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Incendie criminel de la fourrière de Besançon : 8 ans de prison pour le principal instigateur

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Le procès des sept suspects dans l'affaire de l'incendie criminel de la fourrière municipale de Besançon, sont passés ce mercredi devant le tribunal bisontin. L'audience a duré douze heures. Cinq des accusés ont écopé de peines allant de 18 mois à 8 ans de prison.

L'audience du procès a duré toute la journée. L'audience du procès a duré toute la journée.
L'audience du procès a duré toute la journée. © Radio France - Dylan Jaffrelot

Le procès de l'incendie criminel de la fourrière municipale de Besançon a eu lieu ce mercredi au tribunal correctionnel bisontin. Sur les sept suspects, seulement six étaient présents à l'audience. Le septième, soupçonné d'être "le cerveau", est en cavale depuis 2019, date des faits. L'audience de l'affaire a duré douze heures. Vers 22 heures 30, la décision est tombée. Cinq des accusés ont écopé de peines allant de 8 ans à 18 mois de prison. 

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Les prévenus parlent d'actes réalisés sous la contrainte

Toute la matinée, les six prévenus se sont succédés à la barre et ont été interrogés par le président afin d'éclaircir au maximum cette histoire partie sur fond de trafic de drogue. 

Le premier, Soufyane, est soupçonné d'avoir été repérer la voiture la veille des faits, soit le 30 décembre. Pendant son audition, il a nié et a affirmé "être venu pour récupérer sa 206". Ce qui pose problème, c'est que sa voiture n'a jamais été dans cette fourrière. De plus, des images de vidéo surveillance le montrent en face de la BMW X6 (automobile volée dans la banlieue de Mulhouse le 23/12/2019 et incendiée le 31/12/2019) accompagné d'un autre homme. Encore une fois, le prévenu a assuré qu'il cherchait sa voiture. 

Le procureur continue de lui poser quelques questions.  "Pourquoi des traces de plombs et de poudre de pistolet ont été retrouvés sur votre manteau ?". Le prévenu âgé de 27 ans se justifie en disant "qu'un ami avait dû toucher sa veste ou que quelqu'un lui avait serré la main".

Le second prévenu n'est pas resté longtemps à la barre. Il devait être absent pour des raisons de santé. Son avocat n'a pas voulu jouer sur le contexte sanitaire pour que son client ne se présente pas devant le tribunal. Après plusieurs quintes de toux, le jeune homme âgé de 21 ans a quitté le procès pour réaliser un dépistage contre le Covid. Il n'est pas revenu de la journée. 

C'est lors de l'arrivée du troisième prévenu, Samy**,** que le procès a pris un peu d'ampleur. Ce dernier a tout d'abord commencé par "s'excuser auprès des victimes" et a expliqué "regretter ses actes". Pendant son audition, il a avoué avoir rempli un jerricane d'essence et porté la gazeuse devant l'entrée de la fourrière le jour des faits. 

Quand le président lui demande "qui a commandité cet acte ?", il répond qu'il ne savait pas. Idem pour les raisons de l'incendie. Samy suppose que c'est pour faire disparaître des empreintes. 

Si j’avais su que 150 voitures et que l'Intermarché auraient brûlé, je n’aurais jamais fait ça - Samy

Samy explique qu'il a fait ça pour l'argent : "Je venais de sortir de prison, j'avais besoin d'argent. On m’a proposé un billet de 400 € pour participer à cette affaire, j’ai accepté". Tout le reste de son audition, il refuse de dire qui a tiré des coups de feu le soir de la Saint-Sylvestre. Par contre, il assure avoir accepté de participer à ce "commando" par peur de représailles, notamment envers sa famille en cas de refus. Il assume et reconnaît ce qui lui est reproché : "Le magasin a cramé, j'en assumerai les conséquences". 

Lors de sa détention provisoire avant le procès, il a été mis sur écoute. Une conversation téléphonique avec son frère a été enregistrée. Dans cet enregistrement, Samy raconte : "Je ne sais même pas c'est quoi cette voiture, on m’a chargé de la détruire et voilà." Plus tard dans la conversation il déclare : "moi et Bass Bass, on y est allé." Cette dernière déclaration indique la présence d'un autre des prévenus. 

Des prévenus motivés par l'argent

Le quatrième à passer à la barre a lui aussi évoqué la peur et l'argent comme motivation. "On m'a donné 300 euros pour aller dans la fourrière, mais on ne m'a pas exactement dit pourquoi", déclare-t-il. Ce quatrième prévenu est suspecté d'avoir ouvert la voie au reste des auteurs pour entrer dans la fourrière. Il est le seul à y avoir pénétré à visage découvert. Oualid est incarcéré depuis près de deux ans en détention provisoire. 

Le cinquième prévenu, également en détention provisoire avant le procès, est soupçonné d'avoir acheté trois armes et une cinquantaine de balles à blanc. Encore une fois, la motivation a été l'argent. "J'étais au chômage et on m'a dit que je pourrais garder la monnaie donc j'en ai profité", a avoué Bassir. 

Il a également évoqué vouloir rendre service à la personne qui lui a demandé d'acheter ces armes, sans pour autant dévoiler l'identité de cette personne. Il est également soupçonné par la justice d'avoir incendié la voiture. Lui, rejette cette accusation. 

Je me suis dit qu'on ne pouvait pas tuer avec ce genre d'arme - Bassir, un des prévenus

Le sixième et dernier prévenu présent à l'audience comparaît pour avoir prêté sa carte d'identité pour acheter les armes et les balles à blanc. Il a notamment menti en affirmant être chez sa tante pendant les faits. Or, son téléphone a borné dans le quartier de Planoise à ce même moment. 

Le septième prévenu, peut-être le plus important, n'était pas présent. Il est en cavale depuis les faits. Il est soupçonné d'être le cerveau de l'opération ou du moins l'un des donneurs d'ordre. 

Des hommes déjà connus des services de police pour la plupart

Après avoir été entendus à la barre, le profil de chaque prévenu a été examiné. Seul un des soupçonnés a un casier vierge. Les autres en possédaient déjà un, pour des affaires de stupéfiants, de vols ou d'outrage à agent. Tous ont assuré ne pas se connaître, ou alors juste de vue, puisqu'ils vivent dans le même quartier. 

Une grosse demi-heure de réquisitoire de la part du procureur

Le procureur retrace toute l'histoire pendant plus d'une demi-heure. À la fin de son réquisitoire, il demande des peines allant d'un an et demi de prison à huit ans avec des périodes de sursis et des interdictions de séjour en Franche-Comté. La plus lourde peine a été requise contre le supposé cerveau, huit ans de prison ainsi qu'une interdiction d'être sur le sol franc-comtois pendant cinq ans. 

Suite aux plaidoiries des six avocats, chaque prévenu est passé à la barre. Samy, a assuré que "deux des prévenus n'étaient pas avec lui". Certains se sont excusés, d'autres ont affirmé n'avoir rien fait.

Des peines de 18 mois à 8 ans de prison

Finalement le premier prévenu écope de 18 mois de prison dont 12 avec sursis mais il est relaxé pour tentative de dégradation. Le second est condamné à deux ans de prison dont 12 mois de sursis. Le troisième est condamné à cinq ans de prison dont 24 mois de sursis et une interdiction de territoire en Franche-Comté pendant 3 ans. Le quatrième est condamné à trois ans de prison dont 18 mois avec sursis et d'une interdiction de territoire du Doubs pendant deux ans. 

Deux prévenus sont relaxés au bénéfice du doute. 

Le dernier prévenu, soupçonné d'être l'instigateur, qui n'était pas présent lors de l'audience, est condamné à huit ans de prison et interdiction de séjour sur le territoire en Franche Comté de cinq ans. Un mandat d’arrêt est déposé contre lui.

Du côté des victimes, l'audience sur les intérêts civils aura lieu le 2 juin 2022. 

*Les noms ont été remplacés par les prénoms.

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