Drame des enfants du Drac : "Cela fait vingt ans que je n'ai pas entendu le mot papa"
Vingt ans après la mort de six enfants et de leur accompagnatrice, sur le lit du Drac, lors d'une sortie scolaire, les parents de l'un d'entre eux, Theiva, âgé de sept ans à l'époque, se sont recueillis devant le mémorial du parc Paul-Mistral à Grenoble (Isère).

La douleur est toujours là. Vingt ans après le drame des enfants du Drac, qui est resté dans toutes les mémoires en Isère. Le 4 décembre 1995, une classe de CE1 de l'Externat Notre-Dame de Grenoble était allé observer les castors au bord du Drac, en aval du barrage de Saint-Georges-de-Commiers, pendant une sortie scolaire. Des enfants ont été emportés par un lâcher d'eau du barrage. Six sont morts, ainsi que l'accompagnatrice du groupe. L'institutrice ainsi que seize enfants s'en sont sortis vivants.
Ce vendredi, les parents du petit Theiva, sept ans au moment des faits, se sont recueillis sur les lieux du drame, mais aussi devant le mémorial du parc Paul-Mistral à Grenoble.
"Je suis obligé de vivre sans mon fils" – Vjeko Pilinger, père de Theiva
Vjeko Pilinger, père de Theiva, au micro de Xavier Demagny
Vjeko Pilinger, le père de Theiva est toujours très affecté. Avec son épouse, ils continuent de vivre, mais avec toujours la perte de leur enfant à l'esprit : "De ça, on ne peut pas guérir. Ça fait vingt ans que je n'ai pas entendu le mot 'papa'. C'est très dur. [...] Il y a aussi la douleur de l'injustice. Je ne peux plus rien, j'ai épuisé tous les recours. Je suis obligé de vivre sans mon fils", dit-il avec encore la gorge nouée.
Un long combat judiciaire
Le combat des parents de Theiva s'est achevé il y a dix ans. Après trois procès, deux arrêts de la cour de cassation, trois condamnations - trois cadres d'EDF - et une décision de la cour européenne des droits de l'homme, dernière procédure en date, en 2005. La condamnation contre la Ville de Grenoble a été cassée. L'institutrice présente au moment des faits et la direction de l'établissement ont été relaxés, bénéficiant de la loi sur les délits non-intentionnels. Les parents doivent simplement continuer à vivre, avec la douleur de la perte d'un enfant. Theiva aurait eu 28 ans en 2015.
Le reportage de Xavier Demagny.
