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Jacqueline Sauvage libérée : du premier procès à Orléans jusqu'à la grâce totale

Du premier procès de Jacqueline Sauvage presque banal et confidentiel en octobre 2014 à Orléans, jusqu'à sa libération ultra-médiatisée en décembre 2016, il y a deux ans de bataille juridique, morale, et médiatique. Retour sur une affaire qui a mobilisé l'opinion publique.

La mobilisation s'est amplifiée après la deuxième condamnation à Blois
La mobilisation s'est amplifiée après la deuxième condamnation à Blois © Maxppp - Aurélien Morissard

23 octobre 2014 - Le procès de Jacqueline Sauvage s'ouvre devant la cour d'assises d'Orléans. C'est le procès d'une femme qui a tué son mari, deux ans plus tôt, dans leur maison de la Selle sur le Bied, dans l'est du Loiret. Trois coups de fusil tirés à bout portant, avec ou sans préméditation, c'est la question posée aux jurés. Jacqueline Sauvage comparaît libre. Elle est distante, souvent silencieuse, elle peine à répondre aux interrogations de la présidente de la cour d'assises sur les 47 ans de mariage qui ont précédé le meurtre du mari, Norbert Marot.

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Notre silence, c'est parce qu'il fallait se protéger mutuellement. On savait que ça allait mal finir

De ce premier procès devant les assises du Loiret, on retient l'attitude de Jacqueline Sauvage, l'accusée. Elle apparaît presque détachée, elle peine à partager ses émotions. On retient aussi celle de ses trois filles, qui tentent d'expliquer le silence de leur mère pendant plus de 40 ans, et qui, à la barre, racontent avoir été violées par leur père. Le fils, lui, s'est suicidé le jour du meurtre.

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La maison de la Selle sur le Bied où a eu lieu le meurtre de Norbert Marot
La maison de la Selle sur le Bied où a eu lieu le meurtre de Norbert Marot © Maxppp - Jean-Baptiste Dos Ramos

L'avocat général requiert jusqu'à 14 ans de prison au premier procès

28 octobre 2014 - Le verdict de la cour d'assises du Loiret tombe. 10 ans de réclusion pour Jacqueline Sauvage. L'avocat général avait requis une peine de 12 à 14 ans de prison. "Elle est désespérée" dit son avocat montargois de l'époque, Charles Dubosc. "Cette peine est lourde et les jurés n'ont pas compris ce qu'elle a vécu pendant tout ce temps" dit-il. D'un point de vue juridique, Jacqueline Sauvage a tué son mari et elle est condamnée. Et ces cinq jours de procès n'ont pas permis aux jurés de comprendre pourquoi aucune plainte n'a jamais été déposée, pourquoi aucun certificat médical n'établit les violences conjugales, pourquoi Jacqueline Sauvage est restée 47 ans auprès de son mari violent.

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Elle se cachait le visage dans les bras, elle se recroquevillait par terre pour se protéger, j'ai ces images en tête, je pensais que mon père était fou

Quelques jours plus tard, les filles de Jacqueline Sauvage, qui ne comprennent pas ce verdict, décident de prendre à témoin l'opinion publique. Elles témoignent sur la chaîne Itélé. Une pétition sur internet est alors lancée, les féministes s'emparent du cas Jacqueline Sauvage, elle devient peu à peu le symbole des femmes victimes de violences conjugales.

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A Blois, nouveau procès et même condamnation

1er décembre 2015 - Jacqueline Sauvage est jugée en appel, devant la cour d'assises de Blois. Elle a changé d'avocates, Me Bonaggiunta et Tomasini entendent plaider la légitime défense, face à des violences quotidiennes. La mobilisation est importante, la couverture médiatique est nationale, cette fois. Et l'attitude de Jacqueline Sauvage a changé. Moins de silences, plus de confidences. Elle espère cette fois convaincre les jurés.

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Pendant le procès de Blois, les trois filles de Jacqueline Sauvage ne sont plus seules à tenter de défendre leur mère. Une féministe, Marcelle Provost, militante du mouvement Le Nid à Orléans, vient expliquer le phénomène de l'emprise, les sentiments que ressentent les femmes battues.

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Reconnaitre la légitime défense, acquitter Jacqueline Sauvage, c'est autoriser n'importe qui à prendre son fusil et à tirer

Mais la ligne de défense choisie par les avocates de Jacqueline Sauvage ne fait pas l'unanimité. Elles plaident la légitime défense : pour elles, la loirétaine s'est simplement défendue de plusieurs années de violences, quand elle a tiré sur son mari. Une thèse quasiment inédite dans ce genre d'affaire, à laquelle les jurés doivent répondre, et qui fait largement débat.

Jacqueline Sauvage est de nouveau condamnée à 10 ans de prison le 3 décembre 2015
Jacqueline Sauvage est de nouveau condamnée à 10 ans de prison le 3 décembre 2015 © Maxppp - Jérôme Dutac

3 décembre 2015 - Jacqueline Sauvage est de nouveau condamnée à 10 ans de prison**.** La peine prononcée en première instance est confirmée. Cette fois les jurés ont suivi strictement les réquisitions de l'avocat général.

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Pétition, grâce partielle, et colère des magistrats

Décembre 2015 - Cette fois personne n'ignore le "cas" Jacqueline Sauvage. A 68 ans, elle devient le symbole du calvaire des femmes battues. Quelques jours après le verdict, nouvelle pétition sur internet, cette fois pour demander la grâce présidentielle, c'est la seule issue possible désormais. Elle recueillera plus de 430 000 signatures, en quelques jours. Les filles de Jacqueline Sauvage écrivent au Président de la République pour lui demander de gracier leur mère . François Hollande les reçoit à l'Elysée le 28 janvier 2016. Et les trois filles ressortent pleines d'espoir.

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Il a été très à l'écoute, il a compris notre malheur. On va récupérer notre mère, pour nous elle est enfin libre

31 janvier 2016 - la grâce présidentielle tant espérée est annoncée par l'Elysée. Mais elle est partielle. Elle permet simplement de lever la période de sûreté associée systématiquement à une peine de 10 ans de prison. Cela rend possible une demande de libération conditionnelle. Les filles de Jacqueline Sauvage se réjouissent de cette nouvelle.

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Cette grâce présidentielle soulève la colère de certains magistrats. Qui par principe sont opposés à ce qui relève selon eux du "fait du prince", d'un héritage monarchique. Et dans le cas Jacqueline Sauvage, deux cours d'assises, composées de jurés populaires, ont rendu leur verdict.

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La libération conditionnelle refusée deux fois par la justice

Mais le combat judiciaire est loin d'être terminé. Jacqueline Sauvage est transférée dès le mois de février 2016 du centre de détention de Saran au centre national d'évaluation de Réaux, en Seine et Marne. C'est un service de l'administration pénitentiaire où des experts évaluent la dangerosité des détenus condamnés à au moins de 10 ans de prison. Deux expertises psychiatriques donnent un avis favorable à sa libération, mais le 12 août 2016, le tribunal d'application des peines de Melun rejette sa demande de libération conditionnelle. La loirétaine refuse dans un premier temps de faire appel de cette décision.

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La veille de la journée internationale contre les violences faites aux femmes, la justice dit aux femmes surtout ne vous défendez jamais, faites-vous tuer en silence. C'est un problème politique entre le Président et la magistrature

Finalement Jacqueline Sauvage fait appel. Cette fois son comité de soutien appelle au silence, pas de rassemblements, pas de manifestations, pas d'interview, pour éviter de desservir la cause. Le 24 novembre 2016, nouveau refus de libération, de la cour d'appel de Paris, avec les mêmes arguments. La féministe Karine Plassard, à l'origine de la toute première pétition en faveur de Jacqueline Sauvage, ne cache pas sa colère.

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Grâce totale et sortie de prison le 28 décembre 2016

Cette fois Jacqueline Sauvage refuse de se pourvoir en cassation, elle abandonne le combat. Qui continue malgré elle : nouvelle pétition, lettres de soutien, pancartes brandies devant la prison pour son anniversaire. Les trois filles de Jacqueline Sauvage déposent une nouvelle demande de grâce à François Hollande qui consulte le Garde des Sceaux. Et il annonce finalement sa décision le 28 décembre : une grâce totale.

Cette femme ne sera jamais guérie de ce qu'elle a fait, elle a conscience du geste qu'elle a commis et qui est irréparable

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"Une année de combat et d'humiliations" dit la comédienne Eva Darlan
"Une année de combat et d'humiliations" dit la comédienne Eva Darlan © Maxppp - Thomas Padilla
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