Pau : pas de procès pour le cannibale de Nouilhan

Jérémy Rimbaud, celui qu'on a surnommé le cannibale de Nouilhan, devrait être déclaré irresponsable. Le 14 novembre 2013, ce jeune homme de 27 ans avait tué à coups de barre de fer un agriculteur de 90 ans. Il avait ensuite mangé son coeur et sa langue. Depuis, cet ancien militaire de retour d'Afghanistan est hospitalisé à l'hopital psychiatrique de Cadillac. La juge demande l'avis définitif de la chambre de l'instruction de la cour d'appel de Pau pour déclarer Jérémy Rimbaud irresponsable.

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Schizophrénie intense

Jérémy Rimbaud a été soumis à l'expertise de deux collèges de psychiatres. Les deux ont déclaré l'abolition totale de son discernement au moment des faits. Jérémy Rimbaud souffre d'une forme très intense de schizophrénie, avec bouffées délirantes. Il entendait des voix, et surtout il était sujet à des délires interprétatifs. C'est à dire que dans les jours d'errance qui ont précédé le meurtre de ce vieil homme, Jérémy Rimbaud était guidé par sa façon de percevoir son environnement : la forme des arbres, la forme des panneaux indicateurs. Il a quitté son appartement après avoir sur-interprété la couverture d'un DVD de dessins animés pour enfant "Alvin et les chipmunks". Plus tard, il a trouvé par terre un recueil de "sudoku". Il en a déduit qu'il devait prendre la direction du Nord.

Roland Coutanceau est un des experts qui a examiné Jérémy Rimbaud. Il fait autorité sur le sujet de la psychiatrie légale en France. Il ne peut pas parler du cas Jérémy Rimbaud avant ce procès devant la chambre de l'instruction, mais il explique ce qu'est l'irresponsabilité pénale d'un fou.

Délirer c'est sortir de la réalité. C'est pas si facile que ça de faire le fou — Le Pr Coutanceau expert psychiatre

Pas de procès d'assises, mais un procès quand même

C'est l'application d'une loi écrite après l'affaire Romain Dupuy et le double meurtre du CHP de Pau. Désormais, un juge d'instruction ne peut plus décider seul d'un non lieu psychiatrique. C'est à la chambre de l'instruction de le faire.  Elle va donc organiser un procès qui débouchera forcément sur l'irresponsabilité pénale de Jérémy Rimbaud. Mais disons qu'on y met les formes. Cette audience va évoquer les faits, ce qui est important pour les victimes et parties civiles. Et aussi de mettre en place ce que l'on appelle des mesures de sureté. Jérémy Rimbaud restera dans une Unité pour Malades Difficiles, c'est à dire enfermé dans un hôpital psychiatrique. Et si plus tard on veut envisager sa sortie, la justice aura son mot à dire et demander une expertise psychiatrique. Elle peut également décider, au moment de la sortie, des mesures de suivi : par exemple, une obligation de soins, l'interdiction de détenir une arme ou de fréquenter une ville ou en département.

C'est important pour les victimes d'avoir la vérité sur ce qui s'est passé.

— Le procureur