La Chorale révolutionnaire de Moselle jugée pour un rassemblement en chansons dans la rue
Sept membres de la Chorale révolutionnaire, un groupe vocal mosellan présent lors des manifestations sociales ou des piquets de grève, sont jugés ce mardi au tribunal de police de Metz (Moselle), pour un rassemblement qui avait eu lieu au début du déconfinement, le 23 mai 2020.
On la voit depuis un peu plus d'un an, dans toutes les manifestations sociales ou sur les piquets de grève de Moselle : la Chorale révolutionnaire rassemble une quarantaine de personnes, de tous horizons, des graves aux sopranos, pour chanter et apporter un peu de joie dans les rassemblements.
Mais lors du déconfinement, le 23 mai dernier, quatorze membres de cette chorale un peu particulière ont été verbalisés pour rassemblement non autorisé sur la voie publique, alors qu'ils reprenaient leurs répétitions en plein air, sur l'Esplanade de Metz, après deux mois de confinement.
Tous ont contesté cette amende de 135 euros, et sept d'entre eux sont convoqués ce mardi 3 novembre devant le tribunal de police de Metz.
Interdit de revendiquer ?
Les membres de la Chorale révolutionnaire contestent leur contravention, car selon eux, ils respectaient parfaitement les gestes barrières. Xavier, ancien métallo CGT de Gandrange, faisait partie de cette répétition : "Nous étions 19 : un groupe de 7, un groupe de 8, et un groupe de 4. Il y avait 100 mètres entre chaque groupe, et dans chaque groupe il y avait 1,5 mètre entre nous. Et on avait des masques ! On respectait parfaitement les règles."
On a pris 135 euros d'amende parce qu'on a chanté - Xavier, membre de la Chorale révolutionnaire
Comme la Chorale révolutionnaire dénonçait la gestion de la crise sanitaire par le gouvernement, et défendait les services publics, elle avait apporté des pancartes revendicatives. C'est ce qui a attiré l'attention de la police, qui a relevé les identités des chanteurs, et en a verbalisé 14 d'entre eux, pour non respect de l'interdiction de se rassembler. Xavier se souvient très bien de ce que lui a dit un des policiers : "Il m'a dit +Il est interdit de revendiquer ! J'ai un arrêté préfectoral !+ Son collègue l'a repris : +Non, il veut dire manifester+. C'était un lapsus, mais la réalité est là : il fallait nous interdire de revendiquer."
La Chorale révolutionnaire conteste donc ces contraventions devant le tribunal de police, parce qu'elle revendique son droit de manifester et de dire non.
Lutter en chantant
La Chorale révolutionnaire a été créée en juillet 2019, par une poignée de militants, syndicalistes ou partisans politiques de divers horizons, afin de donner plus de vie aux manifestations sociales, et d'animer les piquets de grève.
A son répertoire, des chansons du patrimoine culturel français ou européen, mais toujours engagées : contre le racisme, la guerre, l'exploitation ouvrière ou la répression.
Reportage lors d'un concert de la Chorale révolutionnaire, au Gueulard de Nilvange, en octobre 2020 (avant le reconfinement)
La Chorale révolutionnaire appelle à un rassemblement solidaire envers les choristes convoqués, ce mardi après-midi à 13h30, devant le palais de justice de Metz, avant le début du procès. En cette période de reconfinement, le rassemblement a été déclaré en préfecture.