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Assises : la famille de Nidal n'a toujours pas les réponses qu'elle attendait

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Le verdict des Assises de l'Yonne est attendu vendredi soir dans le procès des deux assassins présumés du rappeur Nidal Boutahar, alias N'dal, en 2015 à Michery. La famille du jeune homme cherche toujours à comprendre pourquoi il a été tué aussi sauvagement.

La grande salle des Assises de l'Yonne à Auxerre
La grande salle des Assises de l'Yonne à Auxerre © Radio France - Delphine Martin

"Pourquoi ?" : c'est le mot qui est revenu sur toutes les lèvres, jeudi, à l'avant-dernier jour du procès des assassins présumés du rappeur N'dal .  Pourquoi le jeune homme de 33 ans a-t-il été tué ? Pourquoi son corps a-t-il été brûlé ? Pourquoi les restes de la dépouille ont-ils été jetés dans un puits ? 

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Les faits se sont produits en septembre 2015. Le corps de la victime, dont le nom à l'état civil est Nidal Boutahar, avait été retrouvé seulement trois mois après, près des anciennes carrières de Michery . Deux hommes de 27 et 31 ans comparaissent depuis mardi devant la cour d'Assises de l'Yonne à Auxerre.

"On m'a donné une toute petite boite, je n'ai même pas pu enterrer le corps de mon fils en entier"

Jeudi, ce sont les proches de la victimes qui ont été invités à témoigner. Ses parents, sa sœur, son frère et deux de ses cousins ont décrit un jeune homme gentil, joyeux et généreux. C'est d'abord le papa qui prend la parole. Ce plombier d'origine marocaine a la voix qui tremble quand il décrit son garçon : "Il aimait faire la fête, il aimait la musique. Il était le premier à aider les autres".

Depuis le drame, il ne dort plus : "je veux comprendre, je veux savoir pourquoi ils ont fait ça à mon fils", répète-t-il en ressassant ces détails qui le hantent : "il a été étranglé deux fois, brûlé deux fois, jeté dans un puits. Il ne mériterait pas ça. On m'a donné une toute petite boîte... je n'ai même pas pu enterrer son corps en entier" dit-il dans un sanglot. 

Puis, la sœur jumelle de Nidal lit une lettre écrite pour ce frère qui la faisait tant rire. Elle se souvient de sa passion pour le rap, du petit garçon rêveur qui transportait un grand dictionnaire pour écrire des textes. Ce petit garçon est devenu un jeune homme jovial et généreux, qui se souciait des autres. Elle raconte aussi l'angoisse des trois mois de disparition : "le jour de notre anniversaire, je l'ai attendu toute la journée, mais il n'est pas rentré et là, j'étais sûre qu'il lui était arrivé quelque chose".

"Dites-nous simplement la vérité, dites-nous si mon fils a souffert"

"Cela fait trois ans que je pleure", poursuit doucement la maman, en serrant dignement les photos de son fils. Elle remercie la justice pour son travail phénoménal : "ça a engagé beaucoup de travail et beaucoup de d'argent public, je ne l'oublie pas" dit cette femme de 61 ans avant de s'adresser aux accusés  :"dites-nous simplement la vérité. Dites-nous si mon fils a souffert." 

Le plus jeune frère de la victime enchaîne, gorge serrée : "mon frère n'aurait jamais fait de mal à une mouche. Vous lui avez ôté la vie. Il faut nous dire pourquoi, il est l'heure d'assumer. On a pu l'enterrer mais il nous reste la quête de la vérité."

Toujours pas de vraies réponses

Après ces témoignages poignants, la cour a longuement interrogé les accusés sur les faits. Cela n'a pas vraiment éclairci les choses. 

Le plus jeune des deux accusés décrit d'abord la soirée, l'alcool, la rencontre avec la victime qu'ils ne connaissaient pas sur le parking de la boîte de nuit. Selon lui, c'est une virée alcoolisée qui a mal tourné. 

Mais pour quelle raison une dispute éclate-t-elle soudain dans le véhicule ? Pourquoi la victime reçoit-elle un coup de poing ? Pourquoi aller jusqu'aux carrières de Michery, à 18 kilomètres ? Et surtout, s'il ne voulait pas le tuer, pourquoi l'étrangler ? "J'ai pété les plombs", dit-il. "Ce n'est pas plutôt parce que vous étiez sous contrôle judiciaire ? Vous veniez de sortir de prison, vous aviez peur qu'il vous dénonce pour le coup de poing !" lui demande la présidente. "Non, ce n'est pas ça ", répète l'accusé. "je ne voulais pas le tuer". 

"Je me suis dit que j'avais tué un homme et ça, même bourré, ça fait réfléchir"

Le deuxième accusé, lui, ne répond que partiellement aux questions de la présidente. Il choisit de ne répondre qu'à celles qui le concernent lui seul. "Vous avez peur, on vous a menacé ?", lui demande-t-on. "Non, mais je suis un prisonnier. C'est la loi du silence, c'est comme ça" réplique-t-il fermement. Tout au long de l'enquête, contrairement à son coaccusé, il n'a jamais changé ses déclarations. Mais à la barre, il ne donne plus aucune autre précision_._

Entre non-dits, craintes et mépris, il décrit quand même furtivement son état d'esprit juste après les faits, au petit matin de ce jour de septembre 2015 : "j'étais par terre et je me suis dit que j'avais tué un homme. Et ça, même bourré, ça vous fait réfléchir."

Malgré cette brève confidence, malgré les aveux des deux accusés, "la quête de la vérité" des proches de Nidal Boutahar est restée vaine.

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