Meurtre de Luc Meunier à Grenoble en 2008 : la cour d'appel confirme la peine pour le médecin psychiatre
En 2008, un schizophrène poignarde mortellement un passant au hasard, cours Berriat à Grenoble. Ce mardi le psychiatre de l'Hôpital de Saint-Egrève (Isère) qui l’avait laissé sortir a vu sa peine de 18 mois de prison avec sursis confirmée par la Cours d'appel.

Le docteur Lekhraj Gujadhur, psychiatre, a été à nouveau condamné ce mardi par la Cours d'appel de Grenoble à 18 mois de prison avec sursis, pour homicide involontaire dans l'affaire Luc Meunier. Cet étudiant de 26 ans avait été poignardé à mort en 2000 Cours Berriat à Grenoble par Jean-Pierre Guillot, malade schizophrène soigné à l'hôpital de Saint-Égrève (Isère) et qui bénéficiait ce jour-là d'une permission de sortie de la part du praticien, dans un parc de l'hôpital ni surveillé ni fermé.
Jean-Pierre Guillot, âgé de 56 ans à l’époque, en avait profité pour prendre le bus, se rendre en centre-ville de Grenoble et acheté un couteau avec lequel il a frappé le premier passant venu. L'homme ayant été déclaré irresponsable la famille de Luc Meunier, qui voulait que "ça ne se reproduise pas", avait alors attaqué le médecin. Elle se dit aujourd'hui "soulagée" de cette décision de la cour d'appel qui, elle l'espère, marquera un point final à l'affaire. "C'est 10 ans d'un long combat, explique Me Hervé Gerbi, dorénavant les choses ne seront plus comme avant. Cette affaire a modifié la loi sur la psychiatrie et ce jugement aujourd'hui [...] ce que nous attendons c'est qu'il déclenche un changement de comportement des médecins psychiatres, qui doivent à la fois lier maintenant le soin et la question de la dangerosité".
"Je suis médecin... pas administration pénitentiaire" réplique la défense du docteur Gujadhur, qui évoque un homme "qui a cessé d'exercer la médecine" , qui est "très en souffrance". Me Jean-Yves Ballestas explique qu'il va "probablement" se pourvoir en cassation. Pour le principe plus que pour le quantum de la peine. Parce que cette décision va selon lui provoquer chez les médecins des décisions "d'enfermement définitifs" pour ces pathologies. "Je suis en contact avec beaucoup de médecins qui me disent on prend ce risque, de ne pas enfermer, tous les jours. Aujourd'hui on ne va plus le prendre si il y a une condamnation de cette nature (pénale)". "Donc on retourne à une psychiatrie prison. Ça remet en cause tout ce qui a été mis en oeuvre depuis 15 ans sur ce type de maladie".