Passage à tabac d'un producteur de musique : comment sont contrôlés les policiers ?
Après la pluie de coups donnés par plusieurs policiers à un producteur de musique dans son studio parisien, l'IGPN se retrouve à nouveau saisie d'un dossier de violences policières.
Le sigle s'est désormais répandu dans les conversations. L'IGPN, pour Inspection Générale de la Police Nationale, se retrouve à nouveau sollicitée par les autorités après le déchaînement de violence de plusieurs policiers contre un producteur de musique dans le XVIIe arrondissement de Paris. Après avoir fait le tour des réseaux sociaux, les images sont désormais entre les mains de "la police des polices".
L'examen des vidéos est d'ailleurs devenu un incontournable de l'activité de l'IGPN. Contrairement à ce que l'on peut parfois croire, l'institution n'a pas vocation à sanctionner, mais à enquêter autour des faits, écouter les témoignages, examiner les éléments à sa disposition avant de rendre ses conclusions. Si elle fait parler d'elle lors de soupçons de violences volontaires, elle est également en charge des dossiers de comportements inappropriés sur le lieu de travail, comme le harcèlement ou l'état d'ébriété.
Une plateforme de signalement ouverte en 2013
Saisie soit par les magistrats (enquêtes judiciaires), soit par la hiérarchie policière comme le ministre de l'Intérieur ou le préfet de police (enquêtes administratives), l'IGPN ne fait que leur proposer, à l'issue de l'enquête, des sanctions à appliquer. Au choix ensuite des commanditaires de suivre les propositions, voire de déposer plainte contre les policiers. Ce rôle punitif lui vaut d'ailleurs d'être surnommée "les boeuf-carottes" par les forces de l'ordre, en rapport avec la longueur des interrogatoires qui laisserait "mijoter" les personnes interrogées.
Une plateforme de signalement a également été ouverte en 2013 pour permettre au grand public de signaler certains comportements. Sur 4792 demandes en ligne en 2019, la police des polices a détecté 59 cas de manquements déontologiques ou professionnels.
Un bond des enquêtes judiciaires en 2019
Dans son dernier rapport relatif à l'année 2019, l'IGPN explique avoir été saisie 1460 fois par la justice, un chiffre en augmentation de 23,7% par rapport à 2018, une conséquence des violences policières en réponse à la mobilisation des gilets jaunes. Quelques policiers avaient ainsi été condamnés pour des tirs de LBD à la tête ou encore pour un croche-pied effectué sur un manifestant.
Mais l'institution n'échappe pas aux feux des critiques, puisque ses membres sont des policiers... qui enquêtent sur des policiers. Depuis plusieurs années, certains réclament une réforme en profondeur de l'IGPN pour faire face au risque de corporatisme. Une mesure qui n'est pas au calendrier du ministère de l'Intérieur à l'heure actuelle.