La famille de la petite Léa ouvre une procédure contre les dysfonctionnements des services sociaux
Après la condamnation à 8 ans de prison du meurtrier de la petite fille de 2 ans et demi, la famille a décidé de lancer une procédure administrative pour faire reconnaître les dysfonctionnements des services sociaux, qui selon elle n'ont rien fait malgré les très nombreux signalements.

La famille de Léa, une petite fille de 2 ans et demi retrouvée morte noyée le 21 mai 2018 dans un ruisseau bordant la maison de ses grands parents à Mairieux, près de Maubeuge (Nord), engage une procédure pour faire établir le dysfonctionnement des services sociaux.
L'enfant a été victime d'un adolescent de 14 ans, placé dans cette famille d'accueil. Malgré de très nombreux signalements concernant le comportement déviant du jeune garçon, les services sociaux n'ont pas réagi selon la famille et son avocat.
L'adolescent a été condamné en première instance à huit ans de prison. Cette peine a été confirmée en novembre dernier par la cour d'appel de Douai.
Un comportement inquiétant
Placé en 2005 dans cette famille d'accueil, le jeune garçon a rapidement posé problème. Les Marmignon ont déjà eu à gérer des cas lourds comme une adolescente schizophrène en dix ans. Mais très vite au bout de 15 jours, le couple s'interroge sur la place de l'enfant en famille d'accueil.
Le jeune garçon tente de mettre le feu à la maison, ouvre le gaz en pleine nuit, il fugue, se souvient Alain le grand-père de Lea. Et puis viennent les "problèmes sexuels", ajoute Marie-Christine.
"Il a été retrouvé la nuit nu dans la chambre d'un autre mineur âgé de 7 ans et lui demandait de faire des choses. Il a été retrouvé dans les toilettes enfermé avec la petite Léa", confie Maitre Hugo Van Cauwenbergue, l'avocat de la famille qui dresse la longue liste des incidents.
Maitre Hugo Van Cauwenbergue détaille les signalements restés sans réponse
Pour protéger les autres enfants accueillis, et ses petits enfants, Alain Marmignon avait a carrément installé une alarme au dessus de sa chambre.
Des appels et des mails restés sans réponse
Des comportements dangereux sont signalés à de nombreuses reprises à la référente de l'adolescent, mais en vain. Absence de réponse aussi à l'institut médico-psychologique où il séjournait pendant la semaine. Marie-Christine Marmignon assure que l'IME avait maintes fois alerté les services sociaux de "problèmes de comportements, de problèmes sexuels".
Le reportage de Rafaela Biry-Vicente
Pourtant rien a été fait. Même pas un suivi médical, et ou psychologique. Me Hugo Van Cauwenbergue, l'avocat de la famille Marmignon, se souvient que pendant le procès, les experts s'étaient étonnés d'un placement en famille d'accueil d'un adolescent comme lui. Même constat des équipes de l'établissement pour mineurs où il est détenu, pour eux il fallait "une prise en charge plus médicale".
La famille a donc ouvert une procédure administrative pour faire reconnaître les dysfonctionnements des services sociaux. "Il ne faut plus que ça arrive ! quand une famille d'accueil a besoin d'aide, il ne faut pas la laisser toute seule", explique Alain Marmignon.
Le conseil départemental du Nord qui gère les services sociaux ne communique pas sur le sujet pour le moment.