- Accueil
- Nouvelle-Aquitaine
- Gironde
- Infos
- Faits divers - Justice
- "La blessure est encore ouverte" : à Mérignac, un cèdre de l'Atlas planté en hommage à Chahinez
"La blessure est encore ouverte" : à Mérignac, un cèdre de l'Atlas planté en hommage à Chahinez
À l'occasion de la journée internationale pour l'élimination des violences faites aux femmes, la ville de Mérignac a planté un cèdre de l'Atlas dans le quartier où vivait Chahinez Daoud, cette mère de famille brûlée vive par son ex-mari début mai. Une trentaine d'habitants lui ont rendu hommage.

Le bruit des coups de pelle dans la terre, pour planter ce petit cèdre de l'Atlas, et tout autour le silence. Une trentaine d'habitants de Mérignac sont venus rendre hommage à Chahinez Daoud ce jeudi 25 novembre, à l'occasion de la journée internationale pour l'élimination des violences faites aux femmes. La ville de Mérignac a choisi ce jour pour planter un arbre en l'honneur de cette mère de famille de 31 ans, brûlée vive en pleine rue par son ex-conjoint le 4 mai dernier . Parmi les habitants venus à cet hommage, certains retiennent leurs larmes, d'autres n'y arrivent pas.
"La blessure est encore ouverte", affirme Samira El Khadir, conseillère municipale et psychologue. Elle a notamment participé à la mise en place d'une cellule psychologique au lendemain du drame. "La douleur est toujours présente, tout comme la colère et l'incompréhension", explique-t-elle. "Je revois les jeunes filles que j'ai accompagnées en cellule de crise et qui étaient complètement effondrées, et aujourd'hui elles sont encore en larmes. On sent que c'est difficile de dépasser tout ça."
Accompagner les enfants
Certaines anciennes voisines de Chahinez ont aussi tenu à assister à la plantation de cet arbre. "On pense à elle tous les jours", avouent Farida et Kaïna, mère et fille. L'une était devenue amie avec la mère de famille, l'autre croisait souvent ses enfants au centre social du Burck. "Ça fait toujours aussi mal, et ça ne va pas partir. C'est dur de ne plus la voir, on aimerait au moins revoir ses enfants", explique Kaïna. Les trois enfants de Chahinez, âgés de 5, 8 et 13 ans, sont pour l'instant toujours dans une famille d'accueil provisoire, dans l'espoir de rejoindre la maison de leurs grands-parents.
Tant qu'on ne l'oubliera pas, on fera peut-être ce qui est nécessaire pour éviter que ça ne se reproduise. - Paule Dubois, présidente du centre social et culturel du Burck
Ces enfants, c'est justement la source d'espoir qui reste aux habitants du quartier du Burck. "Il faut les aider à grandir avec leur histoire", explique Paule Dubois, présidente du centre social et culturel du quartier. "Moi quand je pense à ses enfants, j'ai toujours les larmes. On les connaissait bien, ils venaient toutes les semaines. On continuera à penser à eux en passant devant cet arbre, ainsi qu'à leur mère", témoigne, au bord des larmes, la Mérignacaise. "Tant qu'on ne l'oubliera pas, on fera peut-être ce qui est nécessaire pour éviter que ça ne se reproduise."
Sept mois après le féminicide, Samira El Khadir observe aussi les premiers effets de cet électrochoc dans la commune. "Il y a eu beaucoup de culpabilité de la part des voisins, de l'école... Ils se disent 'on n'a pas vu' ou 'on aurait dû s'intéresser à ça'", explique la psychologue. "Du coup, ce qui a changé, c'est que les gens se parlent. Ils se livrent un peu plus sur le vécu et sur les difficultés qu'ils peuvent rencontrer. Et tant mieux, parce que c'est aussi une porte ouverte pour dénoncer s'il y a d'autres violences ou d'autres femmes en danger."
Bientôt des logements d'urgence proposés par la ville
Avant cet hommage, la municipalité de Mérignac a aussi fait plusieurs annonces pour "prendre sa part" dans la prise en charge des femmes victimes de violences conjugales. Une Maison des femmes ouvrira dans la commune, dans un local accolé au nouveau commissariat, mais avec une entrée séparée. Un lieu d'écoute dédié et d'information qui sera opérationnel début 2023, selon la mairie. Des hébergements d'urgence composés de deux logements vont aussi servir, dès janvier 2022, à accueillir des femmes qui ont quitté leur foyer dans la précipitation, avec ou sans leurs enfants. Un autre hébergement d'urgence devrait voir le jour en partenariat avec l'Apafed, une association qui accompagne les femmes victimes de violences.
Enfin, huit logements pérennes, gérés par des bailleurs sociaux et disponibles grâce à des baux glissants, seront attribués à des femmes après leur séparation, dès l'an prochain.
Ma France : s'adapter au coût de la vie
Vous constatez l'augmentation constante des prix et la diminution de votre pouvoir d'achat ? Vous avez trouvé des astuces, des bons plans, vous avez changé certaines de vos habitudes pour vous adapter à l'inflation ? Réparation, covoiturage, location, échanges de services... France Bleu, en partenariat avec Make.org , vous invite à partager vos idées originales et solutions concrètes du quotidien, et à donner votre avis sur celles d'autres citoyens. Trouvons ensemble les moyens de faire face à la vie chère !