculté de médecine de Tours se confie à la commission d’écoute de l’établissement avant d'aller porter plainte. Elle affirme avoir été victime d’agression sexuelle de la part d’un étudiant de 4e année. La responsable de cette commission d’écoute prévient la police et alerte, selon les informations de franceinfo, la responsable administrative de la fac de médecine par mail et par téléphone. Dès ce moment-là, elle met en garde ses interlocuteurs sur "les dangers" que pourrait représenter cet élève lors des stages qu’il effectue dans le cadre de ses études, et notamment lors de ses gardes en gynécologie. Elle dit aussi lancer une procédure interne et indépendante.
Le seul à pouvoir engager des poursuites disciplinaires est le président de l'université, Philippe Vendrix, mais à l'époque, il choisit de ne rien faire, et d'attendre d'en savoir plus. Rien ne l'oblige à prendre quelconque mesure, mais cette décision interroge au vu de la gravité des accusations. En novembre 2020, changement de direction. Le nouveau président, Arnaud Giacometti, assure qu’il n’est pas mis au courant de cette affaire. Interrogé par franceinfo, il affirme avoir eu connaissance des faits seulement il y a quelques jours, après les collages dans la fac en avril 2022. Pourtant, selon une source interne à l’université, tous les éléments relatifs à cette affaire ont été transmis au moment du changement de direction.
Les parents du suspect sont des médecins réputés à Tours
Le doyen de la fac de médecine de Tours, Patrice Diot, décide en revanche de prendre les choses en main, hors de toute procédure officielle. Le 10 septembre, une réunion est organisée avec plusieurs représentants de la direction de la faculté et de l’hôpital où l’étudiant est en stage à cette époque. Selon une source présente à cette réunion et dont franceinfo a pu consulter le récit, le doyen de la faculté évoque alors la "délicatesse du dossier", référence aux parents du garçon, des médecins réputés à Tours qu'il connaît.
Le 14 septembre 2020, il reçoit les parents du garçon, rencontre aussi les accusatrices et l'étudiant en question. Il interdit alors à l'étudiant de revenir à la fac et de se rendre à son stage. Sauf qu'encore une fois, cette interdiction se fait hors de toute procédure et qu'il n'en existe aucune trace écrite. Patrice Diot assure que la mesure a été suivie par l’étudiant, mais au moins deux témoins affirment avoir croisé à plusieurs reprises le garçon sur le lieu du stage entre la mi-septembre et son placement en garde à vue, puis en détention provisoire le 30 septembre 2020.
Mise en examen et détention provisoire
Malgré la mise en examen et la détention du jeune homme, la présidence de l'université temporise et n'engage aucune procédure disciplinaire. Après deux mois en prison, il est libéré et placé sous contrôle judiciaire. La justice l'autorise à poursuivre ses études. En revanche, il est interdit de séjour en Indre-et-Loire et cherche donc une nouvelle fac. Après plusieurs refus, l'université de Limoges accepte sa candidature, notamment parce que le dossier universitaire du garçon ne comporte aucune sanction.
La présidente de l'université de Limoges Isabelle Klock-Fontanille, précise que le doyen de la faculté de médecine de Limoges ne "s'est pas estimé en capacité de refuser la candidature" de cet étudiant du fait "de la présomption d’innocence", et du contrôle judiciaire qui l’autorisait à poursuivre ses études. Surtout, il n’y avait "aucune sanction disciplinaire" prononcée par la faculté de Tours. Si cela avait été le cas , "on ne l’aurait peut-être pas accepté" assure la présidente de l’université.
Un stage en gynécologie
Juste après son arrivée à Limoges, l'étudiant commence alors un stage en gynécologie. Une affectation qui a "bouleversé" les femmes à l’origine des plaintes. Selon leur avocat, Me Marc Morin, "c’est comme si l’on autorisait un individu soupçonné d’actes pédophiles à travailler dans une garderie".
Un dossier qui dépasse l'entendement - Me Marc Morin, l'avocat des plaignantes
La présidente de l’université de Limoges conteste pourtant tout problème avec cette affectation. Selon elle, "un algorithme" a décidé seul de ce stage "obligatoire", "sans que l’étudiant en ait fait le vœux". Il fait par ailleurs l’objet de mesures de surveillances à Limoges. "Il lui est interdit de rester seul avec une étudiante ou une patiente" affirme la présidente de l’université de Limoges. Des précautions accueillies avec scepticisme du côté des étudiants. Comment en effet s’assurer de la mise en place de cette mesure alors que la plupart des hôpitaux sont en sous-effectifs constants ? Des représentants étudiants doivent être reçus bientôt, sur ce point, par la présidence de l’université de Limoges.
Patrice Diot a porté plainte ce mardi
Les ministères de l’enseignement supérieur et celui de la Santé ont diligenté une inspection générale pour faire la lumière sur la façon dont cette affaire a été gérée au niveau universitaire. Le doyen de la faculté de Tours a quant à lui déposé plainte ce mardi pour diffamation, intrusion, et dégradations à l’encontre du collectif à l’initiative des collages.
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