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Six ans d'inéligibilité requis en appel contre l'ancienne maire de Montauban, Brigitte Barèges
Maire (LR) de Montauban pendant 20 ans, Brigitte Barèges a été déchue de ses mandats en février, condamnée à cinq ans d'inéligibilité pour détournement de fonds publics. Elle a fait appel, elle est rejugée ce 28 octobre à Toulouse. Le ministère public a requis une peine plus lourde encore.

Brigitte Barèges, 68 ans, a eu l'occasion de s'expliquer à nouveau. Et elle l'espère, retrouver ses mandats. Jugée en décembre 2020, elle a été condamnée le 9 février dernier pour détournement de fonds publics à cinq d'inéligibilité, 12 mois de prison avec sursis et 15.000 euros d'amende. Elle a fait appel et se montre dès le début de l'audience très combattive.
"Je conteste ma culpabilité et tous les faits qui me sont reprochés."
Elle est accusée d'avoir créé un emploi fictif en payant, sur les deniers municipaux, un employé du service communication de la marie chargé d'écrire des articles en faveur de la maire dans un hebdomadaire local. Ce dernier n'est plus poursuivi car il n'a pas fait appel de la première décision. Ce jeudi 28 octobre, seuls Brigitte Barèges et le directeur de la publication, le Petit Journal, comparaissent.
Une confusion des genres
Au début de cette audience en appel, Brigitte Barèges est arrivée à la barre avec un masque où était écrit "I love Montauban". Malgré sa condamnation il y a huit mois, elle a déclaré qu'elle contestait sa culpabilité et tous les faits qui lui sont reprochés.
Le président du tribunal a mentionné tous ces articles élogieux publiés sur elle dans le Petit Journal et pendant la campagne des municipales en 2014. Des articles écrits pour faire "le pendant à la Dépêche du Midi__", appelée_"la Pravda locale"_par le directeur du Petit Journal. Ce dernier reconnait qu'il aurait dû faire porter la mention "publi-reportage" car les articles étaient facturés à la commune, et ils étaient écrits par un chargé de communication de la ville, devenu ensuite le directeur de campagne de Madame Barèges.
Une confusion des genres entre communication institutionnelle et campagne politique. Brigitte Barèges rejette la responsabilité sur l'auteur des articles, "une plume incisive mais un électron libre que je ne contrôlais plus". "J'ai eu le tort de l'avoir embauché" reconnait Brigitte Barège , qui confirme qu'elle relisait personnellement tous les articles pour les valider, et aussi "corriger les fautes."
Celle qui incarnait Montauban depuis 20 ans risque aujourd'hui son avenir politique.
Une peine plus lourde demandée pour l'empêcher de se représenter en 2026
Vers 15h, le ministère public a requis une peine de six ans d'inéligibilité, soit une année de plus "ce qui l'empêchera de participer aux prochaines élections municipales" a détaillé le procureur général, 12 mois de prison avec sursis comme en première instance et 30.000 euros d'amende soit le double de la première condamnation.
"Madame Barège, un élu doit être au service de l'intérêt général. Vous avez utilisé des fonds publics pour votre intérêt personnel ! " tonne l'avocat général, qui alourdit d'un an la peine en appel, 6 ans d'inéligibilité "parce qu'il faut vous empêcher de vous représenter en 2026.__"
Brigitte Barèges avait déjà pris 5 ans, la justice lui enfonce donc la tête sous l'eau.
C'est une "exécution publique" s'insurgent les avocats de Brigitte Barèges qui estiment qu'il n'est pas bon que "la justice fasse de la politique". Que leur cliente est de bonne foi , si elle a payé un agent du service com de la mairie pour publier des articles à sa gloire en pleine campagne électorale, ce n'était que de la communication institutionnelle , pour contrecarrer le monopole hostile de la Dépêche du Midi.
A la barre, Brigitte Barège assure qu'elle a "prêté serment en tant qu'avocate sur les valeurs de probité. Qu'en tant qu'élue, elle s'est toujours battue contre la corruption " .
On saura avant Noel si la justice sonnera ou non le glas de sa carrière politique. La décision de la Cour d'appel a été mise en délibéré au 14 Décembre.
Justice politique ? Moralisation de la vie publique ?
Si la Cour suivait ces réquisitions, Brigitte Barèges ne pourrait pas se présenter aux prochaines élections municipales de 2026, c'est justement ce qu'a souhaité l'avocat général dans son réquisitoire.
Une "justice politique" déplore Maitre Laurent De Caunes , l'avocat de Brigitte Barèges : "Il y a actuellement une tendance des juges à prendre le pouvoir sur les politiques. On le voit ici à l'œuvre, la justice cherche à punir l'élu, parce qu'il est élu. Donc c'est par l'élection , ou l'impossibilité de se présenter , qu'on veut le punir"
La décision sera connue le 14 Décembre, mais pour Arnaud Hilion, l'élu d'opposition socialiste à Montauban, la page Barèges est déjà tournée.
"Ce sont des réquisitions qui me paraissent logiques, avec la volonté du législateur de moraliser la vie publique. Je pense que c'était attendu par une grande partie de la population montalbanaise."
"Le procureur souhaite dans ses réquisitions que Mme Barèges ne puisse pas se représenter aux municipales dans 6 ans. Pour moi, j'ai l'impression que la page Brigitte Barèges est déjà tournée depuis un an. Effectivement, nous fonctionnons encore aujourd'hui avec un système déjà mis en place en gardant au chaud le fauteuil de maire pour Madame Barèges. Mais de fait, on est déjà passé à une autre page de l'histoire politique montalbanaise.__"
Montauban comme partie civile
En première instance, la Ville de Montauban avait refusé de se constituer partie civile, laissant trois conseillers municipaux d'opposition, deux communistes et un socialiste, le faire. Depuis, la collectivité a changé de stratégie. Ce jeudi, c'est l'avocat de la Ville qui a plaidé . La Ville s'est constituée partie civile en appel, suite à une délibération municipale au printemps. Elle se défend contre son ancienne patronne, et propose un dédommagement. Préjudice qu'on peux imaginer bien moindre que si les opposants avaient soumis leur propre évaluation. L'avocat de la ville n'a d'ailleurs rien demandé, il a "chargé" l'ancien directeur de cabinet de la maire de Montauban accusé de ne pas avoir supervisé les débordements du service communication de la ville.
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