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Loiret : quand des médecins abusent sexuellement de leurs patients
ENQUÊTE FRANCE BLEU ORLÉANS - C'est un sujet tabou, et pourtant, c'est une réalité. Chaque année des femmes et des hommes sont agressés sexuellement par leur médecin. Dans le Loiret, ce sont en moyenne deux à trois cas qui sont signalés chaque année.

C'est un sujet extrêmement tabou dont on ne parle que trop rarement. Généralement, lorsque l'on se rend chez son médecin, c'est pour être soigné. Difficile de croire que dans certains cas, le praticien abuse de sa position pour agresser sexuellement ses patientes et patients. Pourtant, cela arrive.
Chaque année, ce sont en moyenne deux à trois cas qui arrivent sur le bureau du docteur Christophe Tafani, le président du Conseil de l'Ordre des médecins dans le Loiret. Pour autant, ce chiffre pourrait bien être en dessous de la réalité. Les patients et patientes ne prennent pas toujours la parole analyse le Dr Tafani : "Nous, ce qui nous frappe toujours dans ces affaires, c'est la grande souffrance des patients et patientes qui viennent nous voir pour nous signaler ces faits. Donc on peut supposer que certaines patientes ont du mal à passer le cap et à nous écrire."
Baiser, palpations, photos et pénétrations...
Ces violences recouvrent un champ très large. Elles vont d'un baiser fait par surprise sur la joue d'une patiente jusqu'à la pénétration avec une sonde gynécologique qui dépasse largement le cadre de l'examen médical. Mais ce n'est pas tout : "Il y a des palpations des seins qui n'apparaissent pas toujours logique, des palpations des fesses et des organes génitaux. On a eu des cas où le docteur faisait prendre des positions étonnantes à la patiente."
"Il n'y a aucune raison d'avoir des plans larges [...] du sexe d'une patiente."
De la même manière, un médecin du Loiret a été radié en 2018 pour avoir pris des photographies intimes de ses patientes : "C'était pour des raisons soi-disant médicales. Parfois on prend des photos pour demander l'avis d'un confrère, par exemple. Mais on cible sur le bouton qui pose problème. Il n'y a aucune raison d'avoir des plans plus larges sur cette zone là. Le dermatologue n'a pas besoin d'avoir une photo du sexe de la patiente." Il poursuit : "Des clichés médicaux on en a tous ! Mais quand vous feuilletez une revue de dermato, à aucun moment vous n'avez l'impression de feuilleter une revue porno."
Des médecins activement surveillés
Toute la difficulté, c'est que les patients ont parfois du mal à se rendre compte que le médecin est allé trop loin et que ses gestes ne relève plus de l'examen clinique. C'est pour ses raisons que le Conseil de l'Ordre encourage toutes les victimes à dénoncer ce type d'agissements.
Ensuite, une fois le signalement effectué, la victime sera incitée à déposer une plainte auprès du Conseil de l'Ordre ou à saisir la justice. Dans les faits, peu entameront une procédure. Mais dans tous les cas, le médecin visé sera convoqué et activement surveillé. Mais peut-on reprocher à l'Ordre de ne pas prendre les devants et saisir lui-même la justice ? Question délicate pour son président : "Nous sommes tenus de le faire, c'est l'article 40 du code pénal . Mais nous avons besoin des plaignants pour appuyer nos dires et nos plaintes. C'est très difficile d'aller devant une chambre disciplinaire sans que la patiente ne soit là, sans pouvoir étayer."
Pas assez de formation
En revanche, lorsque l'agression sexuelle est avérée, en cas de condamnation au pénal par exemple, le médecin est systématiquement radié.
Mais certains estiment qu'il faudrait agir plus en amont. Pour le Dr Tafani ce tabou a encore besoin d'être brisé : "Entre médecins on n'en parle jamais. Mais c'est parce que pour nous, un patient est un patient. On parle de leurs problèmes, et de rien d'autre." De la même manière, ces questions ne sont pas forcément évoquées durant les études de médecine. Alors faut-il plus de formation ? Oui, répond sans hésiter le Conseil de l'Ordre.
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