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Malmenée par un patient, une médecin orléanaise fait part de son inquiétude et de sa colère
Victime d'une agression dans son cabinet, une médecin du quartier de l’Argonne à Orléans, est encore sous le choc une semaine après les faits. Elle n'a pas pu porter plainte et fait part de son désarroi.

Depuis une semaine, le docteur Naïma Bouraki va travailler la peur au ventre. "Je suis tétanisée, tous les soirs je me fais accompagner à ma voiture par ma femme de ménage, de peur qu'on m'agresse sur le parking", témoigne cette professionnelle de santé. Lundi 22 novembre, dans son cabinet à la maison de santé de l'Argonne, elle a eu "la peur de [sa] vie" lorsqu'une patiente et deux membres de sa famille s'en sont violemment pris à elle.
Des cris et de violents coups de poings et de pieds sur une porte fermée, qui mène à son cabinet. "Je pense que cette porte m'a protégée. Si je n'avais pas eu le temps de la fermer, je pense que c'est moi qui aurais reçu les coups de ce monsieur." La scène dure environ 45 minutes, jusqu'à l'arrivée de la police, qui somme aux trois individus de quitter les lieux. Le tout, au milieu de la salle d'attente, devant des patients, des enfants et les secrétaires de cette maison de santé.
A l'origine de cette scène de violence, que nos confrères de La République du Centre avaient raconté mercredi dernier : une question sur la vaccination contre le Covid-19. Lors d'une consultation, le docteur Bouraki propose à sa patiente, une sexagénaire diabétique, de faire sa dose de rappel. Elle refuse. "Dans ces cas là, on a appris à ne plus argumenter, si le patient ne veut pas, il ne veut pas", explique la médecin orléanaise. "Je lui explique que je note cette information dans son dossier médical. Elle ne voulait pas que je le fasse." Son fils et son neveu sont ensuite venus au cabinet pour réclamer le retrait de cette information du dossier de la patiente.
Impossibilité de porter plainte
Depuis cette altercation, son sentiment d'insécurité au travail est renforcé par son impression de "ne pas être soutenue par les autorités". Car deux jours après les faits, le docteur Naïma Bouraki est allée porter plainte. "On me dit : pas d'atteinte aux biens, pas d'atteinte à personne, circulez, il n'y a rien à voir", se souvient-elle. Autrement dit, les autorités ne peuvent pas prendre sa plainte.
Je n'ai pas eu l'impression d'avoir été entendue dans cette trouille que j'ai, dans la détresse psychologique dans laquelle je suis - Dr. Naïma Bouraki
"Nous n'avons pas pris de plainte car il n'y a pas d'infraction vraiment constituée", explique Thierry Guiguet-Doron, directeur départemental de la sécurité publique. "Il s'agit d'une altercation, pas de violences." "La prochaine fois je laisserai la porte ouverte, je me ferai casser la figure, et là je pourrai aller porter plainte", poursuit Naïma Bouraki.
Elle a été reçue une seconde fois, pendant plus d'une heure, au commissariat de l'Argonne, par le commissaire général. "J'aurais simplement aimé que ces personnes aient un rappel à la loi, parce qu'on ne règle pas ses problèmes avec ses poings."
Avant, la maison de santé était un lieu ouvert, petit à petit, on se transforme en bunker - Dr. Naïma Bouraki
"On travaille soixante heures par semaine, c'est pour être traité de cette façon ?" s'interroge le docteur Bouraki. C'est la deuxième agression dont elle est victime dans son cabinet, à l'Argonne. Après cette première altercation il y a quelques années, le niveau de sécurité a été augmenté dans la maison de santé. "Avant, la maison de santé était un lieu ouvert, petit à petit, on se transforme en bunker", décrit-elle. "La prochaine étape c'est quoi ? On va mettre un vigile ?"
Ce jeudi, elle a mis fin à ses consultations le temps d'une journée, trop bouleversée pour exercer, explique-t-elle. Malgré tout, elle ne compte pas quitter son poste. "J'ai 2.500 patients, je ne vois pas pourquoi je pénaliserais les 2.499 autres." Le docteur Bouraki est soutenue par le président départemental de l'Ordre des médecins, Christophe Tafani.
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