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Le procès d'Éliane Deschamps pour "dérives sectaires" s'est ouvert à Dijon

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Le procès d'Éliane Deschamps soupçonné de dérives sectaires s'est ouvert ce lundi 22 novembre 2021 devant le tribunal correctionnel de Dijon. La fondatrice de l'association "Amour et Miséricorde", est poursuivie pour abus de faiblesse.

La cité judiciaire à Dijon La cité judiciaire à Dijon
La cité judiciaire à Dijon © Radio France - Marion Bargiacchi

C'est un procès très attendu qui s'est ouvert ce lundi 22 novembre 2021 au tribunal correctionnel de Dijon : celui d'Éliane Deschamps, la fondatrice de l'association "Amour et Miséricorde". Elle est poursuivie pour abus de faiblesse. 

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Ce procès s'annonce "long et fastidieux", ce sont les mots de la présidente du tribunal ce  lundi matin, lors de la lecture de l'arrêt de renvoi. Dans cet arrêt, la présidente a fait état de témoignages "qui évoquent le sentiment de soumission, des menaces, des prières répétées de manière mécanique." 

La gourou Éliane Deschamps, assure que la Vierge lui apparaît tous les 15 du mois à 00h06. "De nombreux témoignages" font apparaître des "dévoiements", a déclaré la présidente du tribunal, Odile Legrand, en entamant la lecture d'un résumé de l'arrêt de renvoi, un épais dossier de sept tomes, réuni sur près de vingt ans par trois juges d'instruction successifs.

Pressions et menaces : des adeptes "placés sous dépendance" 

"La servante", telle que la prévenue était surnommée, "s'appropriait" des bijoux ou des biens immobiliers et recevait des "sommes importantes" d'adeptes. Elle pratiquait des "punitions et des privations alimentaires", "embrigadait" ses adeptes réduits à un état d'"obéissance absolue". Une adepte affirme même avoir été interdite d'accoucher sous péridurale. Se disant "esclaves", des membres ont affirmé avoir eu "obligation de recopier des textes religieux" et subi des "pressions et menaces" pour ne pas démissionner. Les adeptes étaient "placés sous dépendance" et rompaient "tout lien" avec leur famille, poursuit la présidente du tribunal sous le regard impassible de la prévenue, assise dans un fauteuil roulant et reliée à une bouteille d'oxygène. À ses côtés, comparaît son complice présumé Daniel Delestrac, 75 ans, ancien membre de l'Église de scientologie et poursuivi des mêmes chefs.

"Elle m'a accusé d'être un suppôt de Satan" - Magali, la fille d'Éliane Deschamps 

Les parties civiles présentes pour cette audience sont au nombre de neuf, et parmi elles, Magali Breux fille la fille d'Éliane Deschamps. 

Magali Breux, la fille d'Éliane Deschamps ce lundi 22 novembre 2021 au tribunal correctionnel de Dijon.
Magali Breux, la fille d'Éliane Deschamps ce lundi 22 novembre 2021 au tribunal correctionnel de Dijon. © Radio France - Thomas Nougaillon

Magali Breux parle de sa mère en l'appelant par son prénom et non par le terme "maman", "j'ai souffert", "j'étais perdue", "qu'est-ce que j'avais le droit de faire ou pas" dit-elle des sanglots dans la voix à la limite de pleurer. "Je n'avais pas le droit de me taire parce qu'il y avait d'autres personnes" dans cette communauté. Elle évoque des courriers destinés à d'autres personnes qui arrivaient chez Éliane Deschamps. Elle faisait un tri et il ne fallait pas donner les courriers, cartes postales émanant de la famille.

Dans ces courriers, rien de mal contre la communauté, c'était du style : "je t'aime", "je pense à toi". La présidente demande "si vous ne respectiez pas les règles édictées par votre mère et si vous aviez distribué ce courrier, que ce serait il passé ?", "j'aurais été exclue pour une période donnée".

"Elle m'a accusée d'être un suppôt de Satan, elle m'a accusé d'avoir eu des relations sexuelles avec le mari d'une amie, ce qui était faux, elle a passé la nuit à me crier dessus, une autre fois" raconte encore la fille de la prévenue à la barre. "Elle m'a dit que c'était de ma faute si ma sœur avait eu un accident de voiture et s'était retrouvée dans le coma" détaille-t-elle.

 Maître Rodolphe Bosselut du barreau de Paris, est l'un des avocats des parties civiles, à Dijon ce lundi 22 novembre 2021,
Maître Rodolphe Bosselut du barreau de Paris, est l'un des avocats des parties civiles, à Dijon ce lundi 22 novembre 2021, © Radio France - Thomas Nougaillon

Magali décrit son quotidien : quinze personnes autour d'une table, des gens qui viennent manger, pas de chambre pour elle toute seule et personne pour lui demander comment s'est passée sa journée à l'école, prendre des nouvelles. Elle décrit tout le mal qu'elle a eu à porter plainte, chaque fois les gendarmes lui disaient que sa plainte n'était pas recevable, elle a dû se rendre à l'hôtel de police place Suquet, à Dijon, pour enfin pouvoir être entendue, dit-elle.

Magali explique s'en être sortie grâce au soutien des personnes ayant réussi à s'extirper de cette communauté, mais aussi des familles des gens qui en faisaient toujours parties.

Des soutiens d'Éliane Deschamps présents

Maître Didier Pascaud, avocat au barreau de Dijon et conseiller d'Éliane Deschamps, ce lundi 22 novembre 2021.
Maître Didier Pascaud, avocat au barreau de Dijon et conseiller d'Éliane Deschamps, ce lundi 22 novembre 2021. © Radio France - Thomas Nougaillon

Sur place ce lundi matin, plusieurs soutiens d'Éliane Deschamps se sont réunis autour de l'avocat de la défense. Aucun d'entre eux n'a souhaiter s'exprimer au micro de France Bleu Bourgogne. Ces soutiens devraient être entendus ce mardi 23 novembre  selon nos informations.

Ces soutiens d'Éliane Deschamps, ici devant la salle du tribunal en discussion avec l'avocat de la défense.
Ces soutiens d'Éliane Deschamps, ici devant la salle du tribunal en discussion avec l'avocat de la défense. © Radio France - Thomas Nougaillon

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