L'élue nord-iséroise Magali Guillot dans le viseur de la justice, le Département lui retire ses délégations
Magali Guillot, maire LR de Saint-André-le-Gaz, présidente de la communauté de communes des Vals du Dauphiné et vice-présidente au Département, est au cœur d'investigations pour la gestion de l'Ehpad qu'elle dirige. Elle a été suspendue de ses délégations au Département à titre conservatoire.
L'élue nord-iséroise Magali Guillot fait l'objet d'une plainte pour abus de confiance dans le cadre de sa gestion de l'Ehpad Les Pérolines, une structure pouvant accueillir jusqu'à 16 résidents et située à Saint-André-le-Gaz (Isère), dont elle est la dirigeante. Egalement maire de la commune, présidente de la communauté de communes Les Vals du Dauphiné et vice-présidente en charge de la santé, Magali Guillot vient de voir ses délégations au Département retirées ce samedi 23 janvier par le président Jean-Pierre Barbier qui venait d'apprendre les déboires de l'élue avec la justice.
Un an et demi de loyers impayés
Tout commence en 2019 lorsque les trois propriétaires de plusieurs chambres au sein de la maison de retraite cessent de recevoir leurs loyers. La société Domijosc, dont Magali Guillot est à la tête, est chargée de récolter les loyers des résidents de l'Ehpad privé Les Pérolines et de les reverser aux propriétaires des chambres, habitant à Reims, Cannes et dans l'Oise.
Ces derniers tentent d'abord de contacter l'élue iséroise par eux-mêmes? mais n'ayant pas de réponse, ils finissent par engager un avocat parisien : maître Stéphane Zerbib. "On lui a envoyé des courriers à plusieurs reprises mais elle n'a jamais réagi. On a essayé de faire des saisies sur son compte mais elle a organisé son insolvabilité donc il n'y a pas d'argent", raconte l'avocat. "Elle perçoit les loyers mais elle ne les reverse pas. De la part d'une élue, qui plus est en charge de la santé au Département de l'Isère, c'est très surprenant !", ajoute Me Zerbib. L'avocat a estimé le montant total de la somme due aux trois propriétaires à 150.000 euros.
Une condamnation tombe en août 2020
Cet été, le tribunal de Bourgoin-Jallieu a condamné Magali Guillot à payer les loyers en retard mais, là encore, "silence radio", selon l'avocat des plaignants. L'un d'eux, habitant à Cannes, a décidé d'aller plus loin en portant plainte, le 6 janvier 2021, contre la société Domijosc et Magali Guillot pour abus de confiance. "Il a souscrit un prêt pour financer son opération et a besoin de l'argent des loyers pour payer ses échéances. Il est aujourd'hui en difficulté et en conflit avec sa banque donc il a besoin de récupérer les sommes qui lui sont dues."
"On veut la détruire politiquement"
Selon l'avocat de Magali Guillot, les nombreux courriers et relances concernant les loyers impayés n'ont jamais été reçus par sa cliente et il affirme que la plainte déposée pour abus de confiance n'a rien à voir : "Des loyers impayés et une plainte pour abus de confiance sont deux choses très différentes !", défend maître Hervé Banbanaste. "Pour le moment, aucune mise en examen n'a été prononcée. On est en train de détruire médiatiquement sans aucune preuve Magali Guillot. On l'attaque pour l'éliminer politiquement, c'est une évidence", plaide l'avocat lyonnais.
Où va donc l'argent du loyer qui serait bien encaissé par la société de Magali Guillot mais qui n'aurait jamais été reversé aux propriétaires ? D'après les informations du journal Le Parisien, l'élue est visée par une enquête de l'agence gouvernementale de lutte contre la fraude fiscale, Tracfin. Cette enquête aurait révélé qu'entre mai 2018 et juillet 2019, les dépenses personnelles de l'élue étaient bien supérieures à ses revenus mensuels situés aux alentours de 10.000 euros.
Le président du Département retire à titre conservatoire ses délégations à Magali Guillot
Après avoir découvert les faits reprochés à Magali Guillot dans la gestion de l'Ehpad Les Pérolines, Jean-Pierre Barbier, le président du Département de l'Isère, a pris la décision ce samedi de "suspendre à titre conservatoire Mme Guillot de l’ensemble de ses délégations au titre du Département, pour lui permettre de se consacrer pleinement à sa défense dans cette affaire à caractère privé", précise-t-il dans un communiqué, ajoutant qu'il ne lui appartient pas de "porter un jugement sur une procédure judiciaire en cours".
Jean-Pierre Barbier profite de la parution de ce communiqué pour préciser que l'Ehpad Les Pérolines est une "structure privée à caractère lucratif qui ne bénéficie d’aucun financement départemental et n’est pas sous l’autorité de tutelle du Département à la différence des EHPAD et des résidences autonomie. Le Département ne disposait donc d’aucune information sur la gestion financière de cette résidence pour seniors et sur les difficultés rencontrées". Pour l'heure, Magali Guillot est présumée innocente.