Contrôles "au faciès" : trois lycéens de Seine-Saint-Denis déboutés
Trois anciens lycéens d'Epinay-sur-Seine, en Seine-Saint-Denis, ont été déboutés ce lundi de leur action en justice contre l'Etat pour un contrôle d'identité qu'ils estimaient discriminatoire lors d'une sortie scolaire en mars 2017. Ils annoncent vouloir faire appel.

Pour les juges du tribunal de grande instance (TGI) de Paris, ces contrôles d'identité, le 1er mars 2017 en gare du Nord, n'étaient pas discriminatoires. Trois anciens lycéens d'Epinay-sur-Seine ont été déboutés ce lundi de leur action en justice. Ils estimaient avoir été victimes de discrimination lors d'un contrôle de police, à la descente du train, au retour de Bruxelles pour un voyage scolaire avec leur classe de terminale.
ECOUTER - "C'est une déception" pour Mamadou, l'un des trois anciens lycéens contrôlés en gare du Nord
"C'est une déception" commente Mamadou, l'un des trois anciens lycéens. Selon lui, les juges "refusent de voir la réalité en face". Leur avocat, Me Slim Ben Achour a dénoncé une décision "scandaleuse". "Il y a un raccourci qui est saisissant dans le jugement, c'est qu'il y a une suspicion renforcée concernant les gamins des quartiers en matière de terrorisme" défend l'avocat.
ECOUTER - Les trois lycéens vont faire appel de la décision
Un objectif "légitime de maintien de l'ordre" pour justifier les contrôles
"On peut penser qu'on n'a pas les mêmes chances que tout le monde" commente Mamadou, à la lecture du jugement du TGI. Les trois décisions rejettent les demandes des trois lycéens, car le reste de la classe, "composée en intégralité d'élèves d'origine étrangère" n'a pas été contrôlé, ce qui prouve, selon les juges, l'absence de discrimination. Elles mettent aussi en avant "un objectif légitime de maintien de l'ordre" dans les réquisitions du procureur afin de permettre ces contrôles en gare du Nord et la taille volumineuse des sacs des trois lycéens ce jour-là.
Les trois lycéens font appel
Les trois jeunes hommes ont décidé de faire appel de ce jugement. "C'est pour nous, on a des droits, des devoirs, si on fait appel on peut quand même en tirer quelque chose" explique Zakaria, un autre de ces élèves. "On a là l'exemple de jeunes qui pour défendre leur droit ont contacté un avocat : je suis persuadé que nous gagnerons plus tard" les soutient leur ancienne professeure, qui les accompagnait le jour du contrôle, Elise Boscherel.
ECOUTER - Elise Boscherel, leur ancienne professeure
Lors de l'audience, le 22 octobre, les trois lycéens et leur enseignante avaient reçus le soutien de plusieurs personnalités politiques de gauche. Ce lundi soir, Stéphane Troussel, le président (PS) du département de Seine-Saint-Denis dit espérer "qu'ils gagneront en appel" et demande à nouveau l'interdiction des "contrôles lors des sorties scolaires", comme le réclame une pétition lancée par Elise Boscherel l'an passé.