Le gilet jaune blessé samedi à Charleville-Mézières a perdu son œil
Olivier Fostier, 49 ans, a été touché par un projectile lors d'une manifestation des gilets jaunes à Charleville-Mézières, samedi 23 mars 2019. Après 5 jours d'hospitalisation, le verdict est tombé : son œil droit ne recouvrera pas la vision. Le gilet jaune compte porter plainte.

Le gilet jaune blessé lors de la manifestation du samedi 23 mars 2019 à Charleville-Mézières a perdu son œil. Responsable départemental du parti « Les Patriotes » dans les Ardennes, cet homme de 49 ans assure avoir toujours défilé pacifiquement. Il en est sûr : sa blessure provient des forces de l'ordre. « Un tir de flash-ball ou une grenade de désencerclement »
Comme c'est régulièrement le cas depuis le 17 novembre 2018, la manifestation des gilets jaunes du 23 maris est le théâtre de dégradations et de confrontations avec les forces de l'ordre. Le préfet des Ardennes déplore, une nouvelle fois, des jets de projectiles et de pétards.
Le jour où tout a basculé
Rue Forest, 16h30, gendarmes et policiers protègent l'avenue Jean-Jaurès qui conduit au commissariat. Olivier Fostier ne voit pas d'où provient le tir qui le blesse, mais il est certain que les forces de l'ordre en sont l'auteur. «Un habitant à sa fenêtre a pris à partie des manifestants qui, apparemment, l'ont insulté. Peut-être que les policiers cherchaient à disperser ce groupe », témoigne le gilet jaune blessé. Lui assure avoir toujours défilé pacifiquement, sans se livrer à un quelconque délit.

J'étais au mauvais endroit au mauvais moment » - Olivier Fostier, gilet jaune blessé
Les sapeurs-pompiers transportent le blessé vers l'hôpital Manchester de Charleville-Mézières. Il est ensuite évacué vers le CHU de Reims où il restera hospitalisé 5 jours. Le gilet jaune se retrouve mutilé à vie : « L'oeil droit est fichu et plusieurs opérations auront lieu pour éviter un affaissement de la face car l'os qui soutient l'orbite est fracturé ».
Les jours d'après
Ancien militaire, Olivier Fostier n'en veut pas aux forces de l'ordre. « La police exécute les ordres, ce qui est normal. Leur sécurité était peut-être mise en jeu à un autre endroit du défilé, je ne saurais pas dire ».
Responsable départemental du parti Les Patriotes, c'est surtout vers le gouvernement que se dirige la rancoeur du gilet jaune meurtri dans sa chair. « Pourquoi attendre encore le 8 avril pour annoncer des mesures qui, peut-être, ne vont pas satisfaire les gens ? On a l'impression qu'on laisse couver la cocotte-minute »
Mobilisé depuis le 17 novembre, Olivier Fostier ne remettra pas un pied dans une manifestation immédiatement : « J'appelle les gens qui avaient l'esprit de vengeance à se mobiliser massivement, dans une attitude pacifique et respectueuse des choses et des valeurs de nos communes ».
Olivier Fostier compte porter plainte. De son côté, la police assure que rien ne permet pour l'instant de déterminer avec certitude ce qui est à l'origine de sa blessure. Depuis le début du mouvement des Gilets jaunes dans les Ardennes, la Préfecture dénombre 35 blessés dont 23 fonctionnaires des forces de sécurité.