Propos racistes à Marseille : la déléguée interministérielle à la lutte contre le racisme saisit la justice
À son tour, Sophie Elizéon, déléguée interministérielle à la lutte contre le racisme, dénonce les propos racistes tenus à Marseille par le patron du Yachting Club de la Pointe Rouge
La polémique ne s'éteint pas à Marseille après les propos racistes tenus en février dernier lors d'un conseil portuaire par le président du Yachting Club de la Pointe Rouge qui se disait prêt à faire "une ratonnade". Depuis la révélation de ces propos cette semaine, Christian Tommasini a démissionné en reconnaissant avoir tenu des "propos inadmissibles" et le parquet de Marseille a ouvert une enquête préliminaire.
C'est dans ce contexte que la déléguée interministérielle à la lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine anti-LGBT (Dilcrah) réagit sur France Bleu Provence. Sophie Élizéon annonce son souhait d'un "un plan territorial de lutte contre le racisme". Elle a écrit en ce sens un courrier à Martine Vassal, présidente de la Métropole Aix-Marseille-Provence. Interview.
Dans cette affaire, qu'est ce qui est le plus révoltant selon vous : les propos tenus ou l'absence de réaction de certains élus (un élu de la Métropole et une élue de la Ville de Marseille étaient présents) ?
Les deux. Les propos sont insoutenables et n'honorent pas celui qui les a proférés. Pas plus, d'ailleurs, que celles et ceux qui n'ont pas réagi au moment où ils ont été proférés. C'est ce qui m'a amenée, comme la loi m'y oblige, à signaler à la procureure de la République ces propos inacceptables, ce qu'auraient d'ailleurs dû faire les élus présents lors de cette réunion.
Ils ne l'ont pas fait, c'était en février dernier. Est-ce que la loi permettrait de poursuivre ces élus ?
Le parquet fera son travail et la justice dira ce qu'il convient de faire. Moi, ce qui m'importe, c'est la réaction que nous pouvons avoir face à de tels propos et la réaction positive que nous pouvons avoir face à de tels propos. C'est pourquoi j'ai écrit effectivement à la présidente de la Métropole pour l'engager vraiment à mettre en œuvre un plan territorial de lutte contre le racisme, l'antisémitisme et la haine LGBT+.
On va former les élus ?
La Dilcrah soutient les collectivités qui veulent s'engager dans ce combat pour la fraternité. À travers ce plan, il y a la possibilité de former jeunes et moins jeunes, élus ou agents des collectivités, mais également d'agir concrètement en direction des personnes qui sont victimes de ces actes répréhensibles et de promouvoir effectivement des manières de travailler ensemble qui soient davantage respectueuses des valeurs de la République.
Un élu est censé connaître la loi comme tout le monde. Il faut quand même le former à ce genre de choses ?
Il y a effectivement un certain nombre de dispositions législatives que tout le monde est censé connaître. Nul n'est sensé ignorer la loi. Pour autant, il est important de rappeler comment se construisent ces préjugés pour aider à les déconstruire et à ne pas en faire des actes racistes ou antisémites. Les préjugés et les stéréotypes, nous fonctionnons toutes et tous avec. Il est important de former l'ensemble de la collectivité.
Vous pensez que si la presse n'avait pas révélé l'enregistrement, on en serait là ?
Si la presse (Marsactu, NdlR) n'avait pas révélé l'enregistrement, il n'aurait peut être pas été porté à notre connaissance. Pour autant, il y a un certain nombre d'élus locaux qui ont également réagi. Donc, je pense qu'ils auraient réagi.