Histoire | Une usine à galets des nazis cachée en Pays Bigouden
C'est une histoire peu connue. Une usine de concassage de galets a été construite par les nazis à Tréguennec, dans le Sud Finistère. Elle a servi à la construction du mur de l'Atlantique. Il en reste aujourd'hui d'impressionnants vestiges en béton, et beaucoup de tabous.

Pendant la deuxième guerre mondiale, les nazis se sont intéressés assez vite à la dune de galets en Baie d'Audierne. Elle était impressonnante à l'époque, sur 10 kilomètres et 5 mètres de haut en moyenne, entre La Torche et Penhors. C'était donc idéal pour le ciment nécessaire à la construction des bases et des blokhaus le long de la côte entre Brest et Lorient. Les nazis mettent donc sur pied un site de concassage de galets en 1942, à Tréguennec, à quelques pas de la mer.

Des centaines de bigoudens y ont travaillé
L'usine tourne à plein régime durant toute la guerre. Une voie chemin de fer est même spécialement construite entre le site et Pont l'abbé ainsi qu'une gare de triage à Pont l'Abbé pour acheminer les galets jusqu'à Quimper. C'est la Todt, l'organisation de génie civile et militaire de l'Allemagne nazie, qui a embauché des centaines de bigoudens. Elle proposait des salaires environ 30% plus élévés que la moyenne. Il y avait beaucoup de turn-over. Entre 300 et 400 ouvriers y travaillaient en moyenne. Le sujet reste encore tabou aujourd'hui. "Ma grande honte, c'était de travailler pour l'occupant", confie Pierre Pérennou, l'un des rares survivants qui acceptent de témoigner.
Pierre Pérennou a travaillé sur le site de concassage pendant la guerre

Le site est réutilisé pour la reconstruction à la fin du conflit
Et l'histoire du site de concassage ne s'arrête pas à la fin de la Guerre. Les besoins en matériaux sont importants pour la reconstruction. Et les nazis ont laissé un stock de 90 000 mètres cube de galets, déjà extraits de la plage. Le site de concassage reprend donc du service avec seulement une trentaine d'ouvriers. Cela servira à reconstruire les routes du Sud Finistère ainsi que Brest. Malgré la deuxième vie de ce que les plus âgés appellent "le chantier", qui sera fermé en 1948, son lourd passé reste prégnant. Aujourd'hui, les murs encore debout sont recouverts de graffitis. Les promeneurs curieux ne peuvent rien apprendre. Aucun panneau n'explique l'histoire du lieu. Et le Conservatoire du Littoral, propriétaire du site, ne semble pas pressé de le valoriser.

Reportage à Tréguennec
Et le site tourne encore après-guerre
EN COMPLEMENT | Le site internet d'Yvan Marzin, historien amateur et passionné par le sujet