Il y a un an, deux immeubles s'effondraient rue d’Aubagne à Marseille
Le 5 novembre 2018, peu après 9h, deux immeubles s’effondrent à Marseille, les numéros 63 et 65 de la rue d'Aubagne, deux bâtiments vétustes du centre-ville. Huit personnes périssent sous les décombres. Retour sur les faits, un an après.
Marseille, France
Aux numéros 63 et 65 de la rue d’Aubagne, deux immeubles s’effondrent un peu après 9h le lundi 5 novembre 2018. Il s’agit de deux immeubles vétustes du centre-ville de Marseille, dans le quartier de Noailles. L’effondrement provoque la mort de huit personnes et lève le voile sur l’état d’insalubrité des logements du centre-ville marseillais.
Au numéro 63, l’immeuble était muré, probablement squatté, mais vide au moment du drame. Propriété du bailleur social Marseille Habitat, il faisait l’objet d’un arrêté de péril. Au numéro 65, en revanche, neuf appartements sur dix sont occupés.
Toute la journée, des opérations de recherche sont menées pour essayer de retrouver des survivants. En fin d’après-midi, les pompiers détruisent partiellement un troisième bâtiment, au numéro 67, qui menaçait de s’effondrer à son tour. Les immeubles ont été construits au XVIIIe siècle, sans fondations et s’appuient les uns sur les autres.
Le n°65 avait été évacué temporairement
D’autres bâtiments que ceux de la rue d’Aubagne avaient été évacués avant le 5 novembre : rue Saint-Pierre le 29 octobre, rue Rodolphe-Pollak le 1er novembre…
Un peu plus de quinze jours avant le drame, le 18 octobre, le numéro 65 était évacué temporairement. Un arrêté de péril était signé le lendemain avec évacuation du 1er étage, côté cour uniquement. La seule obligation imposée aux copropriétaires était de "faire réaliser les travaux nécessaires d’urgence".
Des dégradations importantes signalées par les habitants
Le matin du drame, un locataire du 65 constate de nouvelles fissures dans son logement et les parties communes. Avec son portable, il filme la vétusté extrême de son appartement. Quelques minutes après être sorti du bâtiment pour alerter le syndic sur l’urgence de la situation, il entend les immeubles s’effondrer dans un énorme fracas.
Une autre locataire, au quatrième, avait quitté les lieux quelques jours avant le drame, dans la crainte d'un accident. Depuis plusieurs semaines, plusieurs habitants avaient aussi signalé des désordres et fissures inquiétantes au syndic.
Huit victimes sous les décombres
Une centaine de marins-pompiers, une trentaine d’engins, des drones et deux équipes cynotechniques sont à pied d’œuvre pour rechercher des victimes et d’éventuels survivants. Un premier corps sans vie est retrouvé sous les décombres le mardi matin et les secours poursuivent leurs actions jusqu’au vendredi. Huit victimes sont extraites des gravats.
- Julien, 30 ans ;
- Taher, 58 ans, d'origine tunisienne ;
- Chérif, algérien de 36 ans ;
- Fabien, artiste-peintre de 57 ans ;
- Simona, étudiante italienne de 24 ans, originaire des Pouilles ;
- Niasse, Italien d'origine sénégalaise de 26 ans ;
- Ouloume, originaire des Comores et mère de famille ;
- Marie-Emmanuelle, artiste verrière de 55 ans.
Le soir du drame, une centaine de riverains sont évacués et relogés, dans des hôtels ou dans leur famille. Dix jours plus tard, ils sont un millier, après l’application presque systématique d’un principe de précaution vécu dans une certaine panique et psychose. La prise en charge par la mairie est laborieuse et très critiquée.
Manifestations pour les victimes et contre la mairie
Le "collectif du 5 novembre" est créé deux jours après le drame. Il s’organise pour des actions solidaires, l’aide aux sinistrés et l’élaboration des revendications. Il s’associe à Emmaüs pour le recueil et la redistribution des dons. Plusieurs initiatives, des aides juridiques, des concerts de soutien… sont organisés en faveurs des sinistrés.
Les habitants du quartier se rassemblent le mercredi 7 novembre. Ils dénoncent l'inaction des autorités depuis des années face à l'insalubrité de certaines habitations. Avec le collectif du 5 novembre, ils organisent une marche blanche le samedi 10 novembre. 8.000 personnes participent et un balcon s’effondre en marge du défilé, en faisant trois blessés.
Dénonciation du logement insalubre
Une semaine plus tard, le soir du mercredi 14 novembre, c’est une "marche de la colère" avec encore plus de manifestants. En effet, très rapidement après le drame, les bailleurs et syndics peu scrupuleux sont montrés du doigt. Et c’est surtout le maire, Jean-Claude Gaudin, au pouvoir depuis 24 ans qui concentre toutes les critiques pour son inaction contre le logement insalubre.