L'affaire Daval, "un échec pour les médias" pour la journaliste Isabelle Horlans
Trois ans de médiatisation à outrance. Après le verdict délivré ce week-end par la cour d'assises de Haute-Saône, l'affaire Daval est "un échec pour les médias" selon la journaliste et chroniqueuse judiciaire Isabelle Horlans.
Isabelle Horlans est intarissable au sujet de l'affaire Daval mais aussi très critique vis-à vis de sa profession. Selon la journaliste et chroniqueuse judicaire, l'affaire est"un échec pour les médias". Après la condamnation de Jonathan Daval à 25 ans de réclusion criminelle le samedi 21 novembre 2020, celle qui est aussi chargée de l'éducation aux médias dans le Grand Est, et membre de l'Association des journalistes de la Presse Judiciaire était l'invitée de France Bleu Besançon ce lundi.
Un parallèle avec l'affaire Grégory
Près de 50 journalistes étaient accrédités au procès de Jonathann Daval. Pourtant malheureusement des femmes tuées par leur conjoint, il y en a toutes les semaines. Alors quels étaient les ingrédients pour que ce meurtre passionne la France?
La personnalité de Jonathann Daval et ses larmes.
Isabelle Horlans ose un parallèle avec l'affaire Grégory : "Comme dans l'affaire Grégory, il y a des gens qui parlent trop, des PV qui fuient, et _une instruction à ciel ouvert_, tout cela va participer de la médiatisation. Il y a aussi la personnalité de Jonathann Daval et ses larmes à chacune de ces apparitions au début de l'affaire. Il s'est enfermé dans ses mensonges devant les caméras de la France entière, et il est évidemment ensuite très difficile de revenir en arrière."
"Un échec pour les médias"
Pour autant, estime la journaliste, "cette affaire aurait pu être jugée de façon beaucoup plus discrète. _En France, une femme meurt tous les deux jours sous les coups de son conjoint_. Sans la médiatisation, et ses mensonges bien sûr, Jonathann n'aurait sans doute pas été condamné à 25 ans de réclusion. Dans la plupart des cas de meurtres conjugaux, la peine s'échelonne de 10 à 15 ans."
Isabelle Horlans n'est pas forcément très tendre avec ses confrères journalistes : "c'est un échec pour les médias, _la presse devrait apprendre de l'histoire_, essayer de canaliser son énergie et ne pas courser comme ça tous les gens qui sont au cœur d'un fait divers", conclut la chroniqueuse judiciaire, chargée de l'éducation aux médias dans le Grand Est.
- (Ré)écoutez l'entretien avec Isabelle Horlans par ici.
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