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Acte 15 des "gilets jaunes" : le bilan des interpellations et des dégâts à Rennes
Samedi 23 février, environ 2000 personnes étaient réunies à Rennes, pour cette manifestation inter-régionale qui a vu converger la Bretagne, les Pays de la Loire et la Normandie. Un acte 15 marqué par un regain de tensions entre forces de l'ordre et manifestants.

C'était une crainte partagée par les forces de l'ordre et les manifestants eux-mêmes : samedi, des casseurs se sont glissés dans les rangs des "gilets jaunes". En face, les forces de l'ordre ont répliqué à coups de grenades lacrymogènes.
28 interpellations dans la journée
En milieu de journée, avant le début de la manifestation à 14 heures, une dizaine d'interpellations préventives ont été réalisées. Au total sur la journée, 28 manifestants ont été arrêtés et 18 placés en garde-à-vue. La plupart écope d'un rappel à la loi ou d'une convocation ultérieure, mais six hommes ont été déférés, c'est-à-dire renvoyés devant le parquet.
Parmi ces six hommes, deux sont placés sous contrôle judiciaire pour détention d'armes et participation à un groupement armé. Ils ont été arrêtés avec des billes métalliques et une fronde sur eux. Un troisième homme pourrait, lui, passer en comparution immédiate mardi 26 février, pour des violences sur un policier. Un autre est poursuivi pour avoir incendié un container, un autre a été arrêté avec un explosif artisanal.
Des blessés du côté des forces de l'ordre et des manifestants
Côté forces de l'ordre, on dénombre huit blessés dont sept policiers, principalement à cause de jets de projectiles : "bouteilles en verre, pavés, pétards cloutés, boules de pétanques ou encore bouteilles de javel", indiquait samedi soir la préfecture d'Ille-et-Vilaine dans un communiqué. Pas de blessures graves, mais de gros hématomes et des ITT (interruptions temporaires de travail). Un officier souffre aussi d'acouphènes après avoir reçu un pétard lancé par un manifestant. Selon une source policière, les hommes de la BAC (brigade anti-criminalité) ont été particulièrement visés par les assauts des casseurs.
Côté manifestants, la préfecture parle de quatre blessés légers. Un photographe du journal Le Télégramme a été touché à la jambe, vraisemblablement par un éclat de grenade lacrymogène. Il a pu repartir après avoir été pris en charge par les street medics, ces secouristes indépendants qui interviennent sur les manifestations.
Des tags et des vitrines cassées
Plusieurs façades ont été visées par des tags ou des jets de projectiles. L'agence immobilière Foncia, rue du Capitaine Dreyfus, a été particulièrement touchée après que des casseurs aient descellé des pavés pour les jeter sur la vitrine. Samedi soir, un membre du personnel de l'agence a publié sa colère sur son profil Facebook : "Encore des connards qui doivent penser que les agents immobiliers sont des privilégiés. Savent-ils ces pauvres types, que la plupart d'entre nous font des semaines de 50h pour parfois à peine plus qu'un Smic ? Que nous travaillons à crédit car si nous ne faisons pas suffisamment de chiffre, étant en avance sur commission, on doit de l'argent à nos employeurs ?"
Des banques, notamment la BNP et la Banque Populaire du Colombier, voisines de quelques mètres seulement, ont aussi été vandalisées. Le journal Ouest-France a, lui, été tagué, ainsi que la vitrine de l'hôtel de luxe le Balthazar.
Invité de France Bleu Armorique ce lundi matin, le président de l'association de commerçants le Carré Rennais, Charles Compagnon, a dénoncé une situation intenable : "Le centre-ville est harcelé depuis quinze samedis d'affilée. J'entends parfois "les commerçants pourront se rattraper les autres jours de la semaine. C'est faux ! C'est le samedi que les commerces du centre-ville font leur chiffre." Son interview complète est à écouter ci-dessous.
La ville de Rennes va porter plainte
Les dégâts sur le mobilier urbain sont toujours en cours d'évaluation ce lundi, mais dimanche soir, la mairie indiquait d'ores et déjà qu'une dizaine de poubelles avaient été brûlées. Notamment sur la passerelle Saint-Germain, qui doit être réparée "sous une quinzaine", selon les services de la ville. Le bitume a aussi brûlé par endroits, mais les travaux pourraient prendre plus de temps : "les travaux sont traditionnellement réalisés durant les périodes de vacances scolaires pour ne pas perturber le trafic", précise-t-on.
Les tags, eux, finiront d'être effacés dans les prochains jours. La ville va déposer plainte pour la troisième fois depuis le début du mouvement des "gilets jaunes".