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Home-jacking du jardin de Saint-Adrien à Servian, une affaire à rebondissements aux assises de l'Hérault
Après quatre ans d'enquête, le procès du cambriolage manqué du jardin de Saint-Adrien de Servian s'ouvre ce lundi 29 novembre aux assises de l'Hérault. Daniel Malgouyres poursuivi pour meurtre et tentative de meurtre est soupçonné d'avoir organisé son propre cambriolage pour dépouiller sa femme.

Daniel Malgouyres est-il le commanditaire de son cambriolage au jardin de Saint-Adrien, le soir du 5 octobre 2017 à Servian ? Ce Biterrois de 72 ans comparait à partir du lundi 29 novembre jusqu'au 17 décembre devant la cour d'assises de l'Hérault pour meurtre, tentative de meurtre et complicité de tentative d'extorsion de fonds en bande organisée avec une arme. Mais le copropriétaire des lieux, élu plus beau jardin de France en 2013, n'est pas le seul dans le box des accusés.
Trois semaines de procès
Cette affaire avait fait grand bruit dans le Biterrois avec une résonance nationale. Ce soir-là, Daniel Malgouyres tire à bout portant avec un fusil de chasse semi-automatique (calibre 12 mm de marque Mossberg) sur l'un des deux cambrioleurs ayant pénétré chez lui.
L'arme utilisée, non-déclarée aux autorités compétentes, était cachée au-dessus d'une armoire, dans cette chambre sombre, au premier étage du domicile de Daniel Malgouyres. Le propriétaire du jardin de Saint-Adrien avouera au cours de son audition qu'il l'avait achetée pour tirer sur les ragondins.
La victime, David Viers, 43 ans décède de ses blessures au thorax. Ce père de deux enfants (deux filles âgées de 16 et 17 ans) résidait dans l'agglomération de Perpignan. Ce dernier connu de la justice pour différences infractions pénales, était fortement endetté. Des dettes proches des 500.000 euros racontera son épouse au cours de son audition. David Viers jouait régulièrement au poker pour subvenir aux besoins de sa famille..
Il aurait ouvert le feu pour se défendre
Mais ce qui était initialement un cambriolage ayant mal tourné se transforme rapidement en affaire douteuse sur fond d'argent dissimulé dans cette splendide propriété de quatre hectares.
À l'époque, tout le village de Servian, au nord-est de Béziers, se mobilise et apporte son soutien à l'enfant du pays. Une pétition est signée par de très nombreux habitants. Mais très rapidement ils déchantent en apprenant les accusations portées dans un premier temps par le cambrioleur rescapé.
Daniel Malgouyres aurait tenté de récupérer l'argent dissimulé par son épouse
Daniel et son épouse Françoise Malgouyres sont connus de tous dans le village pour avoir réussi à transformer une ancienne carrière désaffectée en une oasis en plein cœur du Biterrois, le long de l'autoroute A75, entre Béziers et Pézenas. Ce site verdoyant réputé avait été plus beau village de France quatre ans plus tôt dans une émission de télévision. Le jardin de Saint-Adrien accueillait, avant ce drame, des dizaines de milliers de visiteurs chaque année, venant découvrir ce lieu splendide et assister aux spectacles équestres organisés dans ce domaine apaisant et dépaysant.
Françoise Malgouyres menacée et violentée, présentait un hématome à l'œil droit
Ce soir du 5 octobre 2017, les cambrioleurs, bien informés, étaient venus chercher de l'argent liquide dissimulé dans la maison. Alors que Françoise Malgouyres est molestée au rez-de-chaussée, son mari Daniel monte à l'étage avec le second cambrioleur qui n'était pas armé d'après les enquêteurs. Son complice, effrayé par le coup de feu, prend alors la fuite. Mais ce dernier est identifié rapidement après après avoir perdu sa cagoule noire sur un parking au nord de la propriété. Il s'agit de Richard Bruno, un restaurateur installé à Perpignan, inconnu des autorités.
''Nous n'étions pas armés'' assure le Catalan
Au cours de sa garde à vue, le Catalan affirme que ce cambriolage a été commandité par le patron du jardin en personne. Le Perpignanais de 57 ans fournit aux enquêteurs des indications troublantes et précieuses sur l'argent dissimulé par Françoise Malgouyres dans le coffre-fort dont elle seule connaissait la combinaison, ou encore dans les radiateurs de la maison. Daniel Malgouyres souhaitait d'après ses dires récupérer l'argent dissimulé par son épouse. C'est du moins ce que son complice décédé lui aurait confié la veille de ce cambriolage.
Daniel Malgouyres rejette les accusations portées
D’après Richard Bruno, Daniel Malgouyres désirait piller l'argent de son épouse et avait l'intention de la pousser à quitter le jardin de Saint-Adrien afin de pouvoir vivre avec sa maîtresse Vénézuélienne rencontrée quelques mois plutôt alors qu'elle était salariée du Jardin.
Au moment des faits, Françoise Malgouyres, qui avait tout abandonné en Belgique pour s'installer à Servian avec son mari, était fragilisée après une chute à cheval six mois plus tôt, victime d'un traumatisme crânien et plongée dans le coma pendant 12 jours. Plus tard, un témoin de Françoise avouera que l'animal avait été drogué à la méthamphétamine dans le but de la faire chuter.
Les gendarmes identifient d'autres complices du cambrioleur rescapé
Très rapidement, les gendarmes identifient le père du cambrioleur rescapé, Jean-Pierre Bruno, 81 ans, ancien éleveur de chevaux à Aimargues dans le Gard. Richard Llop, ami de Daniel, est aussi interpellé. Ce dernier, âgé 56 ans, donnait des cours de dressage à Françoise Malgouyres.
Richard Llop, organisateur de spectacles équestres au jardin de Saint-Adrien, aurait ainsi approché Jean-Pierre et son fils pour vider le coffre-fort. Entendu par les enquêteurs, l'écuyer Richard Llop, dénonce à son tour son ami Daniel Malgouyres comme commanditaire.
Une affaire aux multiples rebondissements
Six mois après le début de l'enquête, les gendarmes auditionnent trois hommes issus du milieu du grand banditisme grenoblois. Une semaine avant ce cambriolage, ces derniers ont été aperçus rodant autour du Jardin de Saint-Adrien. Ces malfaiteurs étaient venus en repérage. Ils étaient surveillés par les forces de l'ordre, mais pour une autre affaire.
Au cours de leurs auditions, ils avouent avoir en effet été approchés par Richard Llop pour cambrioler la maison de Saint-Adrien. Mais finalement, ils auraient refusé de passer à l'acte. Aucun d'entre eux dit avoir été approché par Daniel Malgouyres lui-même. Ce nom de famille ne leur dit rien.
Richard Llop, qui comparait libre au cours de cette audience, est-il alors l'unique cerveau de ce cambriolage ? Le seul impliqué ? Ou alors avait-il le soutien de son ami Daniel comme il l'affirme, en contrepartie d'une somme d'argent importante ? Ce dernier donne lui aussi des détails précis sur l'argent dissimulé retrouvé au cours de la perquisition du couple Malgouyres, suspecté de blanchiment d'argent.
Depuis son arrestation, Daniel Malgouyres clame son innocence mais reconnait depuis le départ avoir ouvert le feu en légitime défense. Le Servianais est aussi poursuivi pour tentative de meurtre après avoir tiré avec son fusil de chasse en direction du cambrioleur rescapé. Ce dernier, Richard Bruno, s'est d'ailleurs constitué partie civile.
Daniel Malgouyres, seul accusé à comparaître détenu, ses trois complices présumés sont libres
Depuis quatre ans, Daniel Malgouyres est en détention provisoire à la prison de Béziers. En novembre 2018, il obtient une libération conditionnelle avec obligation de quitter le département de l'Hérault. Mais le soir de sa libération, il se rend chez son épouse pour récupérer, explique t-il, des papiers d'identité avant de se rendre dans les Pyrénées-Orientales. C'est le retour à la case prison puisque Daniel Malgouyres est aussitôt interpellé pour non-respect de son contrôle judiciaire. Une maladresse de sa part déclarait à l'époque Jean-Marc Darrigade, son avocat, à France Bleu Hérault. Depuis, la justice s'est refusée à le remettre en liberté par crainte de pression sur les témoins.
Daniel Malgouyres persuadé que la vérité éclatera d'ici la fin du procès
Ce procès qui dure trois semaines va-t-il faire la lumière sur cette bien triste affaire qui a divisé une famille et tout un village ? Olivier Malgouyres soutient sans faille sa maman Françoise, toujours très active et impliquée dans les visites du jardin de Saint-Adrien. En revanche, sa sœur Aurélie est persuadée de l’innocence de son papa.
Quatre complices présumés impliqués à des degrés divers sont poursuivis dans cette triste affaire. Mais l'un d'eux, (Jean-Pierre Bruno) victime d'un AVC ne sera pas jugé pour le moment.
Daniel Malgouyres, âgé de 72 ans, est convaincu que la vérité va éclater d'ici la fin du procès. Epuisé par ce qu'il considère être une détention provisoire douloureuse, cet homme reconnu comme ayant un fort caractère, est pressé de s'exprimer devant les jurés et de se confronter aux autres accusés.
Jean-Marc Darrigade est persuadé lui aussi de l'innocence de son client. ''Ce dossier contient de nombreuses preuves de l'innocence de Daniel Malgouyres. Ce procès va faire triompher l'innocence de mon client" précise l'avocat montpelliérain.
Les parties civiles que nous avons sollicitées n'ont pas souhaité s'exprimer. Un moment douloureux pour les proches du cambrioleur décédé. David Viers était fils unique. Son père installé à Besançon, malade depuis la perte de ce dernier ne fera pas le déplacement, trop fatigué par la maladie. Mais son avocat lira un courrier qu'il a rédigé.
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