La nouvelle secrétaire générale d'Amnesty International adresse un "carton rouge" à l'État français
La France est engagée dans une voie "extrêmement nocive" pour les droits humains selon la nouvelle secrétaire générale d'Amnesty International, la Française Agnès Callamard.
Lors d'un entretien accordé à nos confrères de l'AFP, la nouvelle secrétaire générale d'Amnesty International Agnès Callamard émet de fortes critiques à l'encontre de l'État français. En marge de la publication mercredi 7 avril du rapport annuel de l'ONG, Agnès Callamard adresse bien "un carton rouge" à la France et juge que "les derniers développements depuis quelques années et en particulier en 2020 vont dans une direction qui est extrêmement nocive, problématique, et possiblement même dangereuse pour l'ensemble des droits et libertés" dans notre pays.
Un droit de manifester bafoué
"L'espace de débat public, l'espace pour la réalisation des droits civiques et politiques est en train d'être réduit", prévient la nouvelle secrétaire générale d'Amnesty International qui pointe la dégradation depuis plusieurs années des conditions d'exercice du droit de manifester. Pour Agnès Callamard ce droit fait "l'objet de nombreuses restrictions". Elle dénonce le fait que "la France continue d'utiliser le gaz lacrymogène, les grenades de désencerclement, les LBD 40 de façon abusive et ça, cette utilisation de la violence par la police, ça crée de la peur". Pour la secrétaire générale d'Amnesty : "Le cadre juridique s'est renforcé mais contre les droits civiques et politiques : la loi de sécurité globale a renforcé le pouvoir des forces de l'ordre, a imposé une forme de surveillance."
Une critique des positions diplomatiques françaises
Par ailleurs Agnès Callamard épingle les choix diplomatiques de la France : "La diplomatie française n'est plus ce qu'elle a été sur de nombreux dossiers liés aux droits, que ce soit par rapport à l'Arabie saoudite, que ce soit par rapport à la Chine. La France a pris des mesures sur la vente d'armes qui sont, là aussi, difficiles à comprendre : nous vendons des armes à des États qui sont reconnus comme responsables de crimes de guerre, de crimes contre l'humanité, la responsabilité de la France est engagée."
Concernant l'attaque française au Mali qui selon l'ONU a coûté la vie à 19 civils en janvier, la nouvelle secrétaire générale d'Amnesty International juge que "la France est dans cette position de silence et de déni. Quand la France met en œuvre le secret défense afin de protéger sa réputation ou de protéger des activités illicites ou illégales, là le secret défense viole les standards internationaux."