Le Mans : une centaine de proches de Curtis Germain rassemblés pour une marche blanche
Un an après le meurtre de Curtis Germain, un jeune homme de 25 ans issu de la communauté des gens du voyage, une centaine de personnes ont défilé dans les rues du Mans, jeudi 26 décembre. Une marche blanche, au son des cantiques, en souvenir de ce jeune Sarthois.

Les chants religieux résonnent avenue du Général Leclerc, au Mans, entre la gare et la préfecture, ce jeudi après-midi. Le son s'échappe d'un haut-parleur tiré par l'un des hommes qui participent à la marche blanche en hommage à Curtis Germain. Ce Sarthois de 25 ans, issu de la communauté des gens du voyage, a été tué par balle, il y a un an jour pour jour, à Longpont-sur-Orge, en Essonne. Une centaine de personnes, vêtues pour la plupart de tee-shirts blancs arborant une photo du jeune homme sous-titrée d'un "Justice pour Curtis", se rassemblent à l'appel de son frère cadet, Kévis. La veille, il annonçait que 500 personnes seraient présentes. Leur nombre réduit s'explique par la distance à laquelle habite chacun, la période des fêtes de fin d'année, mais aussi par "la peur des représailles", selon son petit frère de 20 ans, Stony.
Pendant la marche, leur mère, soutenue par son mari et d'autres membres de la famille, crie : "Je t'aimerai toujours mon fils. Tu seras toujours dans mon cœur." Un voisin, Michel, est venu avec sa petite-fille qui pleure à chaudes larmes. Il ne fait pas partie de la communauté des gens du voyage, mais il voulait être là pour soutenir la famille en deuil. Pour lui cette marche blanche a été "jolie, dans le calme, la sérénité, mais ça marque terriblement".
Une minute de silence à l'heure précise de sa mort
Arrivé devant la préfecture, le cortège fait une halte devant le monument aux morts. Kévis diffuse le prêche d'un pasteur sur la valeur de la vie. Il annonce ensuite qu'une minute de silence se fera à 14h17. Le cadet de la famille Germain tient à cet horaire. C'est l'heure précise à laquelle son frère a perdu la vie, à l'hôpital du Kremlin-Bicêtre (Val de Marne), quelques heures après avoir été touché d'une balle dans la tête. Les proches, les amis, les voisins déposent des roses blanches devant une grande banderole "Justice pour Curtis". La mère du disparu s'effondre dans les bras de Kévis.
Son père se tient droit, le visage fermé. Alexis Germain refait à peine surface, un an après la mort de son fils aînée. "Deux fois, j'ai voulu me suicider et dans ma tête ça ne va plus du tout" , explique-t-il. Le patriarche a passé deux jours à l'hôpital psychiatrique d'Allonnes suite à l'une de ses tentatives de suicide. Seul réconfort : "Je vois que les gens sont avec moi et ça fait du bien." Il continue de se battre jusqu'au procès du meurtrier de son fils - le père de la femme de Curtis - qui aura lieu en novembre 2020. Cet homme sera jugé pour assassinat et tentative d'assassinat contre Kévis et son père. "On essaie de survivre. Le cœur n'y est plus, mais on vit pour nos trois enfants qui restent."