Lactalis : les éditorialistes critiquent et le groupe laitier et le gouvernement
samedi 13 janvier 2018 à 8:57 Par Germain Treille, France Bleu Mayenne
Plusieurs éditos sont consacrés à l'affaire du lait contaminé ce samedi 13 février dans la presse nationale et régionale. Extraits choisis avec l'AFP.
Craon, France
Laurent Joffrin pour "Libération" : "Du haut de leur réussite, les dirigeants de la multinationale du bocage ont manifestement sous-estimé le risque représenté par l'apparition de la salmonelle, bactérie redoutable pour les organismes fragiles, sur son site de Craon. La logique de la rentabilité maximale les a conduits à freiner les mesures de sauvegarde qu'ils étaient tenus de prendre dès la révélation de ce dangereux dysfonctionnement. C'est là que l'industrialisation de l'agriculture trouve une nouvelle fois sa limite. Appartenant de toutes ses fibres à l'ancien monde productiviste, fille prospère des Trente Glorieuses, l'entreprise pourrait bien être l'héritière d'un passé révolu. (...)"
Gilles Grandpierre pour "L'Union" : "Le scandale du lait de Lactalis contaminé à la salmonelle révèle, jour après jour, de conférences de presse penaudes en communiqués contrits, un incroyable enchaînement de lâchetés qui donnent le tournis et sont indicatives des failles qui pèsent, non seulement sur le contrôle sanitaire de nos aliments, mais sur la communication des entreprises et des pouvoirs publics en temps de crise. (...)"
Denis Daumin pour "La Nouvelle République du Centre-Ouest" : "Dûment chapitré, l'invisible Emmanuel Besnier a promis des efforts sans précédent, dont un, celui de communiquer. La distribution fermement tancée a pris cette fois les devants, s'engageant au blocage impitoyable des produits suspects en caisse. Seul le gouvernement tarde à reconnaître sa petite part de responsabilités. Ces mystères lui ayant un peu échappé au début, il feint aujourd'hui de les organiser. (...)"
Maurice Bontinck pour "La Charente Libre" :"Emmanuel Besnier a sûrement pensé qu'un scandale sanitaire pouvait se régler comme une fusion-acquisition. Le prix du silence finit par se payer très cher quand l'objet de la négociation est la santé d'un enfant plutôt que le roi du yaourt islandais, racheté il y a une semaine en pleine tempête. Avec le sentiment que l'addition sera réglée au final par les éleveurs laitiers et les salariés de Craon, plutôt que les huit milliards de dollars de la huitième fortune du pays."
Alain Dusart pour "L'Est républicain" : "À la tête d'un groupe représenté dans 43 pays avec 75.000 salariés, Emmanuel Besnier s'est-il senti tout puissant ? Au point, aux lendemains de l'enterrement des quotas laitiers, de tirer toujours un peu plus bas les prix du lait. Avec son insolente réussite faite de travail de bénédictin et de rachats tous azimuts, "l'empereur du fromage" a pris la confiance comme disent les jeunes. (...)"