Le président du tribunal de Tours : "on atteint nos limites d'organisation avec une maison d'arrêt de 1930"
Le président du tribunal et le procureur de Tours alertent une fois de plus sur la surpopulation carcérale en Indre-et-Loire. La maison d'arrêt de Tours affiche régulièrement un taux d'occupation de plus de 180%.
Il faut, aussi vite que possible, un nouveau centre de détention à Tours : c'est le constat commun fait ce mardi par le président du tribunal de Tours, Christophe Régnard, et par le procureur de la République, Grégoire Dulin, réunis pour tirer le bilan d'activité de l'année 2020. Depuis plus d'un an, ils ont alerté le gouvernement et demandent la création d'un nouveau centre de détention, plus grand. La surpopulation carcérale est un problème récurrent, à Tours.
"Alors que la population de notre département ne cesse d'augmenter, nous avons une maison d'arrêt de 1930 avec la capacité de 1930". Christophe Régnard
Le président du tribunal de Tours craint que la situation ne devienne ingérable à plus ou moins brève échéance : "on prononce beaucoup de Travail d'Intérêt Général et on utilise beaucoup le bracelet électrique. On a une politique d'aménagement des peines très importante mais là on a atteint nos limites d'organisation et ça commence à poser des difficultés pour le suivi des détenus et pour leurs familles. Hier, il y avait 209 détenus pour seulement 119 places dans le quartier des hommes adultes". Ce taux d'occupation de 176% est confirmé par la Direction Interrégionale de l'Administration Pénitentiaire, à Dijon, qui précise tout de même que si on tient compte des places dans le quartier des mineurs et en semi-liberté, on arrive à 223 détenus hébergés à Tours, ce qui ramène le taux d'occupation à 154%.
Christophe Régnard souligne tout de même que, pour l'instant, il n'y a pas de matelas par terre dans certaines cellules, contrairement à ce qui se passe dans d'autres établissements. L'administration pénitentiaire a en effet mis en place un transfèrement massif de détenus vers d'autres établissements de la région.
Près de la moitié des places du quartier de semi-liberté inutilisables à cause du Covid
"On a un quartier de semi-liberté trop petit, à Tours" précise Grégoire Dulin, le procureur de Tours. "On a 16 places, 9 sont occupées car les autres places servent à la prévention Covid des détenus. Or, la semi-liberté est un dispositif très intéressant pour préparer la réinsertion. Le détenu peut sortir travailler dans la journée et revenir dormir en prison. C'est un bon moyen de se réadapter socialement. Il faut penser une nouvelle structure, en Indre-et-Loire, pour permettre cette réinsertion des détenus". Pour autant, pour l'instant, le ministère n'a pas en projet d'agrandir le centre de détention existant ou d'en construire un autre.
"Ce sont des projets de longue haleine : nous devons nous saisir du dossier aujourd'hui pour espérer que, dans dix ans, il y ait une nouvelle prison à Tours". Grégoire Dulin
Et outre la création d'un nouveau centre de détention, le procureur et le président du tribunal demandent aussi l'implantation en Touraine d'un établissement de placement éducatif pour mineurs délinquants, des jeunes qui me méritent pas la prison mais ont besoin d'un suivi social fort. Pour l'instant, ces mineurs sont envoyés à Bourges : ça les coupe de leur famille et des éducateurs qu'ils connaissent et c'est parfois contre-productif.