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Feria de Nîmes : le chirurgien des arènes, de la guerre au combat
Avec une équipe de six personnes, il est en charge des premiers soins des toreros lorsqu'ils se blessent. Après une première carrière en tant que chirurgien militaire, il s'est orienté vers la corrida. Cela fait vingt ans qu’il tient ce rôle. Il raconte.

Basé à l’intérieur de l’arène, à quelques mètres sous le poste de la présidence, il intervient, à chaque fois qu’un torero reçoit une cornada. L’infirmerie, son "bureau", son poste de travail en quelque sorte, se trouve dans une petite pièce d’à peine 7 ou 8 mètres carrés, éclairée à l’ancienne. On y trouve un lit sommaire, quelques outils nécessaires aux premiers soins, un respirateur artificiel, un défibrillateur, des perfusions ou encore des sondes d’intubation.
"Nous avons un équipement pour pouvoir faire face à tout type de situation, explique-t-il. Mais il s’agit ici de stabiliser, non pas d’opérer. L’opération se fait dans un centre hospitalier, où l’on emmène les blessés en cas d’urgence."
"Il faut pouvoir prendre les bonnes décisions au bon moment" (Jean-Yves Bauchu, chirurgien de la feria de Nîmes)
Avec son équipe, Jean-Yves Bauchu doit intervenir rapidement sur la piste, tout en étant conscient des risques. "Il ne faut pas aller trop vite. Vite et bien ne vont jamais ensemble en chirurgie. Il faut pouvoir prendre les bonnes décisions au bon moment".
Des blessures semblables aux blessures de guerre
Le docteur Bauchu a l’habitude de ce type d’interventions. Avant d’être le chirurgien de la feria, il a été chirurgien militaire. A 65 ans, il a maintenant une masse de cheveux blancs qui témoignent de son expérience passée.
Au fond de ses grands yeux marron brillants, on décèle une certaine émotion lorsqu'il parle de sa "reconversion". Aujourd’hui, il n’est plus sur les théâtres d’opérations de guerre mais dans une arène, mais c’est toujours le même combat. La différence n’est pas si grande entre la guerre et le combat des corridas.
"La corne est une arme blanche, un obus et une balle à la fois"
"La corne est à la fois une arme blanche, elle coupe comme un coup de couteau mais elle ne fait pas que ça. Elle éclate comme un éclat d’obus, elle transperce comme une balle". Aujourd’hui, il a un pied dans la retraite mais continue d’exercer en remplacement à l’hôpital.
Admiration pour les toreros
En parallèle, il met sa passion au service des ferias où il s’épanouit. "Je suis un chirurgien heureux aujourd’hui, dit-il en souriant. De belles pages ont été écrites dans cette infirmerie. Je pense à tous les gens que l’on a sauvés. A force de les côtoyer, j’ai lié de vrais liens d’intimité avec eux."
Jean-Yves Bauchu voue même une sorte d’admiration pour les toreros. "Ce sont des gens en bonne santé et en excellente forme physique, affirme-t-il. Ils aiment dominer le taureau, le combattre, mais avec une éthique, avec loyauté et noblesse. Ils ont une récupération exceptionnelle vis-à-vis de la blessure".
"Je suis l’homme dont ils ont besoin dans certaines situations. Mais dès que possible, ils m’oublient"
Il est devenu très proche de certains, même s’il a bien conscience d’avoir un rôle particulier dans leur vie. "Je suis l’homme dont ils ont besoin dans certaines situations, lâche-t-il. Tant qu’ils en sont au moment de la blessure, de l’hospitalisation, je suis leur confident. Mais une fois qu’ils en sont sortis, ils n’ont qu’un but, c’est de combattre à nouveau, et à ce moment-là, ils m’oublient", avoue-t-il.
Après vingt ans de corridas, Jean-Yves Bauchu n’est pas lassé mais il l’avoue lui-même, il vieillit. Dans quelques années, il passera définitivement la main à son successeur.
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