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Nordahl Lelandais : comment les enquêteurs travaillent sur des affaires très anciennes ?

ENTRETIEN - Corinne Herrmann, avocate, spécialisée dans les "cold case", ces fameux cas d'affaires non résolus, répond aux questions de France Bleu Pays de Savoie.

Corinne Herrmann, avocate spécialiste des cold cases et avocate. Auteur du livre "Les disparues de L'Yonne"
Corinne Herrmann, avocate spécialiste des cold cases et avocate. Auteur du livre "Les disparues de L'Yonne" © Maxppp - Alexandre Marchi

Après la double mise en examen de Nordahl Lelandais dans les dossiers Maëlys et Arthur Noyer, une question se pose : le suspect numéro un du meurtre de la fillette et de l'assassinat d'un jeune militaire à Chambéry pourrait-il être impliqué dans d'autres disparitions inquiétantes dans la région ? Serait-il un tueur en série ? 

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Les parquets de Chambéry et d'Annecy confirment que plusieurs dossiers vont être réexaminés : la disparition inexpliquée d'un jeune Belge, Adrien Mourialmé , en juillet dernier à Talloires, ou encore celles de Jean-Christophe Morin lors d'un festival électro à Tamié en 2011, et celle d'Ahmed Hamadou au même endroit l'année suivante. 

Comment les enquêteurs travaillent sur ces pistes plus ou moins anciennes ? La réponse de Corinne Herrmann, avocate spécialisée dans les "cold case" , ces fameuses affaires irrésolues, et notamment les affaires de disparitions*. Elle défendait notamment les familles de victimes dans l'affaire Emile Louis, des disparues de l'Yonne .

Comment font les enquêteurs pour travailler sur des affaires anciennes ? 

Il peut y avoir beaucoup d'éléments qui nous ramènent vers un suspect. En reprenant un dossier, on peut trouver un scellé à analyser sur lequel on peut retrouver de l'ADN, on peut trouver des traces de sang qui sont analysées, on peut trouver des vidéos, de la téléphonie... On peut trouver toutes sortes d'éléments d'enquête qui sont à réactualiser et réanalyser à la vue du suspect sur lequel les enquêteurs travaillent. 

En matière de téléphonie, les enquêteurs peuvent-ils remonter sur plusieurs années ? Par exemple les deux disparitions de Tamié en Savoie remontent à 2011 et 2012.

On peut remonter en matière de téléphonie si on a déjà fixé un certain nombre d'éléments dans la procédure initiale. Si, en 2011, on a vérifié la téléphonie et le bornage autour de leurs disparitions et de leurs lieux de disparition, on va avoir des listes de numéros de téléphones qui pourront être comparés avec le ou les téléphones que pourraient avoir le suspect (Nordahl Landais NDRL) ou ses proches. On peut donc le faire si on a fixé des informations dès le départ. 

Sinon, remonter ensuite, c'est plus compliqué si on n'a pas gelé les informations au moment des faits.

Le temps ne joue pas forcément en défaveur de la justice ?

Au contraire. Nous qui travaillons sur des dossiers qui ont 15, 20 ou 30 ans, on voit que le temps peut nous aider à avoir un regard différent sur une enquête qui a été faite à chaud et où on n'a pas tout traité. Le temps nous permet de revenir sur des choses qui n'ont pas été analysées jusqu'au bout et au contraire, le temps est peut-être un atout parce qu'on a pris du recul par rapport à une affaire et on a de nouvelles techniques d'exploitation en matière de police technique. 

On peut aussi avoir des suspects qui, le temps passant, sont de plus en plus stressés par les actes qu'ils ont commis et le fait qu'on les interroge. Donc, le temps peut être un atout et on aime travailler sur ces dossiers anciens et tout reprendre à zéro.

Selon vous, sommes-nous au début d'une affaire hors-normes ?

En matière de presse, c'est déjà une affaire hors-normes. En matière judiciaire, il faut être prudent et attendre d'avoir des éléments complémentaires. Mais oui, on peut être en présence d'une affaire de tueur en série, pas forcément hors-normes, mais classique. 

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"Un Tueur peut en cacher un autre" aux éditions Stock
"Les disparues de l'Yonne", aux éditions Ramsay, 

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