Assises à Bourges : de lourdes peines pour les bourreaux de la petite Hyana
30 ans de réclusion pour le beau-père de la petite Hyana, aux Assises du Cher ce lundi soir. Sa mère écope de 15 ans d'emprisonnement. La fillette, âgée de six ans, avait été déposée dans le coma aux Urgences de Bourges le 30 décembre 2017. Elle décédera deux semaines plus tard à l'hôpital de Tours.
La cour d'assises du Cher a condamné la mère et le beau-père de la petite Hyana ce lundi 25 janvier, dans la soirée. La fillette de six ans avait été déposée dans le coma aux Urgences de Bourges le 30 décembre 2017. Elle était décédée deux semaines plus tard à l'hôpital de Tours. La cour a suivi les réquisitions de l'avocate générale. Les deux condamnations sont assorties d'une peine de sûreté des deux tiers.
Une mère infantile, égocentrée, immature
L'accusation a décrit la jeune femme, mère à 15 ans, comme infantile, égocentrée, d'une immaturité peu commune. Un caractère qui a favorisé sa complicité dans les mauvais traitements en livrant la petite Hyana à son bourreau, l'homme qu'elle aimait. C'est elle qui est allée rechercher sa fille alors qu'elle était pourtant en sécurité chez ses grands-parents à La Guerche sur l'Aubois. C'est encore elle qui l'a déscolarisée dès septembre alors qu'une maîtresse avait des doutes sur la violence que subissait l'enfant. Maître Debord-Guy, pour la défense, a bien plaidé la vulnérabilité de la jeune mère, une jeune femme coupable à ses yeux de simple non-assistance à personne en danger, mais cela n'a pas convaincu le jury.
Le beau-père, psychopathique antisocial selon les experts
La cour a vu en Hamza Boussalmi, le beau-père de l'enfant, l'être psychopathique antisocial décrit par certains experts. L'homme s'est d'ailleurs emporté, créant un incident à l'énoncé du verdict. Un aperçu de la violence dont il est capable. La petite Hyana n'avait aucune chance face à cet homme dont elle était devenue l'exutoire. Hyana, enfant martyr qui n'arrivait même plus à rêver, comme elle le dira à sa mère... la douleur l'empêchait de dormir.
La mère ne fera pas appel du verdict
La cour a bien retenu la complicité de la mère dans la mort de son enfant même si elle n'est pas à l'origine des coups qu'a subi Hyana. Me Debord-Guy, l'avocate de Noémie, la mère, a bien tenté de démontrer que sa cliente n'avait pas agi sciemment en laissant son enfant à la merci de son conjoint bourreau, mais ses arguments n'ont pas porté. Elle ne fera pas appel du verdict : "Forcément, quinze ans, c'est toujours trop, mais on comprend aussi que les jurés sont effrayés par le tableau d'un enfant qui a subi autant de souffrances. Ma cliente souffre d'avoir perdu sa fille. Elle porte le poids de la perte de sa fille. Et c'est pour cela qu'elle est tout à fait prête à assumer cette peine et à se projeter. Aussi pour Yazid et Selma", ses deux autres enfants.
Injures et violences de la part de l'accusé à l'énoncé du verdict
Me Parastatis n'a pas non plu été entendu par la cour. Il défend Hamza Boussalmi, le beau-père et bourreau de l'enfant : "Mr Boussalmi a subi les mêmes violences quand il était enfant, mais sans décéder lui. Il n'a fait que renouveler automatiquement ce qu'il a reçu. Je pense que _les jurés n'ont pas essayé de comprendre les actes, ils ont juste regardé la noirceur de ses actes_." Hamza Boussalmi a injurié la cour et cogné dans les protections anti-Covid à l'énoncé du verdict. Il n'a pas supporté que sa mère soit condamnée pour non-assistance à personne en danger. Trois autres membres de la famille Boussalmi ont également été condamnés, de un à cinq ans de prison assortis de sursis total ou partiel pour non-assistance à personne en danger.
Une mère qui a la phobie de l'abandon - Rodolphe Costantino, avocat partie civile au nom de l'association Enfance et partage
On a du mal à comprendre comment une mère peut laisser souffrir autant son enfant : Me Rodolphe Costantino, avocat partie civile au nom de l'association Enfance et partage, met en avant des traits de personnalité qui peuvent expliquer ce genre de comportement : "Ce sont deux traits de personnalité qui sont communs à toutes ces mères accusées de complicité dans ce type d'affaire : le côté immature est celui qui traduit l'absence d'altérité, c'est-à-dire l'impossibilité pour la mère de prendre en considération la douleur de ses enfants et la situation, autrement dit, une sorte d'enfermement sur soi-même. Le deuxième trait de personnalité, classiquement retrouvé, c'est effectivement la personnalité adandonique, c'est-à-dire des femmes qui ont comme une phobie de l'abandon, la peur de perdre l'autre, celui sans lequel elle ne serait rien, sans lequel elles ne pourraient pas vivre. Vous comprenez la logique : la situation est insupportable pour peu que je la vois. Si je la dénonce, alors je perds l'homme que j'aime. Ainsi donc, je ne la dénoncerai pas, je laisserai faire les choses, quitte à sacrifier mes enfants pour l'amour que j'ai pour cet homme et de la nécessité que j'ai pour moi-même de vivre à ses côtés. "