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La Courneuve : le moniteur d'auto-école jugé pour agressions sexuelles

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Un moniteur d'auto-école, salarié de l'association d'insertion Jade, implantée à La Courneuve, était jugé ce jeudi pour des faits d'agressions sexuelles lors de leçons de conduite. La procureure a requis 18 mois de prison avec sursis à son encontre.

Tribunal judiciaire de Bobigny Tribunal judiciaire de Bobigny
Tribunal judiciaire de Bobigny © Radio France - Hajera Mohammad

Un moniteur d'auto-école de l'association d'insertion Jade, basée à La Courneuve en Seine-Saint-Denis, était jugé pour agressions sexuelles, ce jeudi au tribunal de Bobigny. 

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Des caresses sur la cuisse pendant la leçon de conduite

Deux femmes, deux anciennes élèves, ont déposé plainte l'année dernière , comme le révélait France Bleu Paris il y a quelques mois. Elles accusent le moniteur d'agressions commises lors de leçons de conduite, en 2016 et 2017. À la barre, Claudia (le prénom a été modifié) et l'autre victime racontent : le prof de conduite assis sur le siège passager avant, qui leur caresse la cuisse, les baisers dans le cou, les discussions autour du sexe, de sa vie de couple. Malgré le malaise, une des victimes reconnaît avoir participé aux discussions. "Je l'ai laissé me raconter ces choses, me montrer ses objets sexuels qu'il avait dans le coffre.. Je prenais sur moi, tant que j'avais mes heures de conduite, c'était l'essentiel". 

Claudia, elle refuse de subir. En 2016, l'homme l'emmène dans un local à Drancy et tente "d'aller plus loin" en lui saisissant les avant-bras et en tentant de l'embrasser. Elle le repousse aussitôt et lui demande de rentrer à l'association. De retour, la jeune mère de famille, décide de tout dire à la directrice de Jade, mais cette dernière ne prend pas son témoignage au sérieux. 

Il faudra attendre juillet 2020, l'arrivée d'un nouveau directeur qui va la soutenir et le témoignage d'une deuxième victime, pour qu'elle décide d'attaquer le moniteur en justice_. _

Je voulais avoir mon permis oui, mais pas au point de passer sur la banquette arrière - Claudia

Aujourd'hui, Claudia espère que le moniteur sera condamné et qu'il n'exercera plus jamais dans le social. "Il n'a plus sa place, à partir du moment où il use de sa qualité de moniteur pour s'attaquer à des proies vulnérables, des femmes fragiles, victimes de violences conjugales parfois, des mères seules, c'est lâche", déclare-t-elle à France Bleu Paris. 

L'association se porte finalement partie civile

L'association qu'elle accuse d'avoir étouffé l'affaire, s'est portée partie civile et réclame 1 euro en guise de dommages et intérêts. À l'audience, l'avocat de Jade a reconnu que "la parole [de Claudia] n'a pas été prise en compte" à l'époque et lui présente ses excuses. Des excuses qui arrivent bien trop tard, estime Maître Jean-Christophe Ramadier, avocat de la victime. Il accuse l'association d'avoir imposé une "chape de plomb" sur cette affaire. "Aujourd'hui, on est simplement venu vous demander de rendre la parole de ma cliente enfin audible", dit-il au président.

Le prévenu nie toutes les accusations

Durant l'audience, le prévenu vêtu d'une chemise blanche et d'un jean, nie tous les faits. "Je ne comprends pas, je ne les ai jamais touchées, jamais agressées", assure ce père de famille, âgé de 44 ans. Il évoque ensuite une "cabale" dont il serait la cible, montée par les victimes et un autre moniteur qui lui en voudrait. "Mais quel intérêt pour les victimes de lancer une cabale contre vous ?" le relance le président. Le prévenu semble confus.

Son avocat souligne les témoignages recueillis en faveur de son client : ces collègues et autres élèves de l'auto-école qui le décrivent comme "un blagueur", qui dénoncent des "rumeurs" à son encontre. Un homme, au casier judiciaire vierge, un homme malade "en dépression" aujourd'hui, et qui ne comprend pas ce qui lui arrive, assure Maître Éric Bourlion. Son client risque "une mort professionnelle" en cas de condamnation, prévient l'avocat. Après plusieurs mois de mise à pied (avec maintien de salaire), le moniteur a repris le travail à l'association mais sans contact avec les usagers et il ne donne plus de leçons de conduite. 

18 mois de prison avec sursis requis

Des arguments qui ne semblent pas convaincre la procureure. Elle requiert 18 mois de prison avec sursis contre le prévenu et une inscription au fichier des auteurs d'infractions sexuelles ou violentes (Fijais). "[Claudia] a raison, elle a le droit à la justice autant que n'importe qui". Malgré l'absence de témoin direct des scènes rapportées, la procureure relève un faisceau d'indices, à commencer par le témoignage "constant" et sans "exagération" des victimes. "Monsieur a le droit de séduire qui il veut sauf quand les personnes en face lui disent non", rappelle-t-elle. Le jugement sera rendu le 28 octobre.

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