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Harcèlement moral à la mairie de Lignan-sur-Orb, le maire minimise les faits

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Le maire de Lignan-sur-Orb reconnaît à demi-mots les accusations d'harcèlement moral dénoncé par trois salariés du service technique. Six mois de prison avec sursis ont été réclamés contre Jean-Claude Renau. Ce dernier pourrait à nouveau se retrouver devant la justice pour avoir fourni un faux.

Tribunal Béziers Tribunal Béziers
Tribunal Béziers © Radio France - Stéfane Pocher

Six mois de prison avec sursis, une peine d'inéligibilité pendant 5 ans et une amende de 3.000 euros, voilà ce qui a été requis ce lundi devant le tribunal correctionnel de Béziers à l'encontre de Jean-Claude Renau, le maire socialiste de Lignan-sur-Orb. L'élu de 66 ans est poursuivi pour harcèlement moral avec trois complices présumés.

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Une plainte a été déposée en juin dernier par trois employés municipaux dont le responsable technique Stéphane Gomez. Deux d'entre eux, toujours en arrêt de travail, sont suivis psychologiquement. Le troisième a repris le travail, mais il a été écarté de ses fonctions par le maire. 

Ce harcèlement aurait été réalisé pendant un an et demi d'après les investigations réalisées par la gendarmerie de l'Hérault (de janvier 2019 jusqu'à leur interpellation en juin 2021). Les plaignants ont réalisé un enregistrement sonore à l'aide d'un micro dissimulé dans la salle de réunion. Les quatre prévenus avaient l'habitude de s'y réunir pour y boire le café.  

30 heures d'enregistrement

"Insultes grossières et incessantes, délation, filatures, reproches permanents, intimidation racontent les plaignants_.Sur ces enregistrements, on y entend des menaces de mort : "ces enculés on va les crever (employé)". "On a bien commencé, ils ne sont pas bien du tout, rajoute le maire, on a pris des risques pour en arriver là. Cet hiver, on va les mettre sur la route et leur faire ramasser l'herbe. J'espère qu'il fera bien froid. On va les monter les uns contre les autres."_

"Le Chauve (en parlant du responsable technique) n'est pas bien du tout, il prend des somnifères, il est insomniaque."

Les prévenus chacun dans leur coin reconnaissent timidement les faits reprochés expliquant que ces blagues potaches ou insultes étaient réciproques entre collègues de travail. Une audience décevante avouent les victimes présumées. "Ils ne se rendent pas compte du mal qu'ils ont fait."

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À l'audience, des éléments accablants avancés par le ministère public

L'enquête de gendarmerie démontrera que le gel douche, de l'une des victimes avait été remplacé par du dégrippant. Les relations cordiales dans le service se seraient dégradées début 2020 quand le responsable technique demande à son équipe de respecter le règlement intérieur. Ces derniers avaient pour habitude d’après ses dires "de boire l’apéro sur leur lieu de travail, d'emprunter du matériel le week-end pour réaliser des travaux au black, mais surtout ces derniers avaient pour habitude de faire le plein de leur voiture personnelle avec le carburant de la mairie et tout cela, sur le dos du contribuable."

Jean-claude Renau a été le seul à reconnaître des erreurs et des propos inappropriés dévoilant publiquement le rapport médical et psychiatrique de l'une des victimes présumées. L'élu a aussi reconnu avoir isolé son responsable technique à son retour d'arrêt maladie. C'est le seul à avoir repris le service aujourd'hui. Ce cadre a été isolé temporairement une salle aveugle dans les locaux de la mairie (la salle porte d'ailleurs ce nom-là), sans fenêtre, sans bureau, sans ordinateur, et sans internet avant d'être déplacé dans bureau plus approprié après l'intervention d'un cadre de service.

"Je n'aurais jamais dû faire cela dit le maire de Lignan-sur-Orb, c'était inapproprié. J'étais en colère. Je le suspectais d'avoir fait courir des rumeurs sur une relation adultère que j'aurais pu avoir via une lettre anonyme."

À l'audience Jean-Claude Renau, a par ailleurs reconnu avoir réalisé un faux document concernant le licenciement de l'un des trois prévenus pour lui permettre de profiter de ses indemnités chômage . Le parquet de Béziers lui signifiant qu'il avait l'intention d'en référer au service contentieux pour avoir réalisé un faux faisant peser à la collectivité l'indemnisation d'un employé qui voulait quitter la mairie pour convenances personnelles. Une nouvelle procédure pourrait être entamée à l'encontre de Jean-Claude Renau.

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Les avocats des quatre prévenus ont, l'un et l'autre, demandé la relaxe de leur client, minimisant eux aussi les accusations portées. Les enregistrements réalisés ayant été sortis de leur contexte. "Des faits pourtant caractérisés, répétés dans le temps" dénoncera le parquet de Béziers et l'avocat des parties civiles. l'implication des prévenus était de degrés divers.

Après six heures d'audience, le tribunal a mis son jugement en délibéré au 13 décembre prochain. Les prévenus encourent jusqu'à 2 ans de prison et 30.000 euros d'amende pour ce type de faits

Des peines de 3 à 6 mois de prison ont été requises pour les trois complices présumés de Jean-Claude Renau avec qui il entretient des relations amicales. 

En juillet dernier, après nos sollicitions, Jean-Claude Renau, se disait serein et expliquait "vous savez, le harcèlement, c'est dans l'air du temps. Si je suis condamné, j'en tirerai toutes les conséquences. Dans le cas contraire aussi. Si j'avais fait du mal à ces gens-là, je le comprendrais, mais ce n'est pas le cas."

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