Accident de drone au Barcarès : le BEA ouvre une enquête, une première en Europe
C'est une première en Europe : le Bureau d'enquête et d'analyse ouvre une enquête sur la chute d'un drone qui a fait deux blessés le 14 juillet au festival Electrobeach du Barcarès (Pyrénées-Orientales). Ce drone professionnel utilisé pour filmer les concerts aurait eu une panne de batterie.

C'est la première fois qu'un bureau d'enquête européen de l'Aviation civile ouvre une procédure sur un événement impliquant un drone et ayant causé des blessés. Le 14 juillet, pendant un concert du festival Electrobeach au Barcarès, un drone professionnel de la société Digital Nak, qui collabore avec le festival depuis plusieurs années, a eu un problème de batterie.
"On était en arrière-scène, donc à 13 mètres du public, raconte Désiré Ben Bakar, le gérant de la société. Vers minuit et demi, on a eu un dysfonctionnement sur le drone. Il s'est mis en sécurité, on a essayé de le rapatrier sur son point de décollage, mais en descendant, il a heurté la structure de la scène."
"Ça aurait cassé une hélice, le drone aurait perdu l'équilibre et aurait dérivé vers le public."
Deux personnes ont été blessées : l'une a reçu des points de suture, et s'est vue prescrire quatre jours d'ITT (incapacité temporaire de travail). Elle envisage de porter plainte.
L'incident est immédiatement signalé aux autorités et Désiré Ben Bakar assure être en règle. "C'est vraiment un problème technique, un incident pas commun, on n'y peut rien, d'autant que la machine a été révisée. Maintenant, on n'est pas inquiet parce que toutes les distances de sécurité ont été respectées, toutes les autorisations ont été faites en temps et en heure, on a un arrêté préfectoral, on est totalement en légalité."
Le BEA pourrait émettre des recommandations
Pourtant, l'enquête judiciaire confiée à la section de recherche de la gendarmerie du transport aérien de Toulouse est ouverte pour "blessures involontaires par violation manifestement délibérée d'une obligation de sécurité ou de prudence et non-respect d'un arrêté préfectoral". En l'occurrence, le parquet de Perpignan précise que le pilote du drone n'aurait pas respecté les restrictions de vol imposées par la DGAC, la Direction générale de l'aviation civile, reprises dans l'arrêté préfectoral.
En parallèle, le BEA, le Bureau d'enquêtes et d'analyses pour la sécurité de l'aviation civile, s'est autosaisi du dossier. Il ne parle pas d'accident, car les blessés n'ont pas eu de fracture, mais d'incident grave et symptomatique de la multiplication des dangers liés aux usages des drones.
Le but de son enquête est de comprendre ce qui s'est passé, ce qui a mené au crash du drone, et d'établir des recommandations pour que cela ne se reproduise plus.