Lactalis accusé d'escroquerie par une entreprise des Deux-Sèvres
Le géant du lait mayennais visé par une plainte pour escroquerie, falsification de denrées alimentaires et tromperie sur la marchandise. Le parquet de Rennes a ouvert une enquête judiciaire.

Après l'affaire du lait infantile à la salmonelle, le non-dépôt des ses comptes et deux procès perdus pour diffamation et atteinte à la vie privé contre France Télévisions, le géant du lait mayennais est cette fois pointé du doigt par Serval. Cette entreprise qui fabrique des aliments d'allaitement pour jeunes animaux, principalement des veaux, dans les Deux-Sèvres, l'accuse de lui livrer depuis plus de quatre ans de la poudre de lactosérum non-conforme.
De quoi Lactalis est accusé ?
Pour comprendre le litige, il faut savoir ce qu'est le lactosérum. C'est du petit lait. Le liquide jaune pâle récupéré dans la fabrication du fromage, plein de protéines, de sels minéraux. Ce liquide fait aussi partie de la recette du produit d'allaitement de Serval qui en achète par milliers de tonnes chaque année. Parmi les fournisseurs : Lactalis.
Mais certains veaux auraient déclenché des "alertes", "des problèmes de comportements" explique Maître Varaud, l'avocat de Serval. Après expertise chez Lactalis en Espagne, le lactosérum vendu 100% vache serait en fait un mélange de lactosérum de vaches, de chèvres et de brebis dilué avec du perméat.
"Une arnaque, assez gonflée" - Maître Varaud, avocat de Serval.
Le perméat est un jus de produit laitier ultra filtré, sans protéine et donc sans grande valeur. Serval se retrouverait donc avec un produit constitué à 70% de lactosérum mélangé et à 30% de perméat avec moins de protéines et que l'entreprise des Deux-Sèvres paierait au prix fort. "Une arnaque, assez gonflée" commente Maître Varaud. Pour Lactalis c'est un litige "purement commercial" où la justice est instrumentalisée.
Enquête en cours
Suite à la plainte déposée par Serval, le parquet de Rennes en Ille-et-Vilaine où est basée la filiale "Lactalis Ingrédients" (Bourbarré) a ouvert une enquête judiciaire pour escroquerie, falsification de denrées alimentaires et tromperie sur la nature, l'espèce, l'origine, les qualités substantielles, la composition ou la teneur en principes utiles de toutes marchandises.
La commission rogatoire sera rendue dans les prochains jours au juge d'instruction.