Jusqu'à 100 000 euros d'amende requis contre les producteurs de carottes
Au dernier jour du procès des producteurs de carottes de la Manche ce vendredi, le procureur de la République a requis des amendes allant jusqu'à 100 000 euros pour les maraîchers poursuivis. Le jugement a été mis en délibéré au 1er septembre.
"C'est le procès de la place de la chimie dans la société et de la difficulté à s'en passer quand on est accro". Ces propos sont ceux de Cyril Lacombe, procureur de la République lors de ses réquisitions ce vendredi à Coutances. Dix maraîchers et trois intermédiaires étaient jugés depuis mercredi pour avoir continué d'utiliser du dychloropropène au delà de 2018, alors que ce produit suspecté d'être cancérogène avait été interdit.
Les maraîchers du secteur de Créances s'approvisionnaient grâce à un trafic clandestin organisé depuis l'Espagne. Le produit était acheminé dans le secteur maraicher de Créances, et épandu la nuit dans les champs de carottes des sables pour lutter contre un ver nuisible aux récoltes : 132 tonnes de produits ont ainsi été importées dont une centaine utilisées dans les champs.
L'ex-ministre de l'agriculture témoigne à la barre
Venu témoigner à la barre, l'ex-ministre de l'agriculture et député local Stéphane Travert a rappelé que la profession était au courant depuis longtemps que le dychloropropène allait être interdit. "D'autres ont adapté leurs pratiques", a également témoignée une représentante du syndicat Confédération paysanne, qui s'est porté partie civile.
Durant trois jours, 12 des 13 prévenus ont gardé le silence sur les conseils de leurs avocats. Ils risquent gros. Le procureur a requis des peines allant de 8000 jusqu'à 100 000 euros d'amende contre les maraîchers. Il a également demandé des peines allant de 10 000 à 70 000 euros pour trois intermédiaires qui assuraient les commandes, la livraison et l'épandage du pesticide.
Le tribunal de Coutances rendra sa décision le 1er septembre.