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Avalanche mortelle des Deux-Alpes : de la prison ferme requise à l'encontre du professeur qui encadrait la sortie
Le procès de l'avalanche mortelle des Deux-Alpes (Isère) qui avait fait trois morts dont deux lycéens de 16 ans, le 13 janvier 2016, a eu lieu mardi après-midi. Un professeur d'EPS de 50 ans était poursuivi pour homicides involontaires. Le parquet a requis un an de prison ferme.

Michel Arquillière, un professeur d'EPS de 50 ans, père de trois enfants, était poursuivi pour homicides involontaires. Le jour du drame, le 13 janvier 2016, il encadrait un groupe de dix jeunes du lycée lyonnais Saint-Exupéry, en stage de ski, dans la station des Deux-Alpes (Isère).
"Je demande pardon aux parents de Thelma et Léo" - Michel Arquillière, professeur d'EPS poursuivi pour homicides involontaires
Il les a laissés emprunter une piste noire alors qu'elle était fermée par un long filet et une signalétique en quatre langues. Au début de l'audience qui a duré 5 heures, le prévenu a tenu a faire une déclaration : " Il ne se passe pas un jour sans que je ne pense à Thelma et Léo. J'implore le pardon de leurs parents. Je n'ai pas d'excuse. Je n'ai pas eu le comportement adapté. Je suis accablé de remords. Je n'ai jamais voulu cette tragédie."
La famille de Thelma, qui est assise à quelques mètres de lui, ne bronche pas. En revanche, les parents de Léo, eux, n'ont pas voulu assister au procès. L'avocate de la famille de Léo, Maitre Berthier, explique : " Les parents ne voulaient pas croiser le regard de celui qui leur a pris leur fils."
L'émotion est palpable dans la salle d'audience, malgré le silence des parties civiles
L'ambiance est lourde dans la salle. La présidente bombarde le professeur de questions : "Que vous est-il passé par la tête ? Pourquoi avoir franchi le filet qui interdisait l'accès à cette piste noire ? "
Michel Arquillière répète, inlassablement, la même chose : "Je sortais à peine d'une grave dépression. J'étais sous traitement. Je n'étais pas moi-même. Aujourd'hui, avec le recul, je sais qu'il ne fallait pas faire ça ! Dans mon état normal, je ne l'aurai jamais fait. Là, j'ai suivi le souhait des élèves. Ils voulaient faire cette piste. J'ai laissé faire."
Le professeur était sous antidépresseurs au moment du drame
La présidente rappelle que selon l'expert psychiatrique le professeur supportait bien les anti-dépresseurs et que son jugement n'était pas altéré au moment du drame. "Si vous n'étiez pas bien, il ne fallait pas encadrer ce stage." "Je croyais que ça m'aiderait à me sortir du trou. Mon psy m'avait dit qu'il fallait aller de l'avant." répond l'enseignant.
Puis le procureur se penche sur le dossier administratif du professeur de sport, qui a débuté sa carrière en 94. Il souligne que lors de diverses inspections, le prévenu était décrit comme quelqu'un n'ayant pas d'autorité. "On vous juge laxiste, pas vraiment organisé. Votre ancien proviseur pointait vos retards."
Pour le procureur, le professeur immature a conduit ses élèves vers la mort
Et le magistrat de rappeler que l'ancienne compagne de Michel Arquillière disait de lui que c'était un grand enfant, qu'il avait l'âge de ses élèves. Pour le procureur, c'est un prof jugé cool par ses élèves, mais en fait, il est immature et incapable de faire correctement son métier."Vous n'avez rien appris à vos élèves, vous êtes un encadrant mou qui en a conduit deux à la mort. "
Michel Arquillière encaisse quand le procureur requiert deux ans de prison dont un ferme et l'interdiction d'exercer son métier. Ses avocats vont plaider plus de clémence de la part du tribunal : "Cela n'aurait aucun sens d'envoyer notre client derrière les barreaux ! Il est déjà puni. Il a la mort de ces deux jeunes sur la conscience pour le restant de ses jours."
"Envoyer mon client derrière les barreaux n'a aucun sens" — L'avocat de Maitre Weyl
Pour Maitre Weyl, l'Éducation nationale, qui n'est pas poursuivie dans ce dossier, est la grande absente de ce procès : "Michel Arquillière est traité comme un paria. Il porte toutes les fautes. Or, sa hiérarchie n'aurait jamais dû l'envoyer encadrer ce stage de ski. Il est père de trois enfants. Quand il dit qu'il sait que c'est terrible de perdre un enfant, il est profondément sincère."
Thelma et Léo, deux adolescents solaires
Pour Bénédicte Tarayre, avocate également de l'enseignant : "Ce n'est pas facile pour lui de se présenter seul à cette barre, devant ce public et tous ces journalistes. Il essaye de faire face. Vous prenez ça pour un manque d'empathie, mais au fond de lui, il est dévasté."
Le père de Thelma a essayé de venir à la barre pour parler de sa fille : "Elle était lumineuse !" Puis il s'écroule, la voix secouée par les sanglots. C'est trop dur. Alors Maitre Eymeric Molin prend la parole pour raconter Thelma : "Elle était brillante en tout, sport, musique, études, elle était en première S. Elle s'occupait beaucoup de sa sœur Ana, gravement handicapée. Aujourd’hui Ana reste seule, avec sa mère. "
Maitre Arcadio, l'autre avocat de la famille de Thelma, raconte comment le père de Thelma est retourné sur le lieu du drame. Il a retrouvé un bout du ski de sa fille et le conserve depuis précieusement chez lui.
Jugement le 4 décembre
Les parties civiles ont regretté que Michel Arquillière ne donne pas plus d'explications et qu'il se retranche derrière sa dépression. "Thelma avait confiance dans les adultes." souligne Maitre Molin. "Et vous l'avez emmenée vers la mort."
Le jugement sera rendu le 4 décembre prochain. Pour l'instant, l'enseignant est sous contrôle judiciaire. Il travaille comme agent administratif dans un lycée hôtelier de la Loire. L'Education nationale attend l'issue de la procédure judiciaire pour savoir quel sort elle réservera à son professeur d'EPS.
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