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Attentat de La Baule : 20 ans après, l'émotion intacte des anciens collègues de Jacques Leparoux

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Vingt ans après l'attentat de La Baule qui a coûté la vie à Jacques Leparoux, l'émotion est toujours intense chez ses anciens collègues. Deux décennies plus tard, ils ont tenu à témoigner "pour qu'on n'oublie jamais" qui il était et ce qu'il s'est passé, ce 24 novembre 2000. Témoignages.

Une grande banderole a été affichée, ce lundi soir sur la façade de Cap Atlantique, en hommage à Jacques Leparoux, décédé le 24 novembre 2000. Une grande banderole a été affichée, ce lundi soir sur la façade de Cap Atlantique, en hommage à Jacques Leparoux, décédé le 24 novembre 2000.
Une grande banderole a été affichée, ce lundi soir sur la façade de Cap Atlantique, en hommage à Jacques Leparoux, décédé le 24 novembre 2000. © Radio France - Florian Cazzola

"Quand je rentre dans la salle de réunion, mon premier regard va vers le bureau de Jacques", témoigne Catherine Ponthereau, agent de la collectivité à la direction de l'environnement, arrivée quelques mois seulement avant Jacques Leparoux, en 1988. "Il était juste là", dit-elle en pointant son doigt vers la fenêtre. Vingt ans après le décès de cet agent technique dans l'attentat de La Baule, le 24 novembre au matin, l'émotion est toujours présente chez ses anciens collègues et le souvenir d'un "homme extraordinaire", "dynamique et toujours positif", "rigolo" est intact. 

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L'attentat visait Christophe Priou

Ce matin-là, aux alentours de 8h15, Jacques Leparoux est dans la salle de réunion et branche une chaîne hi-fi, certainement pour vérifier son fonctionnement avant le pot de départ d'un collègue, prévu dans la journée. Cette dernière, piégée, explose et tue l'homme sur le coup. "Ça fait émerger des souvenirs bien tristes", confie Philippe Alain, l'ancien directeur du SICAPG, désormais directeur général des services de Cap Atlantique, qui prendra la parole, ce mardi en visioconférence, pour rendre un nouvel hommage à "Jacques", comme il l'appelle affectueusement. "C'est important de témoigner auprès des autres que ce sont des choses qui peuvent arriver, que des gens suffisamment fous, sans aucun respect de la vie humaine, peuvent procéder à des actes abjects."

Des membres de la famille de Jacques Leparoux défilent en silence en compagnie d'un millier de personnes, le 29 novembre 2000 à La Baule.
Des membres de la famille de Jacques Leparoux défilent en silence en compagnie d'un millier de personnes, le 29 novembre 2000 à La Baule. © AFP - Marcel Mochet

À la suite de l'explosion, le parquet de Saint-Nazaire ouvre une enquête. L'intentionnalité de l'acte est immédiatement privilégiée et deux thèses sont étudiées. D'abord la piste terroriste, moins d'un an après un attentat contre un local technique de la mairie de La Baule qui n'avait causé que des dégâts matériels. Cette hypothèse étant rapidement écartée, les enquêteurs se focalisent alors sur la "_thèse d'un attentat ou d'une vengeance personnell_e", comme le relate à l'époque Philippe Thomain, journaliste à France Bleu Loire Océan. 

Mes souvenirs de Jacques sont intacts. Ce qui est intact aussi, ce sont des images, des odeurs et cette immense tristesse autour de nous.

L'enquête va déterminer que le colis piégé, reçu quelques mois plus tôt par La Poste, était destiné au maire du Croisic, Christophe Priou. Et après six mois d'investigations, Philippe Rivet, 29 ans à l'époque, est arrêté. L'homme, proche de l'extrême-droite et un temps candidat aux élections cantonales, en voulait au futur sénateur de Loire-Atlantique. Ce qui fera dire à ce dernier : "Tout ça fleure mauvais et notamment des idéologies fascistes ou néonazies dont on connait l'idéologie de violence qui est de vouloir, souvent quand il y a un obstacle sur la route, le supprimer."

L'explosion avait détruit toute la salle de réunion et endommagé une partie du bâtiment, le 24 novembre 2000.
L'explosion avait détruit toute la salle de réunion et endommagé une partie du bâtiment, le 24 novembre 2000. © Maxppp - Franck Dubray

"Dans mon bureau, il y a toujours une photo de Jacques"

Condamné à 28 ans de prison, l'homme a toujours nié les faits. Jusqu'au procès pour meurtre de son ami, Jean-François Hilly, quelques années plus tard à Versailles, où, pour la première fois, Philippe Rivet avoue enfin sa responsabilité dans l’attentat du SICAPG, le syndicat intercommunal de la Côte d'Amour et de la presqu'île guérandaise. "J'ai été témoin de cette affaire, de cet assassinat", raconte Stéphanie Boyer-Le Chat, directrice de la communication à Cap Atlantique "Et depuis 20 ans, l’émotion est constante." 

Cette date est symbolique et nous permet d'expliquer à tous les nouveaux arrivants qui était Jacques Leparoux

Dans la salle de réunion, transférée au deuxième étage depuis l'attentat, une plaque, discrète ornée de quelques oiseaux blancs qui passionnaient tant Jacques Leparoux, a été installée. "Il y a cette volonté de ne pas oublier et d'honorer la mémoire de Jacques avec le dynamisme et le positivisme qu'il incarnait", décrit son ancienne collègue, émue aux larmes au moment de se replonger deux décennies en arrière. "Mes souvenirs de Jacques sont intacts. Ce qui est intact aussi, ce sont des images, des odeurs et cette immense tristesse autour de nous."

"On ne peut pas oublier, poursuit Catherine Ponthereau. Moi, dans mon bureau, j'ai toujours une photo de Jacques". Une photo prise au polaroid où on le voit prendre la pose, tout sourire. Ce souvenir de Jacques, il est affiché en grand, depuis ce lundi, sur la façade du bâtiment de Cap Atlantique. "On n'a pas besoin de ça pour se souvenir de lui", témoignent d'autres personnes proches de la victime, par visio-conférence. "Mais c'est symbolique et ça nous permet d'expliquer à tous les nouveaux arrivants qui était Jacques Leparoux." Et même s'ils pensent toujours, dans un coin de leur tête, à cet homme qui était le "rayon de soleil de tout le monde", dixit Philippe Alain, Catherine, Véronique, Virginie, Béatrice, Angélique, Sophie, Fabrice, Stéphane, Thomas, Jérôme, Jean-Sébastien, Dominique, Xavier, Laetitia et Stéphanie seront derrière leur ordinateur, ce mardi, pour assister à ce nouvel hommage rendu, par visio-conférence, 20 ans après

La photo prise, quelques heures après l'attentat du 24 novembre 2000 à La Baule, témoigne de la violence de l'explosion qui avait coûté la vie à Jacques Leparoux.
La photo prise, quelques heures après l'attentat du 24 novembre 2000 à La Baule, témoigne de la violence de l'explosion qui avait coûté la vie à Jacques Leparoux. © AFP - Franck Perry
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