Manifestation à Dijon : mais où était la police ?
De nombreux actes de vandalisme ont émaillé la dernière manifestation contre la loi travail dans les rues de Dijon jeudi. Et ces actes de vandalisme ont été réalisés sans réaction de la part de la police, étrangement invisible autour du cortège. A en croire les autorités, pourtant, elle était là.

Cibles des manifestants cagoulés, les responsables des banques, des sociétés de transports, ou les employés des bâtiments publics n'ont pu que constater, impuissants, les dégâts après le passage de ces individus tranquillement installés en tête du défilé.
Banques, sociétés de transports et bâtiments publics ciblés
Les stigmates de la manif ont très vite disparu, effacés par les agents de la ville dès jeudi soir. Mais il y a tout de même ces distributeurs de billets en panne rue de la Préfecture ou boulevard de la Trémouille ; et puis cette vitre brisée sur la boutique d'un opérateur téléphonique rue de la liberté. A quelques pas de là, l'entreprise concurrente a été épargnée, et selon Julie une conseillère, ce n'est pas grâce à la police.
On n'a quasiment pas vu la police, ni avant, ni après.
"On ne l'a quasiment pas vu", confirme la jeune femme. "Ni avant, ni après d'ailleurs, c'est aussi pour ça qu'on a eu un peu plus peur que d'habitude, parce qu'ils (les individus cagoulés, ndlr) faisaient ce qu'il voulaient ! Et quand on remonte la rue de la liberté jusqu'à la place Darcy, on voit bien que ç'a été un carnage du début à la fin. Sur les trois premières colonnes de la manif, ils se sont tous cagoulés d'un coup, et là on a compris qu'ils voulaient en découdre. Cette fois c'est la boutique à côté qui s'est fait cassé sa vitre mais la dernière fois on a eu des tags."

Des flics en civil et des enquêtes en cours
Une chose est sûre : aucune rue n'a été barrée sur le parcours de la manif, et les individus cagoulés ont pu tranquillement taguer les façades, sans jamais être inquiétés. Tiphaine Pinault, la directrice de cabinet de la préfète de région, affirme que les effectifs étaient les mêmes que le 9 avril pour la dernière manifestation : Je crois qu'il faut arrêter avec le fantasme sur la présence policière ou les consignes qu'on pourrait donner de ne pas intervenir. Ce sont 70 policiers nationaux qui étaient mobilisés pour cette manifestation, ils sont intervenus quand ils ont pu le faire, mais vous comprenez que dans des rues étroites, avec du public de manifestants sincères, mélangés à des personnes qui sont là pour provoquer des dégradations, la police module son intervention selon le contexte. Je rappelle que lors de la précédente manifestation il y a eu 21 interpellations, donc il n'y a pas eu de mot d'ordre à Dijon de ne pas intervenir lorsqu'il y a des dégradations."
Contacté par téléphone, Christian Perret du syndicat SGP Police confirme :_ "Bien sûr que les collègues étaient là, il y avait sans doute une trentaine d'agents en civil. Et les enquêtes sont en cours pour savoir qui a taguer quoi et à quel endroit." _Voilà pourquoi la procureure de la République Marie-Christine Tarrare fait savoir que si aucune interpellation n'a eu lieu lors de la manifestation, "ça ne signifie pas qu'il n'y en aura pas".