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Le député LR du Loir-et-Cher Guillaume Peltier épinglé au sujet du financement de ses micro-partis

Guillaume Peltier dans la tourmente : le député LR du Loir-et-Cher est épinglé dans une enquête fouillée publiée par Mediapart. Il aurait notamment fait travailler ses collaborateurs, payés par des fonds issus de l'Assemblée nationale et la Région Centre-Val de Loire, pour ses micro-partis.

Guillaume Peltier, à la Fête de la Violette le 19 septembre 2020 Guillaume Peltier, à la Fête de la Violette le 19 septembre 2020
Guillaume Peltier, à la Fête de la Violette le 19 septembre 2020 © Maxppp - Vincent Isore

Le député LR du Loir-et-Cher Guillaume Peltier, qui fut jusqu'en juin 2021 conseiller régional en Centre-Val de Loire (et chef de file du groupe d'union de la droite et du centre à la Région), est épinglé par une enquête de nos confrères de Mediapart, publiée dimanche soir. Que révèle-t-elle ? Les soupçons concernant l'ex numéro deux des Républicains sont, principalement, de trois ordres, et dessine ce que les journalistes du site d'investigation appellent "un système Peltier".

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Des collaborateurs chargés de travailler pour les micro-partis de Guillaume Peltier

D'abord, Guillaume Peltier, depuis son élection à l'Assemblée nationale en 2017, aurait fait travailler ses collaborateurs et collaboratrices, rémunérés sur fonds publics (soit venant de l'Assemblée, soit du groupe de droite et du centre au Conseil régional du Centre-Val de Loire) sur des tâches n'ayant rien à voir avec la mission d'accompagnement d'élus, mais "au service du destin personnel de Guillaume Peltier", indique Antton Rouget, journaliste à Mediapart (co-auteur de l'article, avec Sarah Brethes). 

Je devais appeler des gens pour vendre du Peltier"

Sur la foi de témoignages de neuf  anciens collaborateurs, de mails, de documents et de messages Whatsapp, Mediapart révèle que tous travaillaient "à 20, 30, 50, voire 80 %" pour les micro-partis fondés par Guillaume Peltier, et qui n'ont rien à voir avec ces mandats d'élu. Ces collaborateurs et collaboratrices (qui témoignent sous couvert d'anonymat) avaient pour mission d'engranger des adhésions aux Populaires et aux Amis de Guillaume Peltier et surtout d'en faire des donateurs et de récupérer des fonds. Une ex salariée du groupe UDC (union de la droite et du centre) au conseil régional du Centre-Val de Loire explique avoir dû effectuer de très nombreuses séances de "phoning" : sa mission était "d’appeler des gens comme on vend des Freebox mais là, c’était pour vendre du Peltier". Un autre collaborateur devait assurer la promotion du livre de Guillaume Peltier "Premier de Cordée" quand un autre assure avoir dû se rendre au Leclerc de Romorantin (Loir-et-Cher) pour y acheter tous les exemplaires de l'ouvrage, qui se vendait mal.

Ensuite, au sujet de ces micro-partis, Mediapart affirme que certains grands donateurs, qui versent jusqu'à 75000 euros par an et par personne ("ce qui peut faire des sommes conséquentes au final", estime Antton Rouget), "ont des liens privilégiés, et qui interrogent, avec l'élu Guillaume Peltier". Mediapart s'intéresse notamment à Thierry Roussel, qui vit entre la Suisse et le Loir-et-Cher, et repreneur d'une entreprise locale, Girard-Sudron, qui s'est reconverti dans l'éclairage public : concomitamment aux dons effectués par Thierry Roussel aux Populaires (7500 euros en 2017 et 7500 euros en 2018), "Guillaume Peltier  est devenu une sorte de VRP de l'entreprise Girard-Sudron, en la présentant à des élus, en lançant dans la communauté de communes dont il était alors le président (la Sologne des Etangs) un programme de rénovation de l'éclairage public. Et, ensuite, un certain nombre de marchés publics de communes de cette collectivité locale ont bénéficié à l'entreprise de Thierry Roussel".

Des pressions et un comportement malsain vis-à-vis de ses collaborateurs ?

Enfin, l'enquête de Mediapart fait état d'un "comportement inapproprié et malsain de Guillaume Peltier vis-à-vis de ses collaborateurs", explique Antton Rouget. "On dénombre un nombre incalculable de collaborateurs parlementaires depuis 2017, plus d'une vingtaine, sans doute plus. Plusieurs font état de dépressions, on est dans quelque chose de très rude et violent pour les équipes, ce qui explique le turn-over très important et le fait que les collaborateurs aient accepté de nous parler". Un ex collaborateur témoigne par exemple dans Mediapart : « Il fait travailler les gens 24 heures sur 24 et adore aussi demander des trucs le vendredi soir pour le lundi matin », et une autre explique avoir été contrainte de se rendre à la permanence de Guillaume Peltier pendant le premier confinement pour éditer des courriers de remerciements aux donateurs (seuls les déplacements pour motif impérieux étaient pourtant autorisés)

Constance de Pélichy également épinglée

Guillaume Peltier, sollicité par France Bleu Orléans, n'a pas donné suite à notre demande, tout comme Constance de Pélichy : la maire LR de la Ferté Saint-Aubin (Loiret), conseillère régionale en Centre-Val-de-Loire (réélue en juin dernier), proche de Guillaume Peltier, est elle aussi mise en cause par l'enquête de Mediapart. Elle aurait d'une part bénéficié du travail d'un collaborateur parlementaire du député du Loir-et-Cher qui aurait assuré sa communication, et d'autre part orchestré le travail de démarchage des adhérents et donateurs des micro-partis de Guillaume Peltier. Constance de Pélichy avait déjà épinglée dans une enquête du journal Le Monde en juin 2021.

Constance de Pélichy, maire (LR) de la Ferté Saint-Aubin
Constance de Pélichy, maire (LR) de la Ferté Saint-Aubin © Radio France - Antoine Denéchère

Interrogé par France Bleu Orléans, le procureur de la République de Blois Frédéric Chevallier affirme avoir pris connaissance de l'article de Mediapart mais ne souhaite pas communiquer à ce sujet ce mardi : "Il faut un temps d'analyse". 

Côté politique, le président socialiste de la Région Centre-Val de Loire François Bonneau, ne réagit pas, à ce stade, sur l'utilisation par Guillaume Peltier des fonds alloués par la collectivité au groupe d'opposition UDC durant le dernier mandat (2015/2021) : "Si une enquête judiciaire est ouverte, il se portera partie civile", précise-t-on toutefois à la Région Centre-Val de Loire.

Charles Fournier, élu écologiste issu du Loir-et-Cher et vice-président du conseil régional, lui, va plus loin : "si cela se confirme et si une enquête confirme que cela est vrai, c'est absolument scandaleux, c'est un détournement de l'argent public à des fins de carrière personnelle. Ce serait inacceptable. Et si cela se confirme, les accusations de mauvais traitement faits aux collaborateurs et collaboratrices sont tout aussi choquantes et inacceptables". Charles Fournier poursuit  : "moi en tant qu'élu régional, je veux que toute la lumière soit faite sur cette affaire, car nous, dans notre groupe politique, on s'astreint à un usage extrêmement précis selon les règles fixées, et si d'autres ne le font pas, ça jette l'opprobre sur la vie politique".

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